Comme un hiver en Grèce

Lison a perdu une dent ce matin. Elle nous montre son sourire édenté fièrement. Y a-t-il une petite souris en Grèce ? Ou une fée des dents ?

Mardi 11 février 2020. J225. Plage de Zavia, Syvota, Grèce. Hier soir, nous n’avions aucune idée de la beauté des lieux. L’ouverture du rideau du salon sera accompagnée d’un profond wwaaaoouuuuhhh. Quelle chance de découvrir comme ça des lieux si beaux, juste en ouvrant son volet. Nous sommes à un mètre au dessus d’une petite plage encadrée de collines arborées et à l’horizon se distinguent deux montagnes perdues dans la brume matinale qui se lèvera doucement. Très vite, nous pourrons ouvrir la fenêtre, il fait très bon ce matin.

Non, en Grèce il faut jeter sa dent sur le toit de sa maison, un corbeau vient la chercher et y dépose une dent en fer à la place. L’histoire n’enchante pas Lison. C’est la troisième fois qu’elle perd une dent depuis le début de la Carapate, à chaque fois nous avons respecté les coutumes locales, aux Pays-Bas et en Slovénie, mais ici…

Capucine a une idée. Elle appelle la petite souris française et lui demande d’embarquer dans la valise de la marraine de Lison qui vient nous voir dans quelques jours. L’imagination est une belle solution !

L’école ?

Capucine s’empresse. Elle a envie d’être dehors pour faire l’école. Elle installe la table pliable. Un tronc d’arbre échoué lui servira de banc. Faire de la grammaire les pieds dans le sable. Elle est pas belle la vie ? D’ailleurs, en 5 mois d’école, le programme de grammaire de CM2 est terminé. Mais on ne va pas arrêter d’en faire pour autant, on reprend le cahier au début et on passe aux exercices de difficulté 2 et 3 étoiles.

Du côté de Lison, c’est plus difficile. Elle doit faire une fiche découverte. Elle aime faire ça d’habitude mais ce matin elle désespère.

“C’est trop dur de travailler à côté d’une si belle plage…” pleure-t-elle. Nous essayons de la motiver pour finir rapidement, non, elle préfère reporter la séance d’école à ce soir. Nous savons qu’elle le fera. Elle sort, trop heureuse, danser et tournoyer les pieds dans l’eau. Elle est belle la vie.

Capucine termine vite et bien. Elle a envie de rejoindre ses sœurs évidemment. Les voilà réunies toutes les trois, à poursuivre leur apprentissage de la vie. Conception d’une nouvelle cabane à Ninou, entente sur le projet, organisation, répartition des tâches, certaines construisent, d’autres implémentent. Elle est là l’école de la vie. Faire des projets ensemble, faire équipe et les réaliser.

Pendant que l’école se poursuit toute seule avec des bambous et des petits cailloux, nous savourons. En fait, ce matin, nous ne faisons à peu près rien. Le moment est sublime et nous le savourons. Cette petite plage est noire de monde l’été, interdite aux campings-car. Et nous nous y sommes, tout seuls, face à la mer et sous le soleil. L’eau est froide ? Oui, mais ça dépend pour qui. Pierre y rentre sans sourciller.

Nous y trainons longtemps sur notre plage, plus longtemps que prévu. Mais il faut nous résoudre à la quitter. Nous devons avancer, jeudi nous devons être à Patras. Nous ne sommes pas tristes. Nous en trouverons d’autres des plages de rêve. Si la Grèce est comme ça tous les jours, nous allons nous regaler.

Parga

Un arrêt pour faire remplissage des réservoirs d’eau auprès d’une source de montagne. L’eau est bonne, mais le débit trop faible pour monter jusqu’à l’embouchure du réservoir. Jerricans, entonnoir, nous remplissons nos 130 litres à la main. Laborieux, mais assez rapide finalement. Un second arrêt au village de Parga, réputé pour être pittoresque. Nous trouvons un endroit très touristique, composé d’alignement de boutiques fermées. Une belle promenade au bord de la mer. Une terrasse, un café cher. Nous repartons. Nous n’avons pas été trop séduits. Il va maintenant falloir trouver un spot pour ce soir, au moins aussi bien que celui du matin. Le défi est grand.


Je trouve un coin incroyable, vu du ciel. Un village implanté au beau milieu du golfe ambracique, accessible par une longue route au milieu de l’eau. Improbable. Nous y arrivons juste après le coucher du soleil, difficile de juger l’endroit ce soir. Lison fait l’école comme promis. Encore un appel à un ami pour Capucine, nous prenons plaisir à prendre une petite dose d’amitié par écran interposé, nous en avons besoin.

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