Astuvansalmi, les dessins préhistoriques

Dimanche 19 juillet 2020. Kivisilmäntie, Finlande. Au réveil, je m’échappe. Le lac est d’un calme plat. Hier, je n’avais pas osé aller très loin à cause de quelques courants, ce matin je m’aventure plus loin. Nous sommes à proximité d’un passage qui relie deux lacs entre eux, ou plus. Les lacs de Finlande sont très souvent reliés par de nombreux cours d’eau et forment un réseau lacustre et fluvial très complexe. De l’autre côté du pont, plusieurs maisons sont cachées derrière les arbres. Pontons privés, et jacuzzi au bord de l’eau. Quand je reviens, Pierre nous installe le petit déjeuner sur notre petite plage privée. Myrtilles dans le yaourt et en confiture. Ce dimanche commence doucement.

Et puis nous avons la confirmation que nos amis bretons, rencontrés à Tallinn, nous rejoindront aujourd’hui sur le site de la randonnée que nous prévoyons de faire. Une bonne nouvelle qui fait activer les enfants dans leur préparation. Deux dernières poêlées de champignon à mettre en bocal, un paddle à ranger au plafond, nous partons.

Randonnée vers les “rocks painting”

Le parking de départ de randonnée est en bord de route, en plein cagnard. Impossible de les attendre ici, nous marchons nous réfugier en forêt un peu plus loin sur le chemin. Je leur envoie une copie d’écran de notre point sur la carte. RDV au milieu de nulle part.
Le temps de pique-niquer, ils nous rejoignent. Nous sommes très contents d’avoir de nouveau de la compagnie pour partager ce voyage. Surtout Capucine qui trouve en Judicaëlle une copine de son âge. Elles se collent ensemble et papotent loin derrière les parents. Solène, Lison et Josserand courent devant.

La forêt est belle, clairsemée de pins et de bouleaux, elle ne nous protège que partiellement de la chaleur de se samedi de juillet. Pourtant, Pierre trouve des champignons encore et encore. Cèpes et girolles. Les bretons ne sont pas des pratiquants mais se montrent très curieux. Cours de cueillette.

Au bout de notre chemin, Astuvansaimi, un rocher couvert de dessin préhistoriques. Le plus grand site de Finlande. 17 mètres de large et 8 mètres de haut. Plus de 60 motifs ont été identifiés, des figures humaines, des animaux, orignaux, chevaux, élans… des bateaux et des mains. Le rocher plonge dans l’eau du lac Saimaa dont le niveau a varié durant son histoire, amenant temporairement sous l’eau les dessins les plus bas. Des recherches autour de l’endroit ont permis de retrouver deux fragments de pointe de flèche, trois pendentifs en ambre à visage humain et un pendentif en ambre perforé qui pourrait représenter un ours. Sur les dessins, ce qui nous interpelle sont ces tâches dessinées à l’endroit du cœur des animaux.

Déjà à l’âge de pierre, le cœur semblait avoir une signification particulière. Sur les figures humaines, le cœur n’est pas représenté, ni même  les yeux. Parmi les 17 figures humaines, trois semblent être des femmes et une tient un arc. Les dessins ont été exécutés avec de la peinture à base d’ocre rouge. La composition précise et la méthode de préparation restent encore à connaître. Elle a probablement été fabriquée en chauffant de l’oxyde de fer auquel on a ajouté de la graisse et du sang, et peut-être des œufs d’oiseaux comme liant. Les dessins peints ont survécu grâce à un revêtement protecteur transparent d’oxyde de silicate formé par des minéraux se dissolvant de la paroi rocheuse.

Nous regardons ces dessins millénaires avec émotion. Il est rare de pouvoir voir des originaux, et non pas des reproductions dans un musée. Beaucoup sont invisibles à notre œil, effacés certainement. Mais certains se distinguent clairement, comme la forme de cet élan par exemple, avec son gros museau rond, on dirait un personnage de dessins animés.

Ce soir nous restons ensemble. La plage du village de Ristiina sera notre jardin. Nous sommes toujours au bord du lac de Saimaa, le plus grand lac d’Estonie. Un petit port de plaisance, une petite plage protégée, il est l’heure de jouer ensemble au paddle pendant que les parents préparent les champignons. Une soirée entière à jouer pour les uns, une soirée entière à discuter pour les autres.

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