Chatons de voyage

Mardi 5 août 2025. Mayence, Allemagne. Minuit trente. Pierre et moi, nous nous réveillons en sursaut. Charlotte vient de lancer un miaulement inhabituel. Nous allumons, elle est en boule à nos pieds, la couette est un peu sale. Elle a perdu les eaux visiblement. Pierre m’amène son carton et quand je la prends pour la soulever, je m’aperçois qu’il y a une petite boule mouillée toute noire entre ses pattes arrière. Elle me lance un regard surpris, interrogé. Comment vit-elle ce moment ? Que comprend-t-elle ? Sait-elle ce qui lui arrive et ce que ça va changer dans sa vie ?

J’arrive à soulever maman et bébé en même temps pour les poser délicatement dans le carton protégé avec une alèse. Juste avant qu’elle n’expulse le premier placenta. Soulagement infini, notre couette n’est pas trop salie. La petite boule mouillée semble bouger, même respirer, Charlotte la lèche vigoureusement. Ce chaton a le dos noir, décoré d’un éclair blanc, ventre blanc, pattes et museau rayés noir et blanc.

Avec Pierre nous observons la scène avec tendresse et émotion. C’est une quatrième naissance partagée ensemble. Pierre est aussi gaga que moi de ses chats, même s’il fait mine que non parfois. Il faut prévenir les filles quand même. Elles n’ont aucun mal à nous rejoindre et nous voilà serrés tous les cinq dans la capucine du camping-car, tous les cinq fous de joie et d’admiration devant la magie de la naissance. Concert de « Ho, c’est trop kiki ! »… Le chaton fouine déjà pour trouver une mamelle. Je l’appelle Chalut, comme un jeu de mot avec Salut ! Le premier chat de Charlotte. Salut Chalut ! Bienvenue !

Charlotte remue, on sent qu’elle est gênée et qu’une seconde naissance arrive. Et zouipe, une seconde boule toute mouillée arrive sous nos yeux ébahis. Une boule blanche. Corps blanc, tête et queue plus foncées. Une toute petite boule. Comparé au premier chaton, celui-ci est vraiment plus petit. Ses yeux sont globuleux, comme si sa croissance intra-utérine n’était pas terminée, comme s’il était prématuré. Charlotte lèche ce second chaton, il respire, nous distinguons très bien ses minuscules côtes qui apparaissent à chaque respiration, il bouge, cherche à fouiner, bascule et se redresse difficilement. Nous voyons qu’il n’est vraiment pas aussi vigoureux que son aîné. À l’évidence, il n’est pas viable. Les filles étaient prévenues, nous ne ferons rien pour tenter de le sauver. Celui-ci, je le baptise tendrement Chaloupé.

Charlotte semble plus calme désormais. Elle s’installe comme si elle allait maintenant se reposer. Comme elle, nous retournons tous nous coucher. Il peut y avoir entre 10 minutes et 2 heures entre deux naissances. Nous verrons demain combien de chats il y aura finalement dans cette boîte.

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