L’Aubrac plein les yeux

25 avril 2018. Dimanche, direction Laguiole pour notre passage rituel chez quelques-uns de ses artisans. Du Fromage et de l’Aligot à la Coop, du pain et de la fouace aux pralines chez Auriat, du merlan de Bœuf Fermier Aubrac et de la saucisse au Roquefort chez Conquet. Ainsi ravitaillés, nous pouvons partir braver les hauts plateaux de l’Aubrac. À La Croix de la Rode, nous souhaitons essayer de faire la boucle qui monte jusqu’au Mailhebiau, le point culminant du plateau. Nous avions déjà tenté cet itinéraire plusieurs années auparavant, mais l’épais brouillard nous avait forcé à faire demi-tour tellement la visibilité était limitée dans ces étendues désertiques. Ce dimanche, il ne fait pas très beau et le temps paraît changeant. On habille toute la tribu et on croise les doigts.

Le signal de Mailhebiau

Nous voulions de l’Aubrac et des jonquilles, nous avons été servis ! Les pâtures du Mailhebiau étaient habillées de jonquilles mais aussi de petits crocus blancs et d’erythrone dent de chien (non, nous ne connaissons pas le nom de toutes les fleurs par cœur, c’est Google qui nous l’a soufflé).  Quand nous nous arrêtons pour pique-niquer, Solène s’est endormie dans son sac à dos. Pierre tente une manipulation délicate pour la déposer à terre afin qu’elle poursuive son roupillon. Et ça marche ! Cette sieste allongée sur le ventre dans son sac est bien amusante. Après une bataille de bâton de marche (« le sien il est plus graaand »), un papillon poilu, pleins de cailloux dans les poches et un pied dans un cours d’eau, nous entamons l’ultime ascension. Lison traîne de la patte, se plaint, gémit sans fin.

Et comme tous les enfants, dès que nous posons nos sacs au sommet, elle se met à faire des sauts de cabri entre les rochers qui affleurent… Autour de nous, la vue est à 360°. Les nuages sont hauts et on devine au loin le mont Aigoual, le mont Lozère, les monts de la Margeride, le Plomb du Cantal et peut-être même les Monts Dore. Un goûter banane-chocolat-fouace d’Espalion et les filles sont requinquées, prêtes à affronter le chemin du retour.

Une fois la randonnée terminée, Pierre veut explorer le chemin qui traverse la forêt pour voir si derrière s’y cache un coin à son goût pour y passer la nuit. Après trois quarts d’heure d’aller-retour, il revient content. Le chemin est caillouteux mais praticable et mène jusqu’à une estive sur le versant sud du Mailhebiau. A l’entrée de la pâture, nous nous stationnons en bord de chemin. Le décor est renversant, la vue est infinie et le sol est couvert de jonquilles semblant à une nuée d’étoiles qui illuminent l’endroit. Comme au pic de Nore, ici est encore exactement un des ces coins qui nous font rêver. Sauf, que… Sauf que l’emplacement n’est pas parfaitement plat et serait certainement considéré impraticable pour tous les camping-caristes du monde. Nous tentons une cale sous la roue pour rattraper la déclivité. Elle s’enfonce dans la terre meuble.  Au diable l’impétueuse nécessité de plat, expérimentons une nuit bancale !

Le paysage nous appelle à l’aquarelle, les filles m’emboîtent le pas. Pierre nous rejoint avec l’apéro. Le moment est parfait. Pendant que je termine, Pierre prépare l’aligot. La soirée sera parfaite. Enfin, pas pour tout le monde. Solène a peur des grenouilles. A la maison, nous avions une rainette en poster et l’image du batracien est tellement grande qu’elle en devient impressionnante pour notre petite Solène qui n’a jamais vu de rainette de sa vie. Ce soir là, pendant le livre du soir, nous entendons subitement des grenouilles se mettre à croasser.

Les grandes sœurs savent qu’il ne faut surtout pas prononcer le mot « grenouille » car sinon Solène se met à répéter en boucle qu’elle a peur des grenouilles. Nous nous regardons plein d’expectative. Va-t-elle reconnaître le chant des grenouilles ? Pour tenter un explication qui la détournerait de cette piste, je dis « Ho, c’est le chant de la montagne ! ». A ce moment là, Lison écarquille les yeux émerveillée. Elle prend l’information réellement au premier degré sans comprendre mon intention. Capucine, Pierre et moi éclatons de rire. Puis Solène s’exclame… « Ai peuk e guenouille ! »

Pour notre troisième et dernier jour de carapate en Aubrac, nous restons où nous sommes. La nuit de travers était très acceptable. Nous descendons le vélo d’enfant et sortons tous les trésors de la malle : Arc et flèches, diabolo, balle,… Nous partons à la recherche des grenouilles. Nous explorons le bout du chemin. Nous re-faisons de l’aquarelle. Nous profitons.

Mais vous ne verrez rien. Au troisième jour toutes les batteries sont à plat, et nous ne sommes pas suffisamment équipés encore pour être autonomes dans tous les domaines. On ne devient pas expert de la vie nomade en un jour !

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