Berlin, d’un bout à l’autre du mur

Lundi 10 août 2020. Berlin, Allemagne. C’est une vraie joie d’être à Berlin et nous sommes très heureux de pouvoir la visiter. Capitale jeune au passé riche. Nous nous sommes préparé un programme chargé, nous sommes prêts pour une grosse journée.

Cette nuit a été un peu difficile, la chaleur en début de nuit, la circulation au petit matin. Mon pain qui a un peu trop cuit. Bref, nous sommes prêts tôt, hâte de partir. Direction le mémorial du mur, pour commencer. Les filles connaissent l’histoire du mur de la honte, elles l’ont lu et relu dans leur livre de l’histoire du monde en BD. Elles aussi sont curieuses d’aller le voir en vrai. Au centre de Berlin, le mur n’est plus. Il faut aller un peu en périphérie, sur Bernauerstraße, pour parcourir le long parc urbain qui a été aménagé à la place de l’ancien no man’s land entre les deux murs. Là, les vestiges des fortifications et les traces de l’histoire ont été mises en valeur, et un parcours de panneaux explicatifs fait office de musée à ciel ouvert. Les pieds dans l’herbe fraîche, nous plongeons dans cette époque incroyable où les berlinois n’étaient plus libres de rien. De passer, évidemment, mais aussi de penser. Dictature communiste, police secrète, dénonciations,…

Faire le mur

Après la guerre, le SED, le parti au pouvoir, avec l’aide des forces d’occupation soviétiques, a commencé à établir une dictature, d’abord dans la zone d’occupation soviétique et à partir de 1949 en RDA (Allemagne de l’Est). Cependant, une grande partie de la population est-allemande n’était pas d’accord avec le nouveau système politique et économique. En revanche, la République fédérale (Allemagne de l’Ouest) et Berlin-Ouest, avec leur offre de liberté, de prospérité et de modernité, était très attrayante. Une migration de masse vers l’Ouest a donc commencé à la fin des années quarante qui, dans les années cinquante, avait atteint des proportions très importantes. En août 1961, la RDA avait perdu un sixième de sa population. En 1952, le SED avait presque complètement fermé sa frontière avec la République fédérale aux citoyens de la RDA. Les voyages vers l’ouest de l’Allemagne nécessitaient une approbation. S’installer dans l’Ouest sans permission était considéré comme illégal. “Fuite de la république”. Le 13 août 1961, le SED a commencé à ériger des barbelés et des murs pour sceller la frontière tout autour de Berlin-Ouest. On espérait que cela mettrait fin une fois pour toutes à la migration massive et croissante. Avec ce mur, le SED a également voulu stabiliser son pouvoir sur le peuple de la RDA et démontrer sa souveraineté au monde. Mais les barbelés et les murs n’ont pas arrêté les tentatives d’évasion et les barrières frontalières ont été continuellement élargies et renforcées.

Détruire le mur

“Et Maman, comment ça s’est passé quand ils ont cassé le mur ? – En 1989, j’avais cinq ans et j’ai un souvenir très clair de l’événement retransmis à la télévision. Attends, regarde.” Cette partie de l’histoire n’est pas abordée dans le Mémorial. Mais en trois clics, je retrouve quelques reportages télévisés d’Antenne 2 avec Daniel Bilalian aux commandes. Nous revivons le moment historique sur mon petit écran, assis dans l’herbe.

Checkpoint Charlie

Un saut en métro, nous terminons la séquence à Checkpoint Charlie. Cette petite cabane de douane toujours debout au milieu du boulevard était le seul point de passage en l’est et l’ouest. Maintenant elle est devenue une petite attraction touristique entourée de boutiques de babioles.

Un autre saut en métro, nous arrivons dans le quartier Schwarzenberg où l’on trouve une terrasse très agréable et un repas à la mode allemande, copieux. Mais nous sommes désormais habitués, nous avons notre boîte dans le sac, ça nous fera un second repas ce soir.

Mémorial aux Juifs assassinés d’Europe

Un bus, et nous filons pour notre visite de l’après-midi, la coupole du Reichstag. Et non, nous nous cassons le nez dessus, il fallait réserver, corona oblige. Tant pis, autour il y a des choses à voir.

Porte de Brandebourg. Mémorial des juifs. 2 711 stèles de béton parfaitement alignées perpétuent le souvenir des victimes juives d’Europe exterminées par les nazis.

L’endroit est vraiment surprenant. Les enfants y voient immédiatement un labyrinthe géant et nous ne tardons pas à les perdre. Nous, nous y voyons un champ de tombes où l’on s’y enfonce insidieusement. C’est assez déstabilisant et l’on s’y sent mal à l’aise. L’effet escompté certainement.

L’endroit veut représenter “un système supposé ordonné qui a perdu le contact avec la raison humaine.”

Quelques pas, une terrasse et un jus rafraîchissant. Trois autres pas, nous trouvons la librairie Française de Berlin. LA LIBRAIRIE FRANCAISE !!! Les filles entrent en exultant de joie, sauf qu’ici, le vendeur est francophone et comprend tous leurs bavardages. Un regard malicieux. Il semble être content de voir des enfants aussi heureux de trouver des livres. Ce qu’il ne sait pas, c’est que les filles lisent les mêmes livres depuis… Thessalonique, en Grèce, en février. Un peu de renouveau les occupera quelques jours.

East-side Gallery et street-art

Il est tard mais nous ne sommes pas encore épuisés. Zou, un autre tram et nous arrivons à l’autre bout de Berlin, au sud, où nous retrouvons le mur, bien debout. Ici, il a été envahi par le Street art. East-side Gallery, une exposition urbaine à ciel ouvert. En 1989, juste après la chute du Mur, des dizaines d’artistes viennent peindre la partie est du Mur, qui était restée inaccessible jusqu’alors. Projet totalement spontané, c’est toute la joie et l’euphorie du moment qui s’expriment. En 2009, la galerie s’offre un lifting complet et seulement quelques œuvres sont encore d’origine, comme la fameuse voiture Trabant défonçant le mur. Les peintures reflètent l’atmosphère libertaire et bohème du Berlin d’aujourd’hui, un assortiment d’images surréalistes, de déclarations politiques et de messages pacifistes.

Voilà, ce mur, nous l’aurons vu presque d’un bout à l’autre. Demain, ce sera art !

Mardi 11 août. C’est le musée d’art dégénéré, que nous voulions voir. Ce musée où l’on expose les œuvres confisquées par les nazis à leur époque. Van Gogh, Picasso, Klee, Matisse, Braque,… Quel mauvais goût ces nazis. Vérification faite, il est bel et bien fermé en ce moment. Le plan B, c’est le musée Pergame qui nous plaisait, musée d’histoire et d’archéologie. Son site n’est pas clair mais il semble ouvert. Après avoir tourné autour avec quelques autres touristes, un garde nous confirme que non, il est fermé. Déception. Nous aurions tellement aimé voir le buste de Néfertiti. Il y a bien d’autres musées autour qui sont ouverts, le Neue museum, mais le cœur n’y est pas. Tristes, nous partons à Berlin-ouest, à l’ouest du parc Tiergarten, voir l’église du Souvenir. Un clocher en ruine. Entouré de deux hexagones de vitraux bleus. Surprenants.

L’église du Souvenir

C’est l’empereur Guillaume II qui a commandé la construction de cette l’église en 1891, à la mémoire de son grand-père Guillaume I.

D’où le nom : Kaiser Wilhelm Gedächtnis Kirche. Son architecture de style néo-roman imite l’architecture de la Rhénanie médiévale. Dans la ruine, de très belles mosaïques nous rappellent celles de Ravenne ou de Palerme, avec un style plus fin encore. L’église, et tout le quartier, ont été victimes des bombardements pendant la seconde guerre mondiale, en 1943.

Aujourd’hui, il n’en reste que des ruines soigneusement conservées. En 1961, une nouvelle église à l’aspect étrange est construite, un bâtiment hexagonal, tapissé de vitraux bleus. A l’intérieur, un Christ doré tout aussi étrange flotte au-dessus de l’autel. Sur un des parvis extérieur, se situe un discret mémorial en l’honneur des victimes de l’attentat terroriste au camion-bélier de 2016 lors du marché de Noël.

Quelques pas, nous rejoignons Tiergarten pour un repas dans un biergarten bien agréable, au frais sous les arbres. Un bus, nous partons explorer le quartier branché de Prenzlauer Berg autour de la Kastanienallee. Capucine est toute contente de faire quelques boutiques et des achats pour sa rentrée au collège.

Et puis nous rejoignons Émile-Pat pour partir s’installer plus loin, hors de la ville et de son trafic incessant, plus loin au frais sous quelques arbres. Là, nous avons un jardin et un bateau pirate. Et un lac, derrière un mur de roseaux.

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