Cagliari, à la rencontre des Sardes

Vendredi 29 novembre 2019. J153. Pula, Sardaigne. Manuela nous accueille dans sa petite école de langues. Elle est belle, cheveux ébène et yeux clairs, toute ronde du bébé qu’elle attend. Sa petite école est joliment décorée, blanc et bleu comme ses yeux. Elle nous installe dans sa salle de classe, nous offre un café et quelques biscuits que sa maman est allée chercher pour nous à la boulangerie, des ciambelline.

Les filles, tout naturellement, s’assoient comme à l’école et dessinent tranquillement, chacune dans son coin. Stella, la fille de Manuela, n’est pas à l’école aujourd’hui car il y a grève. C’est exceptionnel nous dit-elle, les professeurs ne font jamais grève habituellement. Cet événement pourrait permettre à nos filles de jouer avec une enfant de leur âge, non, elles dessinent chacune dans leur coin.

Stella ne parle pas français. Il leur faudra du temps pour se rapprocher et jouer ensemble. Le tableau blanc sera le bon prétexte. Les grandes dessinent ensemble, Solène s’amuse à effacer leurs dessins, et ça fait rire tout le monde.

Sardo-européenne

Manuela à fait ses études de langues à Bologne en Italie, puis à Cologne en Allemagne où elle a rencontré notre amie Nancy. Elle parle 5 langues : italien, anglais, allemand, français et sarde. Elle est contente de nous recevoir car ça lui permet aussi de pratiquer son français. Elle a peu d’élèves qui demandent des cours de français, elle travaille surtout l’anglais pour les jeunes et  professionnels du tourisme, ou l’italien pour les nouveaux arrivants.

Elle nous parle de son attachement à son île, tout aussi important à ses yeux que son attachement à son pays et à l’Europe. Elle ne comprend pas ceux qui peuvent rêver d’indépendance, ici où dans d’autres régions d’Europe. “Bien sûr je suis attachée à aux traditions de mon île, à son histoire, à sa langue régionale. C’est très important pour moi. Mais je me sens tout autant italienne que sarde. Et tout autant européenne. Je peux voyager partout en Europe, j’ai des amis un peu partout. J’adore Paris. Avec Nancy nous y avons travaillé ponctuellement pour un salon. J’adore les langues et l’ouverture qu’elles m’apportent est très importante pour moi. Aujourd’hui, dans mon école, je rencontre des gens qui viennent de partout, ils me racontent leur pays, leur ville, leur vie. Ça m’apporte beaucoup.”

Nous passerons une bonne partie de la matinée à papoter autour du petit plateau de biscuits qui se videra tout seul. Il fait bon vivre en Sardaigne l’hiver. On sent que les gens prennent le temps. Stella ne va à l’école que le matin. Manuela ne travaille que l’après-midi même si elle termine parfois tard dans la soirée. Nous avons eu de la chance de la rencontrer, de toucher un peu du doigt l’âme sarde, fière, attachée à ses origines, mais également moderne et très ouverte.

Cagliari

Nous avons rencontré une sarde d’aujourd’hui, nous irons cet après-midi rencontrer les sardes d’autrefois. Direction le musée d’archéologie de Cagliari pour en savoir plus sur l’histoire de l’île. Notre bateau pour la Sicile est à 19h30, embarquement à 18h. La visite de la ville sera courte mais nous y tenons. Nous grimpons les ruelles de la vieille ville au pas de course, en nous retournant quelques fois pour regarder l’horizon qui se dévoile au dessus des toits. La ville est méditerranéenne, bâtiments classiques aux couleurs jaunes, rose, ocre. Un petit air niçois. Le centre historique est perché sur une colline où l’œil porte loin, de l’ouest à l’est. C’est très agréable.

Musée d’archéologie, histoire de la Sardaigne

Les filles sont enchantées de visiter ce musée. Il regorge de statuettes et d’objets antiques classés par époque. Certains sont reproduits en plastique de manière à pouvoir être tripotés. Évidemment, elles adorent ! Après l’époque néolithique et l’âge de fer, c’est surtout les époques suivantes qui attirent notre attention car nous ne les connaissons pas du tout. La civilisation nuragique, peuple insulaire, qui apparût à la fin de l’âge de bronze et est connu pour ses tours nuragiques encore présentes sur l’île. Les nuraghes étaient aussi de fins artisans qui fabriquaient de petites statuettes de bronze représentant les différents membres du village, leurs bateaux, leurs animaux. Puis sont venus les phéniciens (de l’actuel Liban) et plus tard des peuples puniques venant de Cartagène (l’actuelle Tunisie), apportant avec eux leurs cultures et leurs savoirs-faire. Nous restons scotchés devant de petites bandelettes d’or, gravées de prières égyptiennes, roulées et cachées dans de toutes petites amulettes retrouvées dans les tombes de la nécropole de la cité phénicienne de Tharros visitée la veille. Pourquoi les phéniciens laissaient-ils au cou de leurs morts des prières égyptiennes ? Peut-être car il ont été pendant un moment sous domination de l’empire égyptien.

Nous ressortons ravis de nos découvertes et déçus de ne pas avoir eu le temps de dessiner quelques objets. L’heure de l’embarquement approche et nous redescendons de notre colline à grandes enjambées. Palerme, nous voilà !

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