Ethnocosmologie au milieu de la forêt

Dimanche 5 juillet 2020. Moletai, Lituanie. Hier, en arrivant ici, nous avions découvert cet endroit incroyable. Quelques têtes d’observatoires astronomiques pointant au dessus de la cime des arbres. Et une espèce de soucoupe volante moderniste volant dans les cieux. C’est le musée d’ethnocosmologie. Musée de la conquête spatiale lituanienne, à l’époque de la domination soviétique. Et musée de l’histoire de la cosmologie, avec des pièces anciennes décrivant le fonctionnement des astres avec les connaissances des époques anciennes. Cet aspect nous intéresse particulièrement. Pas de visite possible hier, nous avions réservé pour ce matin. Mais l’hôte d’accueil avait accepté de nous laisser accéder à la soucoupe volante. Déjà, la visite avait été un régal. Vue panoramique. Architecture remarquable. Et exposition de quelques météorites tombées du ciel. Les enfants n’en avaient jamais vues.

Ce matin le temps s’est couvert. Nous avons eu de la chance d’y aller hier. La visite nous est traduite partiellement en anglais. Le musée flambant neuf et bourré de technologies a un gros défaut. Il s’allume quand un groupe passe et s’éteint quand il part. Nous faisons la visite avec un groupe de lituaniens et restons à l’écart pour écouter notre propre guide qui nous parle tout doucement. Puis le temps de traduire aux enfants, le groupe sort déjà de la pièce et nous continuons dans le noir, à regarder les vitrines à la lueur de nos téléphones. Vraiment pas pratique. L’exposition avait pourtant l’air très intéressante.

Nous trouvons quelques objets artisanaux anciens et décorés dont notre guide nous révèle le sens supposé. Cette rosace qui représente le soleil. Ces carrés, la terre. Avant, le monde connu n’avait que trois parties. Le ciel, la terre et le sous-sol. Pour faire passer les connaissances sans connaître encore l’écriture, on dessinait le monde connu sur les objets du quotidien. L’arbre, qui relie le sous-sol au ciel, symbolisait le monde et était souvent dessiné, comme le soleil et la lune. La cosmologie a été vraiment investie à l’ère où les chasseurs-cueilleurs ont commencé à cultiver la terre. Ils avaient alors nécessairement besoin de se repérer dans les saisons pour savoir quand semer.

Dehors, un immense calendrier solaire a été reconstitué. De grosses pierres positionnées en forme de soleil permettent de repérer les solstices et les équinoxes. Chose surprenante que nous découvrons, ces structures géométriques en paille, décorations que nous avions vues à plusieurs reprises à Vilnius, dans les boutiques et les restaurants, ne sont absolument pas des objets décoratifs modernes et design. Non. C’est un savoir-faire ancestral fait ici depuis la nuit des temps et sur lesquels les chercheurs planchent actuellement pour en découvrir les secrets et la signification. Était-ce également une représentation du monde connu ? Un autre document remarquable est ce livre, écrit en vieux français et datant de 1565, dans lequel un savant lituanien décrit le tout premier modèle de fusée à compartiment. 1565. Incroyable.

Nous sortons frustrés de cette visite inachevée. Déçus. Le sujet était tellement intéressant. Step suivant. Un voisin de spot a recommandé à Benjamin de parcourir la passerelle d’Anykščiai, au sommet des arbres de la forêt d’un célèbre poète lituanien, Antanas Baranauskas.

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