Barcelone la catalane et Pablo le génie

25 avril 2019. La vie est bizarre dans notre parking sous-terrain. D’un côté ce n’est pas très agréable. On perd un peu la notion de nuit, de jour, du temps. Mais d’un autre côté le parking est très grand, très haut, il y a très peu de passage, peu de bruit, il est bien aéré et surtout, on s’y sent en sécurité. Ce matin nous n’avons plus de pain, mais c’est une joie car on le remplace par des crêpes !

Pour aujourd’hui, nous avons obtenu des entrées gratuites pour le musée Picasso, mais elles sont valables pour 20h10 ! Viva España ! Quelle idée de visiter un musée à cet horaire, mais nous allons nous plier au rythme espagnol. Pour occuper notre journée, j’ai repéré que le musée d’histoire de la Catalogne est très adapté aux enfants, avec des installations ludiques et diversifiées. À tout hasard, je le propose mais sans grand espoir. 2 musées dans la même journée, je suis sûre de me faire remballer. Hé bien non ! Capucine éclate de joie : “Chouette, j’adore l’histoire !” Je suis très surprise de sa réaction, mais c’est vrai qu’elle passe son temps à lire des livres qui racontent l’histoire aux enfants. Lison rejoint Capucine dans son enthousiasme. Et Pierre aime aussi particulièrement l’histoire. Vendu !

Quand on sort de notre trou, on se rend compte que le temps est couvert, mais il ne fait pas froid. Puisque nous avons le temps, nous choisissons de rejoindre le centre ville par la promenade qui longe la plage. C’est très long, 4 km, mais très agréable. Une première pause au skatepark. Une seconde sur la plage. Nous arrivons dans le quartier des poissonniers pour midi, parfait pour grignoter quelques bocadillos avant d’attaquer la visite.

Musée d’histoire de la Catalogne

Le musée est à la hauteur des espérances des filles, et de Pierre.
La Catalogne est une contrée qui a lutté de tous temps pour ses libertés et le musée semble prendre plaisir à nous le raconter.

Un bref historique de la Catalogne

– Au 6ème siècle, Barcelone était la capitale du royaume Wisigoth.
– Au 8ème siècle les musulmans se sont installés dans la péninsule, ils ont créé l’Al-Andalous.
– Charlemagne créé la marche hispanique, région qui correspond à l’embryon de la future Catalogne, afin que l’empire carolingien n’ait pas de frontière avec l’entité musulmane.

– Au 10ème siècle, le comte de Barcelone rompt les liens de vassalité avec la France, c’est la naissance de l’état catalan.
– Au 15ème siècle, sans héritier, la Catalogne revient à Ferdinand de Castille. Révolution catalane 50 ans après.

– En 1640-1650, guerre des moissonneurs qui se termine par le traité des Pyrénées. Le Roussillon et une partie de la Cerdagne sont attribués à la France. Le chant des moissonneurs deviendra l’hymne catalan.
– Au 18ème siècle, la Catalogne se range derrière Charles de Habsbourg lors de la guerre de succession au trône d’Espagne contre les Bourbon. Barcelone est défaite le 11 septembre 1714 ; ce jour deviendra le jour de fête nationale catalane.
– En 1808, guerre d’indépendance. En 1873, proclamation de la république catalane. Retour des Bourbon en 1875.
– Au 20ème siècle, après la dictature de Primo de Rivera, la république espagnole permet l’instauration de la Generalitat de Catalogne en 1931. En 1934, annonce de la création de l’état catalan, son président est arrêté et le statut de la Catalogne est suspendu. Après la longue période de dictature franquiste, la Catalogne obtient le statut d’autonomie en 1980.

L’histoire très récente n’est pas mentionnée car la page est toujours en train de s’écrire. Nous avons pu voir les multiples banderoles accrochées aux balcons qui demandent la libération des responsables politiques catalans encore emprisonnés suite au référendum et à la proclamation d’indépendance de 2017 déclarés illégaux par le pouvoir central de Madrid.
Nous avons eu l’occasion d’en parler avec un couple de jeunes gens dans la rue – tout le monde n’est pas pour l’indépendance mais beaucoup réclament la libération des prisonniers politiques.

Le musée du côté des enfants

A leur niveau, les filles vagabondent de boutons à presser en portillons à soulever. Là, un grand cheval à surmonter, ici la construction d’une voûte à simuler. Et le clou de la visite, une armure de chevalier pour habiller Papa. Fou rire garanti !

Le quartier gothique

Ce matin, je ne l’aurais pas parié, mais nous sortons du musée ravis. Et affamés. Il est 17h et notre visite du musée Picasso est toujours à 20h10. Il est temps de profiter de la douceur du soir pour flâner dans les ruelles du Barri Gòtic à la recherche d’une gourmandise et d’un café à siroter en terrasse. Les ruelles du quartier sont vraiment minuscules et adorables, les boutiques sont mignonnes à souhait. Partout des balcons fleuris et du linge étendu. Une placette sans voiture, un petit vieux qui gratte quelques airs de flamenco, des voisins de table qui braillent un espagnol à très grande vitesse. Nous sommes biens. Un tour par la Cathédrale de Barcelone, un par la Plaça del Rey, nous parachevons notre découverte par les incontournables.

Musée Picasso

20h, nous sommes au musée Picasso dans les starting blocs : ventres pleins, bazar à la consigne, cahiers de dessins et Dada spécial Picasso sous le bras. Je commence par prendre le temps d’expliquer aux filles l’histoire de l’artiste et ses différentes périodes artistiques. Et dans chaque salle, nous nous arrêtons pour dessiner.

La vie de Pablo Picasso

Picasso est né en 1881 à Malaga. Son père était professeur de dessin et le petit Pablo a appris à dessiner très tôt à ses côtés. Lorsqu’il a 14 ans, la famille déménage dans le nord de l’Espagne puis à Barcelone. Pablo n’aime pas l’école et s’invente toutes les maladies imaginables pour rester avec son père et suivre ses cours. À Barcelone, il passe le concours d’entrée à l’école des beaux-arts. Il est tellement doué qu’il intègre directement une classe supérieure. Il y apprend la peinture académique et dès la seconde année remporte la médaille d’or de l’exposition annuelle de son école avec “Science et charité”. Dans son musée de Barcelone, on y voit ses premières œuvres ainsi que les études (brouillons) qu’il a réalisé avant de retenir la composition finale. C’est très surprenant de découvrir que l’inventeur du cubisme a commencé sa carrière par des réalisations aussi classiques et aussi sophistiquées, précises et parfaitement réalisées. À 20 ans, il avait acquis toutes les bases classiques, qu’allait-il pouvoir inventer ?

Tout au long de sa vie, Picasso va inventer de nouveaux styles de peinture, de nouveaux courants artistiques. Il s’installe à Paris à 20 ans et perd son meilleur amis qui se suicide à cause d’un chagrin d’amour. Va suivre sa “période bleue” où sa peinture reste figurative mais bleue, ce qui déjà n’est pas conventionnel pour l’époque. À Paris, il a notamment Cézanne comme professeur et retient son idée : “les paysages, il faut les traiter avec des cubes, des cylindres et des cônes”. Picasso s’approprie cette formule et peint ses premières œuvres cubistes. Il explore les compositions en relief, dans laquelle il colle des éléments. Il explore aussi la sculpture en assemblant divers objets improbables. Pendant la guerre d’Espagne, son style évolue. Picasso veut exprimer  les horreurs de la guerre et en vient à découper déformer les visages et les corps, créant son style le plus connu.

L’oeuvre de Pablo Picasso

Le musée de Barcelone rassemble un panorama très intéressant de l’œuvre de Picasso, de ses différents styles. Pendant la visite, Capucine et Lison rivalisent d’enthousiasme pour “croquer”, dessiner, “un tableau par salle”. Et Maman avec. Barcelone rassemble notamment une impressionnante collection de “Ménines”. Picasso a beaucoup travaillé sur l’œuvre de Diego Vélasquez en reproduisant presque à l’infini, et à sa manière, les différents personnages de la composition originale. Comme lui, nous jouons à reproduire l’infante d’Espagne tantôt avec des formes courbes, tantôt avec des lignes cassées.

Solène en réflexion

Solène prend le temps devant le tableau “Science et Charité” que Picasso a peint à l’age de 15 ans.

– (Solène, parlant du médecin sur le tableau) Ho regarde, il est grand et tu as vu il a une barbe comme toi. Et il a des traits entre les yeux.
– (Papa) Oui il a des traits, je pense qu’il est inquiet, il fronçe les sourcils comme ça (mime). Il essaie de s’occuper au mieux de la femme malade.
– (Solène) Hé oui. Et pourquoi on ne voit pas bien la chaise ?
– (Papa) Il est assis dessus alors on ne la voit pas en entier. Et tu as vu, le peintre a décidé de ne pas peindre ses chaussures. Le bas du tableau s’arrête au bas de son pantalon. Tu peux dessiner le pantalon jusqu’au bas de ton dessin.
– (Solène) Hé oui, c’est parce qu’il est grand ! (Montrant son carnet) Je ne peux pas dessiner la femme malade sur ma feuille parce qu’il n’y a plus de place !

Il ne nous reste plus qu’à trouver quelques tapas à partager avant de retourner dans notre terrier. Barcelone a revêtu son habit de soirée, les restaurants se remplissent, l’ambiance y est calme. Nous rentrons en bus sans ressentir le moindre sentiment d’insécurité. Le pari de la visite de nuit est réussi.

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Une réponse à “Barcelone la catalane et Pablo le génie”

  1. Avatar de ERIC CLEMENT
    ERIC CLEMENT

    Et vous l’avez gardée l’armure ? Elle va bien à Pierre. Ça peut toujours être utile 😉

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