Habiter Cracovie

Lundi 22 juin 2020. Cracovie, capitale polonaise jusqu’au XVI ème siècle. Depuis Boleslas le Vaillant, premier roi de Pologne, couronné en 1025, elle a été la ville de résidence des monarques polonais. Elle est une des rares villes du pays à posséder un véritable centre historique, qui n’a pas été marqué par la guerre et reconstruit ensuite. Dans son histoire, ses nombreux envahisseurs ont toujours préféré l’habiter plutôt que de la détruire.

Nous, nous y venons aussi pour voir “La Dame à l’hermine” de Léonard de Vinci. C’est un moment que j’attends depuis longtemps et je suis très contente d’atteindre enfin Cracovie pour cette raison. Nous sommes lundi, Google nous avertit que le musée national polonais est fermé aujourd’hui mais ouvert demain. Ce n’est pas un problème, la ville est si riche que nous pouvons bien y rester deux jours.

Ce lundi sera donc consacré tranquillement à la découverte du centre historique. Le temps est toujours à la pluie, les capuches sont toujours de sortie. Le bus nous débarque entre le Château de Wawel, et l’embouchure de l’avenue piétonne qui nous amènera sur la célèbre place Główny, juste en face d’une petite boutique qui vend des kürtőskalács tout chauds. Il nous faut au moins ça pour commencer une journée sous la pluie.

Centre historique de Cracovie

Avec ses 200 mètres de côté, la place Główny est l’une des plus grandes que le Moyen Âge ait légué à l’Europe. Au centre, une immense et magnifique “halle aux draps” remplie de petites boutiques un peu fermées. Tout autour, des façades néoclassiques. De l’autre côté du cœur de ville, la porte Floriańska est un vestige des anciens remparts de la ville. Nous entrons dans la Cathédrale Sainte Marie, son retable y est splendide paraît-il. Mais l’heure est à la rénovation, et à la messe en même temps. Les artisans travaillent au dessus de l’autel alors que le prêtre fait son homélie. Amusant. Mais inaccessible. Sur la place, un vieillard vend quelques graines à donner aux pigeons. Une bonne partie de rigolade pour les filles qui adorent se voir les bras remplis de volatiles intrépides. Contrairement à elles, je trouve cela répugnant mais il faut bien reconnaître que ça nous a valu une bonne partie de rigolade.

L’église des Franciscains et l’Art Nouveau

Nous nous dirigeons enfin vers l’église des Franciscains. Après un incendie en 1850 qui détruisit la majorité de sa décoration en même temps qu’une bonne partie du quartier, les franciscains firent appel à un l’artiste sécessionniste Stanislas Wyspiański qui dota l’église de fresques et de vitraux Art Nouveau. Ce matin l’église est sombre, pas éclairée. Les fresques sont difficiles à voir mais heureusement les vitraux rayonnent. Midi est largement passé et nos petits estomacs commencent à nous le rappeler. J’avais noté quelques bonnes adresses de mon guide, nous nous aventurons dans une drôle de brasserie d’artistes à l’ambiance feutrée. Moquettes vert de vessie au sol et banquettes de velours. Verrières et vitraux art déco. Murs tapissés de caricatures, dessins, et peintures. Marionnettes anciennes. Dentelle sous le verre des tables. L’endroit semble un peu guindé et seuls quelques personnes âgées y prennent un thé. Au début, nous avons un mouvement d’hésitation. Nous n’aimons pas les lieux trop chics, avec les enfants nous n’y sommes pas à l’aise. Mais la carte nous rassure, les plats sont simples et bon marché. Une jeune serveuse, à la jupe en velours vert comme les banquettes, nous confirme que l’on peut prendre le déjeuner et nous installe. Les filles sortent sagement leurs carnets de dessin, il y a de quoi s’inspirer ici.

Au petit ballon vert

Ce lieu est un salon de thé créé en 1895, qui a accueilli l’élite artistique du début du XX ème siècle. Au fil des années, celle-ci y a fondé ici un cabaret, le Petit Ballon Vert. Autrefois célèbre, il a laissé en souvenir une décoration qui lui donne le rang de petit musée vivant. Nous y choisissons quelques plats typiques, soupes, snitzels et raviolis. Délicieusement servis dans une vaisselle aux rebords dorés. Les tables sont bien petites pour nos cinq assiettes. “Reprenez les verres en cristal, s’il vous plaît, on boira dans le même.” C’est ce que l’on fait habituellement, nous sommes habitué aux tables trop petites. Ce n’est pas très “bonnes manières”, ni pandémie-compatible. Au dessus de son masque, les yeux de la serveuse s’écarquillent. Mais c’est la seule solution pour ne rien casser.

Après ce délicieux déjeuner un peu tardif, nous prenons doucement le chemin du retour. La pluie ne nous a pas lâché les baskets et nous avons envie de traîner au chaud chez nous en attendant demain, le musée d’art. Nous rentrons dans notre quartier résidentiel, un peu comme si nous habitions ici. Les enfants inventent un nouveau jeu de société, le fabriquent pendant un long moment avant de pouvoir le “tester”. C’est le meilleur moment pour elles, elles peuvent y jouer en changeant les règles à leur guise, jusqu’à trouver la meilleure. Pendant ce temps, les parents ont largement le temps de faire une sieste et de parcourir le quartier et ses nombreux chemins forestiers.

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