Faire notre rentrée à Trinity College, université de Dublin

Mercredi 4 septembre 2019. J65. Premier jour à Dublin. Direction Trinity collège où nous voulons visiter sa belle bibliothèque. Nous adorons les bibliothèques. En plus, le ciel est entièrement bleu et le soleil radieux. Chouette, nous avons toutes envie de nous mettre enfin en robe ! Mais Pierre rabat notre joie. Il fait beau, mais il fait froid. Alors ça sera robes, collants de laine et doudounes. Le temps de changer trois fois d’idée sur nos tenues vestimentaires, nous démarrons la journée un peu tard. Pierre s’impatiente. Mais on ne sait plus comment s’habiller dans ce pays !
Notre stationnement est bien situé. Nous sommes à 30 minutes à pied du centre ville et les quartiers que nous traversons sont agréables. Nous arrivons pour 10h30 à Trinity College et sommes de suite accueillis par des étudiants qui nous proposent la visite guidée. En français ? Oui, à 11h. Parfait !

Trinity College

Il y a une foule énorme dans la cour intérieure. Mais ce ne sont pas des touristes cette fois-ci. Ce jour-là à Trinity, c’est jour de la fête des clubs et sociétés d’étudiants. Chacun à installé son petit stand et présente son activité pour recruter de nouveaux étudiants. Hé oui, pour eux aussi c’est la rentrée. Nous nous noyons vite dans l’ambiance estudiantine et c’est très chouette. La vraie vie dublinoise.

Pour les filles, c’est totalement une découverte. Il nous faut leur décrypter ce qu’il se passe car elles étaient loin d’imaginer que dans une école, les étudiants pouvaient créer et faire vivre leurs propres associations. Et puis il y en a des dizaines : anciens étudiants, débats, sports de toute sorte, entrepreunariat, zoologie,… Nous avons même vu un club de quiditch !

Visite guidée

À 11h, notre visite guidée commence. Un étudiant irlandais et francophone, car ayant grandi en Belgique, nous accueille comme si nous étions de nouveaux étudiants. Il nous explique un peu l’histoire des lieux et nous parle beaucoup des mythes et des traditions des étudiants. Nous nous sentons vraiment introduits dans ce monde très particulier.

Trinity College a été fondé en 1592 par la reine Elizabeth 1er, reine d’Angleterre et d’Irlande. Avant, il y avait ici un monastère catholique construit vers l’an 1000 et qui comme tous les monastères irlandais de l’époque était un lieu d’art et d’apprentissage.

C’est avec Henry VIII que le monastère est devenu propriété de la couronne anglaise. Henry VIII est le roi qui a rompu avec le Pape car il voulait avoir la possibilité d’avoir plusieurs femmes, et s’est fait lui même chef de l’église dans son royaume en créant la religion anglicane.

En 1600 l’invasion anglaise et les révoltes ont considérablement détruit les bâtiments d’origine, ce qu’il en restait a été utilisé comme matériau de construction pour le château de Dublin. L’ensemble architectural tel qu’on le voit aujourd’hui date de la reconstruction de 1700.

17000 étudiants

Jonathan Smith, l’auteur des Voyages de Gulliver, Samuel Beckett, Oscar Wilde, James Joyce, Mary Robinson, 1ère femme présidente d’Irlande, sont parmi les anciens étudiants illustres.

À Trinity College perdurent des traditions anciennes et mal aimées. Par exemple, lorsque les étudiants terminent leur études, il se voient remettre leur diplôme lors de la “fête du commencement”, ce qui signifie commencement de la vie professionnelle. Dans le grand amphithéâtre, la cérémonie est en latin, les étudiants sont appelés dans l’ordre du meilleur au moins bon pour que tout le monde sache où chacun se place dans la hiérarchie… Cela est censé motiver les étudiants pour bien travailler. Et comme si ça ne suffisait pas, lorsque la remise de diplôme est terminée, l’ensemble des étudiants doivent traverser l’immense cour de l’université placés encore une fois dans l’ordre de réussite. Ainsi, tous les étudiants et professeurs collège prennent bien connaissance de qui sont les meilleurs élèves et qui sont les cancres… Pour notre guide, cette tradition-là est plus terrorisante que motivante…

Une autre tradition que les étudiants tiennent à faire perdurer concerne les étudiantes. Une fois leur diplôme en main, elles escaladent la statue de Georges Samon et se font prendre en photo dessus. Georges Samon est un ancien Provost (président) qui a signé contre son gré l’admission des filles à l’université 1904. “Ma main approuve, mais mon cœur ne l’admettra jamais”… Moi je les imagine en robe de cérémonie perchées sur les épaules de la statue, j’approuve avec malice.

Old library

L’ancienne bibliothèque que nous irons ensuite visiter comporte 200 000 livres anciens. Les étudiants peuvent les emprunter mais ils n’ont pas vraiment d’intérêt pour leurs études. Une vraie bibliothèque universitaire est aussi disponible sur le site et comporte 6 millions de livres, un exemplaire de chaque publication irlandaise et du Royaume-Uni. Dans l’ancienne bibliothèque, les livres sont rangés par taille et poids, pas par auteur, pour que les étagères ne tombent pas. Un livre est particulièrement ancien, le livre de Kells, de l’an 800. Écrit par des moines irlandais, il a été ramené à Dublin pour être protégé. Il rassemble les textes d’évangiles écrits en latin et en calligraphie celtique. Ils comportent beaucoup de fautes, notamment des erreurs de copie. Des lignes ou carrément des paragraphes manquants, réécrits un peu plus loin. Entre le latin, les lettres celtes et les textes mélangés, autant dire que le résultat est parfaitement illisible. Mais à cette époque, de toute façon, personne ne savait lire. Ce livre devait surtout être beau, tellement beau qu’on puisse le croire “venu du ciel”. Et nous l’avons vu, effectivement il est très beau.

Et l’ancienne bibliothèque est impressionnante, la perspective qui démultiplie les rangées de livres, l’odeur de vieux bois lustré, les teintes cuir et doré, les livres anciens serrés les uns contre les autres depuis une éternité. Il y a beaucoup de monde mais nous essayons d’apprécier. Plus loin est exposé la harpe de Brian Ború, dernier roi d’Irlande, qui n’est en réalité pas du tout la sienne, mais qui fait tout de même office de symbole de l’Irlande. Est exposé aussi un exemplaire de l’affiche qui a annoncé en 1916 l’indépendance et la création de la République d’Irlande.

Pour terminer notre immersion, nous grignotons quelques sandwiches et gourmandises à la cafet’ de l’université, au milieu des étudiants.

L’époque viking et médiévale de Dublin

Pour poursuivre notre journée, direction Dublinia, musée d’histoire sur la période viking et normande. Il est petit et interactif, très amusant pour les enfants. Nous découvrons que Dublin a été fondé par les vikings il y a 1200 ans. Je comprends mieux les nénettes croisées ce matin en jupette, les dublinois sont des descendants des vikings !

Au début, un camp temporaire qui s’est sédentarisé. Les vikings n’étaient pas des brutes et des pilleurs telle la réputation qui leur a été donnée, en tout cas pas plus que les autres. Ils étaient surtout de bon commerçants et de très bons navigateurs. Dublinia est ainsi devenu un comptoir commercial de premier ordre où l’on vendait des peaux, des plumes, des armes, du savon, des produits médicinaux et surtout, des esclaves, des “slaves”.

Les armées anglaises ont essayé de nombreuses fois de prendre la ville mais les viking et leurs descendants ont toujours résisté, jusqu’à conclure avec Londres un traité commercial qui a permis au commerce de se développer encore plus au moyen-âge.

En 1997, quand la mairie de Dublin a entamé la construction d’un nouveau bâtiment administratif le long des quais, d’importants vestiges vikings ont été découverts. Les habitants de Dublin se sont levés contre ces travaux en demandant que les traces de leurs ancêtres soient laissées intactes. Encore une fois, ils ont fait preuve d’un attachement viscéral à leurs origines. Un chantier de fouilles archéologiques a exhumé tout ce qu’il était possible de préserver, le bâtiment administratif à été construit ainsi que ce musée pour rendre accessible à tous l’histoire et les vestiges de la ville.

Quelle bonne introduction à cette ville ! Nous rentrons ce soir épuisés, mais non sans faire une pause goûter dans le quartier de Trinity, dans une espèce de cantine étudiante gourmande et animée.

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