Faire un selfie dans l’atelier de Gutenberg

Mardi 5 août 2025. Mayence, Allemagne. 7h. Des mini-miaulements, ardents et insistants, me réveillent. Combien sont-ils ? Je saute regarder. Tout ce bruit ce n’est qu’un seul chaton qui l’émet. Chaloupé a poussé son dernier soupir pendant la nuit. 

Jour 1 du chaton

Salut Chalut ! Qu’elle joie de se réveiller avec un nouveau compagnon de voyage ! Nous sommes tellement heureux qu’il est impossible de laisser Charlotte et son chaton seuls dans la capucine du camping-car.

Le carton est installé sur la table du petit-déjeuner, sans bouger un poil de nos petits protégés. Voilà que l’observation reprend. Avec les déblatérations sur le prénom de notre seul chaton. Nous en aurions eu 5, chacun aurait choisi un prénom, ça aurait été plus simple.

Pas question de l’appeler Chalut c’est trop moche ! Moi je préfère Chamalow ! Non, c’est blanc un Chamalow, lui il est noir ! Châtaigne alors ! Moi, je veux l’appeler Chamaille, c’est mignon et il y a le mot « maille », comme dans mes créations en crochet !

Comme on est dans la ville de Gutenberg, on n’a qu’à l’appeler Gutenberg ! Ou Gut ! Gut-gut ! Ou Gutty ! Ou Otto ! comme il est né dans une auto ! C’est un très joli prénom allemand ! Moi, je l’appellerai Kaiser ! Ça veut dire chef, en Allemand. Ou alors, comme il est noir et blanc, on peut l’appeler Charlot ! Charlot, le bébé de Charlotte, c’est trop chou ! Non, Charles plutôt, c’est plus joli ! Ou Charlie, si c’est une femelle ! Pierre tranche, on n’a qu’à l’appeler Kaiser Charlot Gutenberg ! Mais bien sûr… 

Dans ce charabia, Charlotte semble sereine. Elle nous écoute en fermant les yeux. Causez-toujours, c’est mon bébé. Heureusement pour elle, nous avons prévu de partir pour toute la journée à Mayence. Elle va pouvoir s’occuper tranquillement de son tout-petit. Nous replaçons son carton dans la capucine, côté fenêtre cette fois-ci pour qu’elle puisse surveiller les alentours. Une pâtée pour la féliciter. Et nous partons.

Mayence

Toujours sous la pluie. Ça fait 3 jours que nous marchons sous la pluie et franchement, j’en ai marre. Nous arrivons à chaque fois à bien faire sécher les chaussures. [Astuce : les mettre sous le pare-brise, c’est très efficace.] À chaque fois, nous les remouillons et nous marchons toute la journée avec les pieds humides. Aujourd’hui ne déroge pas à la règle. Il ne pleuvra que le matin, et nous le passerons au musée. Mais avant cela, il faut s’y rendre : 3 kilomètres sous une capuche ou le petit parapluie de Pierre, qu’il me prête avec galanterie.

Musée Gutenberg

Johannes Gutenberg est né vers 1400 à Mayence sous le Saint-Empire romain germanique. Imprimeur, il a inventé les caractères métalliques mobiles, révolutionnant la reproduction des textes, ce qui a été déterminant dans la diffusion du savoir en Europe. Dans sa ville, un grand musée est en travaux. Nous visiterons quelques salles qui évoquent cette invention, aménagées temporairement dans le musée d’histoire naturelle de la ville.

Démonstration de la presse de Gutenberg

À l’étage, une démonstration 100 % en allemand se déroule. L’homme parle beaucoup, franchement cette langue nous est impénétrable. Mais il montre quand même le processus de fabrication de lettres. Gravées sur une matrice en négatif, qui semble être en cuivre, la lettre est coincée dans un moule dans lequel il verse un mélange d’étain fondu. Le liquide est impressionnant. Dans sa démonstration, l’homme le verse sur son plan de travail, le liquide redevient instantanément un métal solide. Puis quand il le repose dans son contenant chaud, le métal redevient liquide instantanément. Versé dans le moule, il prend immédiatement la forme rectangulaire avec une lettre à la pointe, comme les dizaines d’autres lettres rangées dans un meuble à casier. Le mélange est un alliage à base de plomb, d’étain et d’antimoine qui a la particularité de fondre facilement et de ne pas se déformer en refroidissant. À côté, sur la presse, il positionne des groupes de lettres formant un texte à l’envers. Encrage, pose du papier, presse et voilà une page imprimée. Une bonne démonstration vaut tous les mots allemands. 

En imaginant de rendre les caractères d’impression mobiles et en améliorant leur longévité par l’utilisation du métal, Gutenberg les a rendu réutilisables et interchangeables. Cette innovation a provoqué une révolution culturelle : le livre est rendu public, dans les villes commerçantes et universitaires, et les ateliers d’imprimerie fleurissent, augmentant la production des livres. Cette révolution s’étend à toute l’Europe. Grâce à l’explosion culturelle qu’elle provoque, le savoir n’est plus réservé aux clercs. L’accès plus facile à la connaissance développe le partage des idées, l’esprit critique et, avec lui, l’humanisme.

Exposition : du mass-media d’hier à ceux d’aujourd’hui

Les autres salles du musée font un lien entre les livres de l’époque médiévale et notre culture médiatique actuelle, sur papier et sur écran.

Par exemple, sont mis en parallèle les motifs de décoration d’un ouvrage ancien, avec ceux de nos coques de téléphone : depuis toujours, l’homme a cherché à embellir, à rendre impressionnant, ou à attirer l’œil, les objets de médiation. Pour illustrer et décrire tous un tas de parallèles entre culture médiatique du moyen-âge et d’aujourd’hui, le musée distribue à chacun une feuille de papier spéciale. À chaque présentation, il faut la glisser sous un vidéo-projecteur qui projete sur la feuille une histoire illustrée. Les gravures s’animent. Dispositif astucieux, vraiment intéressant. Par l’intermédiaire d’une simple feuille, l’histoire de notre culture des médias se présente de manière ludique et esthétique.

Et clou du spectacle, une machine nous invite à nous prendre en selfie, qui s’imprime sur cette feuille à la manière d’une gravure ancienne. Nous voilà immortalisés dans l’atelier de Gutenberg !

La bible de Gutenberg

Il reste une troisième et dernière salle à voir, celle qui présente quelques-uns des plus anciens livres de la collection de la ville. Une bible manuscrite, à côté de 3 bibles imprimées, toutes datant de 1454. Impressionnantes. Pour réaliser cette bible manuscrite, il a fallu qu’un moine copiste y travaille pendant 3 ans. Et en 3 années, Johannes Gutenberg pouvait imprimer 180 bibles identiques. La démonstration de la l’importance de sa technique est faite.

La visite n’était pas longue mais fabuleuse. Pas besoin de faire un très grand musée, celui-ci allait à l’essentiel. Nous sortons sous le soleil et franchement, nous avons très envie d’en profiter, attablés à l’une des terrasses de la magnifique place de la Cathédrale où un très joli marché se termine.

Sur le chemin du retour, nous apprécions la ville et ses très jolies maisons à colombage, colorées, peintes,… Nous rentrons quand même vite, hâtes de retrouver nos petits protégés. Charlotte nous voit arriver depuis son poste d’observation dans la capucine.

Un café-sieste-lecture-gouter. À 16h c’est l’heure de notre habituelle question : où est-ce qu’on dort ce soir. Je repère un joli spot sur les hauteurs de Bigen am Rhein, village que nous visiterons demain. En route il faut passer sur une aire de service, ici il y en a peu et l’eau est systématiquement payante. D’habitude nous trouvons toujours des stations gratuites. La première ne fonctionne pas, la seconde non plus alors je m’énerve un peu sur le bouton, la pièce se cale comme il faut, enfin ça fonctionne !

Spot sur les hauteurs d’Eibingen

Mon spot avec vue de donne finalement pas sur le Rhin, j’avais mal observé la carte, mais sur la plaine sud et la vue porte très loin. C’est très beau. Charlotte se réjouit de cet environnement, elle pars se promener tranquillou, comme à son habitude. Elle explore les vignes d’à côté. Pendant se temps, nous nous relayons pour maintenir Charlot au chaud contre nous, obligés ! Qu’il est minuscule, il n’a pas 24h encore. Lison et Solène explorent cette petite route à vélo d’un bout à l’autre. Elles trouvent des jeux d’enfants. De l’autre côté Pierre trouve une tour, encore une comme la tour d’Hohloh, datant de 1887 celle-ci, avec une vue fantastique. Il m’y invite. Et Capucine nous cuisine enfin sa recette de poulet aux champignons en boîte.

Dès que Charlot miaule un peu fort, Charlotte accourt. C’est drôle comme elle est automatique. À chaque fois elle cherche où il est, nous le reposons dans sa boîte mais sa boîte change de place au grès des besoins. Alors quand Charlotte fait systématiquement le même tour : table, capucine. Et se blottit contre son bébé en ronronnant. Une tétée, et elle repart se promener.

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