Chez Claude Monet, à Giverny
Lundi 18 août 2025. Changement de décor. Les paysages deviennent plus vallonnés. Nous arrivons en bords de Seine, à Giverny, à la limite entre les régions Normandie et Île de France. Nous visiterons la maison du peintre Claude Monet demain matin, nous avons trouvé un petit spot dans le village d’à côté pour la nuit.
Le salon est orienté face à la Seine, sous un magnifique saule pleureur. Dans le cadre de ma fenêtre, se dessine tout ce qui compose un tableau de Monet : une végétation touffue et fleurie, le ciel qui se reflète à la surface de l’eau, quelques nénuphars et des branches de saules tombantes. Magnifique.


Un croquis d’abord, je peindrai cela plus tard. Nous n’avons pas de pain et la boulangerie du village est fermée. Je tente la cuisson de quelques Chiapatis, des galettes de pain cuites à la poêle. C’est délicieux.
Mardi 19 août 2025. Limetz-Villez. Réveil de bonheur et robe à fleurs. Nous avons repéré hier que le site était très visité, nous voulons y être à l’ouverture, espérant être plus tranquilles. Que néni.
La maison et le jardin de Claude Monet, à Giverny
La Maison de Claude Monet est l’un des site touristique le plus visité de France, le second de Normandie après le mont Saint Michel. À 9h30, il n’est pas ouvert qu’un bus de japonais est déjà devant la porte. Nous faisons la queue pour rentrer. Les allées du jardin sont étroites et déjà complètement encombrées. Et il faut refaire une queue immense pour entrer dans la maison. Forcément, cela gâche le plaisir d’être ici.





Difficile d’apprécier le jardin quand il faut se faufiler entre deux visiteurs pour tenter de voir le pont japonais. Les allées sont très touffues, il y a des fleurs partout, ça déborde comme un bouquet trop généreux. J’aime cette abondance, ce bazar joyeux. Cela tranche avec les jardins « à la française » où tout est fait pour que la nature pousse bien droite.




Dans cette foule, je perds Capucine, Solène et Pierre. Impossible de marcher à contre-sens dans les allées, tant pis, Lison et moi, nous continuons. Pendant que je fais la queue pour entrer dans la maison, nous lisons l’histoire de ce jardin.
Pourquoi Monet s’installe à Giverny
Claude Monet cherche à quitter Paris en 1883, il recherche une maison à loyer modique à l’écart de la capitale, de ses rivalités et de ses ragots. Aux confins du Vexin, il découvre Giverny, un petit village de 279 habitants, et cette « maison de paysan », complétée d’un jardin potager et d’un verger, le Clos normand. Monet transforme le jardin, construit trois serres et achète, de l’autre côté du chemin du Roy, un terrain où il fait creuser un étang et aménage son « jardin d’eau » d’inspiration japonaise.







Monet, collectionneur d’estampes japonaises
Il obtient l’autorisation de dévier le proche cours d’eau, une déviation de l’Epte – la rivière qui coule sur la commune, malgré les querelles de voisinage ; ceux-ci craignaient que l’eau soit empoisonnée par les plantes exotiques de Monet.
Il finit par acheter la propriété en 1890. La maison est également réaménagée par ses soins : il garde le crépi rose et la repeint aux couleurs de sa palette : portes et volets verts ; salle à manger jaune vif, ornée d’estampes japonaises à la dominante bleue, cuisine aux murs carrelés de faïence bleu et blanc en céramique de Rouen, et ses meubles laqués bleu ciel.
Au décès de Claude Monet en 1926, c’est Blanche Monet-Hoschedé qui entretient la maison et le jardin, avec l’aide du chef jardinier. À la mort de Blanche en 1947, le jardin est abandonné et la nature reprend ses droits…
Michel Monet, fils de Claude et seul héritier de la maison, la lègue par testament à l’Académie des beaux-arts. Sa restauration commence seulement en 1977. Gérald Van der Kemp, qui a orchestré la restauration du château de Versailles, est missionné. La maison est en piteux état, la désolation règne dans le jardin envahi de ronces et de mauvaises herbes, des arbres sont morts, les serres n’ont plus de vitres, les supports et treillis sont totalement rouillés…
Dans le jardin d’eau des nympeas, le pont japonais pourrit dans une eau noire et les berges sont détruites par les ragondins. Des budgets sont alloués par l’Académie des beaux-arts, le conseil départemental de l’Eure, complétés par des donations affluant de la Versailles Foundation-Giverny de New York. Des travaux considérables sont conduits.
Restauration de la maison et du jardin
La maison, les ateliers, le mobilier et les estampes sont restaurés. Gérald Van der Kemp et Gilbert Vahé, jeune chef jardinier formé à l’École nationale supérieure d’horticulture, font renaître les jardins.
Le « pont japonais » est reconstruit à l’identique, en conservant les glycines que Monet avait plantées. Les archives, les innombrables photographies et les souvenirs de ceux qui avaient connu le jardin aident à retrouver les plans et les variétés préférées de Monet. Enfin, le jardin devant accueillir des visiteurs, les allées sont élargies, cimentées et bordées de briques. Élargies, élargies… Pas tant que ça non plus.

Pierre et Solène nous retrouvent au moment où nous nous apprêtions à entrer enfin dans la maison. Il se faufilent avec nous. Capucine a déclaré forfait, nous la retrouverons à la boutique.
Dans la maison de Monet, c’est un peu comme dans la chapelle Sixtine au Vatican : impossible de sortir du flux incessant des visiteurs, impossible de s’arrêter un instant, la traversée est lente mais sans discontinuité.


Bilan mitigé de cette visite, très belle c’est incontestable. Mais vraiment sur-fréquentée.
Téléportation à Brive

Notre étape normande est terminée, nous prenons la route pour notre dernier objectif : déposer Capucine demain à la gare de Brive-la-Gaillarde. 3 heures de route ce soir. Un spot près de Vierzon, Méry-sur-Cher, un bord de canal de Berry très agréable et assez fréquenté. Il fait nuageux et frais.
Capucine fait son sac. Charlotte se régale à faire son habituel tour de la propriété comme tous les soirs, avant de revenir dormir avec son bébé. Pendant qu’elle vadrouille, nous nous relayons pour prendre Charlot contre nous. Il ouvre encore timidement les yeux, il ne doit pas encore beaucoup nous voir. Par contre son audition s’est développée. Lorsqu’on l’appelle, il oriente sa tête en notre direction et écoute attentivement.
Laisser un commentaire