Saint Sébastien, le climat idéal

Jeudi 17 août 2023. Deba, Espagne. PPOOUUEETTTT Le chat klaxonneur a encore frappé. Ça, c’est pour la vingtaine de voisins qui nous ont empêché de nous coucher tôt hier soir. C’est l’heure d’allumer le pain, et de se recoucher en attendant.

La pluie a cessé ce matin, mais il fait toujours nuageux. Ce sera très bien pour visiter Saint Sébastien, en espérant qu’il ne pleuve pas trop comme lors de notre première venue début de notre voyage. Demain nous prendrons la route du retour, c’est officiellement notre dernière journée de voyage et nous espérons pouvoir en profiter un peu. Au programme, baignade si possible pour que Lison puisse « dire au revoir à l’océan », musée San Telmo pour être à l’abri de la pluie. Et éventuellement, éventuellement, un petit restaurant. 

Pierre a repéré que l’on pouvait se garer dans un secteur universitaire, à l’ouest de Saint Sébastien, pour voir la ville sous un autre angle. Il nous faudra longer toute la célèbre plage de la Concha, le coquillage, pour rejoindre le centre ville. Nous trouvons une place très bien, sous un épais manteau de feuillages et à 10 minutes des plages. Baba le chat y sera au frais, au cas où le soleil décidait de se lever. Car pour l’instant, c’est toujours un ciel gris menaçant que nous avons sur le dos. « On prend les maillots de bain et les k-way » je proclame une nouvelle fois. Ce pays me rend folle.

Plage d’Ondarreta

Le temps de quitter l’Emile-Pat et d’atteindre la plage, qui voilà ? Le soleil !… Un beau grand soleil et un air marin rafraîchissant. Le climat idéal ! La plage d’Ondarreta est déjà bien fréquentée, nous sortons nos kway de nos sacs à dos pour atteindre nos maillots. Et nous voilà, Solène, Lison et moi, commençant la journée de la meilleure manière possible. L’eau n’est pas très froide, il n’y a presque pas de vagues. La célèbre baie de la Concha rend le moment délicieux.

Pierre et Capucine nous regardent de loin, eux n’ont pas envie de se baigner et partent tous les deux explorer la ville en premier. Nous nous retrouvons pour midi. Ce fût une galère pour moi de remettre mon jean après la baignade, je regrette bien de ne pas avoir mis une tenue d’été aujourd’hui. Un pique nique frugal sur la plage, à l’ombre et sur de beaux rochers stratifiés sous le balcon du bicentenaire. Mince, nous avons encore faim.

Goûter-jeu

Trouvons une pâtisserie pour un bon dessert. Je crois que c’est notre jeu favori. Nous partons à sa recherche dans le Saint Sébastien où les gens vivent, hors des quartiers très touristiques. Une gentille boutique nous accueille et nous installe sur une table haute, face à la vitrine, face à la rue et au passage piéton.

Alors pendant que nous dégustons une part de gâteau ou un café, nous improvisons une étude sociologique passionnante. Y a-t-il plus de personnes qui traversent quand le bonhomme est vert, que de personnes qui traversent quand il est rouge ? Nous formons deux équipes, et chacune compte les traversées feu rouge ou feu vert. Verdict ? 107 personnes ont traversé au feu vert le temps de notre dessert, contre 102 au feu rouge. L’honneur est sauf. 

Musée San Telmo

Direction le musée San Telmo, musée d’histoire du peuple Basque. Un ancien couvent magnifiquement rénové, au pied du Mont Urgull, au cœur du vieux quartier de Saint Sébastien. Nous passons du quartier des grands boulevards et hauts immeubles classiques, à un quartier plus médiéval, rues étroites et échoppes de touristes. Flânerie. Nous regardons ce que les gens attablés en terrasse ont dans leurs assiettes pour trouver notre restaurant de ce soir. C’est très impoli mais nous sommes , double bonne surprise.

Sorolla le peintre

« Voyager pour peindre » raconte les voyages du peintre Sorolla au Pays Basque et nous montre plusieurs belles œuvres. Certaines prises sur le vif, debout, avec quelques coups de peinture à l’huile. J’aime beaucoup la photo de l’homme avec sa mini valise de peinture qu’il porte ouverte d’une main, peignant de l’autre.

Les filles font une découverte qui va changer leur visite : le musée prête des tabourets pliables. Pour dessiner comme elles le font, c’est le bonheur ! Mes deux grandes vont donc se promener pendant toute la visite avec leur grand tabouret qui me semble être plutôt mis à disposition pour les personnes âgées. 

Affiches publicitaires sur Saint-Sébastien

L’autre exposition, « Saint Sébastien, climat idéal ». Ha bah tiens, parlons-en de ton climat ! Notre première rencontre a été saucée, et maintenant nous avons trop chaud ! L’exposition rassemble une belle collection d’affiches, toutes dessinées, qui faisait la publicité de la destination touristique entre la fin du XIXe siècle et le milieu du XXe. Climat idéal est le slogan d’une affiche de 1934 qui faisait la promotion de Saint Sébastien en faisant allusion à ses bienfaits climatiques.

Les différentes affiches exposées permettent de ressentir la force graphique avec laquelle la ville, la province de Guipúzcoa et leur multitude d’événements estivaux, firent leur réclame à travers l’illustration. La récurrence de symboles graphiques, la baie, le coquillage, la perle, la mer et surtout les femmes, illustre comment une identité visuelle de la ville s’est progressivement construite.

L’œil de la communicante se délecte. Les dessins, délicieusement vintage et les typographies toutes plus farfelues les unes que les autres, ont clairement fait mon bonheur. Et autour de moi, ça dessine encore et encore. Chacune choisissant le modèle qui l’inspire le plus.

Entre la fin du XIXe siècle et la décennie des années 1960, le contexte fut idéal pour le développement de l’illustration touristique : la demande, le talent et les moyens de production étaient réunis. Les affiches et brochures donnent un aperçu de ce que fut Saint-Sébastien pendant un peu plus d’un demi-siècle, mais aussi l’image qu’elle cherchait à projeter à l’extérieur. 

L’histoire du Pays Basque

Bon, où est donc ce musée ? Il commence à se faire tard quand nous entrons dans l’exposition permanente. Nous enchaînons les salles en nous arrêtant sur ce qui nous intéresse le plus. L’histoire de la pêche à la baleine, en particulier, longtemps pratiquée par les pêcheurs Basque qui pouvaient naviguer jusqu’à Terre Neuve pour ramener un précieux cétacé. Avec, on récupérait la graisse pour faire du combustible, mais aussi des médicaments et des produits de beauté. Les os pour faire des meubles. Des bardes pour faire les baleines des corsets…. Tout est bon dans la baleine.

L’ensemble du musée retrace l’histoire du peuple Basque mais il faut avouer que nous nous sommes un peu perdus dans le déroulement chronologique de l’exposition. Quelques explications étaient traduites en français mais pas toutes. Nous avons picoré. Et beaucoup marché.

Nous retrouvons l’air extérieur avec l’idée de s’asseoir et de se reposer un peu. Pour les grands seulement. Mes deux singes de filles préfèrent se reposer les jambes en se pendant par les bras sur le jeu d’enfant installé devant le musée.

Fêtes patronales : La Grande Semaine

Seconde flânerie de la journée. Nous essayons de retrouver le resto qui nous avait attiré, sans vraiment savoir comment. Les rues sont noires de monde. Nous passons à côté d’un attroupement, ça applaudit et ça vocifère. Un tournoi de pelote Basque est en train de se jouer derrière une ruelle. Arrêt pour regarder les champions. Au port des gens dansent sur des airs latinos.

Sous un kiosque à musique un concert d’orchestre classique se joue. Arrêt pour écouter les musiciens. Puis une fanfare. Arrêt pour regarder passer tambours et trompettes. C’est une semaine de fête à Saint Sébastien. Nos flâneries nous emmènent tout à l’autre bout de la ville sans que nous soyons retombé sur ce restaurant. Le soleil est couché et les estomacs ont faim. Nous entrons un peu par hasard dans un restaurant argentin, le voyage fait un bond en Amérique du Sud. Empanadas, crème de maïs et parrilla de viandes grillées. Très bonne découverte.

Il est presque 22h et nous avons l’immense plage de la Concha à longer pour rentrer. La troupe avance toujours joyeusement, personne ne se plaint de la fatigue et je trouve que ces filles sont vraiment très résistantes. La ville est toujours noire de monde, des vagues de foules nous entraîne dans la direction de la plage. Moi j’aime ces bains de foule, cette chaleur humaine. J’ai une pensée pour ce temps où nous avions peur de nous rapprocher d’un inconnu, nous portions un masque de protection contre l’autre, les rassemblements étaient interdits… L’humain est un animal social, nous avons besoin d’être ensemble, de vibrer ensemble.

Compet’ de feu d’artifice

L’immense plage est elle aussi noire de monde, comme la promenade qui la longe. Les gens sont installés, assis ou allongés tous dans la même direction. C’est à ce moment tardif que nous comprenons. On nous le confirme. Un feu d’artifice va démarrer dans… 6 minutes. C’est un concours pyrotechnique qui se joue tous les soirs de cette semaine de fête. Juste le temps pour nous de trouver une place sur la plage, de se faire un oreiller avec nos sacs remplis de kways, de s’allonger, le spectacle commence. Les filles sont émerveillées. D’habitude nous ne courons pas après les feux d’artifices. Je pense à mon chat qui doit avoir peur, comme les oiseaux et toute la faune sauvage à des kilomètres à la ronde. Mais il faut avouer que pour nous, le moment est magique.

Il va vraiment falloir rentrer. Longer cette plage est interminable. Nous retrouvons notre maison et notre chat sans encombre. Les filles au lit. Le chat dehors. Les kway dans le placard, ils se seront bien promenés toute la journée dans nos sacs à dos. Nous restons un temps dehors pour rester avec le chat que nous tenons en laisse. Nous resterons dormir ici, le quartier est relativement calme. Basile fouine sous les arbres mais nous craignons de le laisser dehors toute la nuit, il y a des résidences partout autour de nous, nous devons être sur le territoire de nombreux chats. Le nôtre passera la nuit avec nous.

Epilogue de ce voyage en Espagne atlantique

Demain nous n’avons que 4 heures de route pour rentrer. Nous apprécions vraiment. Pour conclure ce voyage nous pouvons dire :

– que la météo a été à la hauteur de nos espérances, avec régulièrement de la fraîcheur, que ce soit l’air marin de la côte ou l’altitude des montagnes.

– que l’Espagne est un camping confortable pour les campings car, il y a des aires de service fonctionnelles partout, des stationnements réservés partout.

– qu’il y a eu beaucoup de monde, partout. Nous avions l’habitude de voyager hors saison, ou sous restrictions covid. Nous avons été assez dérangés en particulier par les difficultés pour se garer, le stress de trouver une place, les parcs à campings car où les voisins sont bien trop proches. Une collègue espagnole m’a confirmé qu’il y avait eu cette année une attractivité particulièrement forte de ce nord de l’Espagne pour les espagnols qui fuient les températures caniculaires au sud des monts cantabriques.

– Nos filles ont été particulièrement agréables. Plus serviables. Et tellement drôles. Pendant ces 4 semaines, nous ne nous sommes pas beaucoup ouverts à des rencontres. Nous avons passé tout notre temps ensemble, dans notre cocon familial, et ça nous a fait du bien. Nous avons beaucoup ri. Beaucoup de complicité. Nous avons beaucoup parlé et nous nous sommes beaucoup écoutés.

Capucine a beaucoup raconté son camp scout, le collège, beaucoup plus que d’habitude. Nous avons l’impression de mieux connaître sa vie. Elle a grandi, évidemment, dans son comportement de chrysalide adolescente aux gros besoins de sommeil. Mais elle est restée très souvent partante pour marcher, visiter,… Et elle reste incroyablement caline.

Lison a pris un maximum de plaisir à se baigner librement, sans bouchons d’oreilles, sans bonnet de bain, sans peur de mouiller l’intérieur de son système auditif. Fidèle à elle même, elle a toujours été à fond dans ce qu’elle entreprend, les baignades vagues-plongée, les rando, le crochet, le dessin…

Solène grandit trop vite. Elle marche autant qu’un adulte. Elle écoute nos conversations et nos blagues qui ne sont pas toujours de son âge. Elle enregistre tout et acquiert un humour et une répartie qui sont surprenants dans la bouche d’un si petit gabarit. Elle s’est intéressée à tous les musées, toutes les découvertes. Elle qui dormait sur le dos de son père à chaque visite que nous faisions en Carapate, a rattrapé le temps perdu. Découvert la préhistoire, l’art,… Et a beaucoup dessiné.

Nous rentrons contents de cet épisode supplémentaire de notre « notre tour d’Europe en caravane ». Moi je pense déjà à l’an prochain, je rallume la machine à rêver à de prochaines destinations, mais c’est pour ne pas trop vite penser au retour et à la reprise de la « vie normale ».

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