Jeudi 12 août 2021. Budapest, Hongrie. Ce matin nous n’avons plus de lait dans les cales. Au lever du soleil, je décide de me rendre à l’épicerie du quartier à quelques pas de là. Il est tout juste 6h, ici on dirait que tout le monde se lève aussi tôt.
La citadelle de Budapest
Après le petit déjeuner, et puisque que nous sommes stationnés sur la colline Gellért, nous décidons de gravir les quelques mètres qui nous séparent du sommet pour rejoindre la Citadelle et la statue de la liberté. Avant 8h s’il vous plaît, après il faut payer le parking et nous n’avons pas de petites pièces. Ils sont fous ces parents.
Les filles se plient à nos désirs mais au moment de partir, nous trouvons Basile dans la résidence voisine, en train de renifler chaque feuille d’un arbuste. Malgré nos appels, malgré le bruit du pot de croquettes, non, il nous nargue avec un certain plaisir.
Tentons de partir pour notre balade, ça lui apprendra. Nous savons qu’il peut se réfugier dans le moteur si besoin. Nous partons. Malchance, toute la Citadelle est en travaux et fermée au public. Des grilles partout. Impossible de voir la statue de plus près.
Tant pis, allons en voir d’autres des statues. Et allons retrouver notre Baba. Le chat est bien là, dans le moteur. Il a dû avoir peur de nous savoir partis.
Memento Park
La visite du matin est somme toute originale. À l’écart de Budapest se tient le cimetière des statues communistes. Après sa chute en 1989, la ville décide de déboulonner les statues de Lenine et autres symboles de la domination de l’URSS et de les conserver dans un musée en plein air. Un musée appelé « cimetière ». Le parc se situe dans un terrain aménagé à la périphérie des quartiers populaires de Buda. Il ouvre à 10h. Flûte. Allons faire le plein de lait et autres victuailles en attendant.
Un immense mur fait office d’entrée du « Mémento Parc ». On dirait qu’il n’y a rien derrière. Fait exprès. Nous restons aussi perplexes devant une paire de hautes bottes abandonnées sur leur socle. Il s’agit des restes d’une statue monumentale, haute de 8 mètres, érigée à la gloire de Staline. Elle surplombait la Place des Défilés dans le centre de Budapest pour y accueillir les dirigeants communistes qui saluaient la foule défilant lors des parades solennelles. Lors de l’insurrection de Budapest en octobre 1956, la population l’a entièrement détruite, ne laissant que ces bottes dans lesquelles était planté le drapeau hongrois.
La Trabant
À l’entrée, l’hôtesse d’accueil nous invite à nous installer dans une jolie Trabant bleu vif, la voiture populaire par excellence fabriquée en Allemagne de l’est. Capucine au volant. La boutique vend beaucoup d’articles à l’effigie des élites communistes. Ostalgisme ? Nostalgie de l’époque de l’Allemagne de l’est, « ost » en allemand ? C’est assez déroutant. Mais parmi les articles il y a aussi des caricatures se moquant de cette époque. Paradoxe.
Personnalités politiques, héros de la révolution ou soldats, figures emblématiques de catégories sociales, paysans, artisans, ouvriers, intellectuels,… le parc regroupe 42 statues colossales, fabriquées de 1945 à 1989. Lénine, Marx, Engels, … ils sont tous là.
Dans une baraque, un film montre un aperçu des méthodes d’entraînement des agents secrets dans la Hongrie communiste. Tournés entre les années soixante et quatre-vingt, à l’intention des élèves-apprentis des services secrets de l’État, ces films servaient de support pédagogique pour leur instruction, illustrant les méthodes de fouille et de perquisition, d’observation et de filature des citoyens et de recrutement d’indicateurs.
Peu après l’ouverture de cet espace muséal, les débats autour du destin de ces effigies se sont apaisés. Que l’existence de ce musée-cimetière décidé par les autorités soit rapidement devenue l’objet d’un consensus positif dans de larges couches de la société, qui, pourtant, évitent de le visiter, montre qu’un fort but symbolique implicite a été atteint.
Nous retrouvons Basile pour midi pour un déjeuner sur le parking du site, au son des marches révolutionnaires hongroises et soviétiques.
D’autres vestiges de la période communiste en Europe
Même si l’Albanie a quitté le pacte de Varsovie en 1968, son dictateur n’en a pas moins fait subir de répressions à son peuple. Les bunkers sont visibles dans tout le pays, certains ont été transformés en musées : les bunk’art de Tirana. La visite du no man’s land et du mur de Berlin offre une entrée en matière pour expliquer à nos enfants cette part d’histoire qu’ont vécue certains de nos frères européens. En Bulgarie, le parti communiste a fait construire sa salle de congrès, le monument de Buzludzha, en pleine montagne. A Sofia, certaines statues communistes sont toujours en place, et font polémique.
Laisser un commentaire