Castelmezzano, l’escalier vers le ciel

Mercredi 18 décembre 2019. J171. Ce matin, c’est Capucine qui est venue se faufiler malicieusement dans notre lit. Un réveil câlin. C’est mieux qu’un réveil qui sonne. L’Emile-Pat’ a bien résisté au climat montagnard, le chauffage chauffe encore, je le monte un peu pour aider tout le monde à sortir de la couette. Et puis je regarde où l’on est, le rituel du matin. Nous sommes au dessus d’une épaisse couverture de nuages qui remplit la vallée. Un soleil timide s’installe. Parfait, il ne nous en faut pas plus pour bien démarrer la journée. Aujourd’hui, nous ferons l’école le matin car hier soir c’était trop difficile.

Capucine au français, Lison à la flûte, et Solène recopie les lettres d’une publicité… elles n’a plus de lettres en pointillé à suivre, on fait avec ce que l’on a. Aujourd’hui, nous avons aussi envie de rouler pour nous rapprocher de Rome. Noël est dans quelques jours et nous sommes encore si loin ! Mais à proximité d’ici, il y a deux jolis villages accroches à des rochers. Nous hésitons à faire le crochet, mais comme toujours, la curiosité nous guide. C’est à cinq minutes de route, mais c’est très escarpé. Nous nous méfions des villages étriqués de l’Italie, pas envie de se coincer… Park4night nous rassure, il y a un premier parking qui est accessible aux bus. Essayons. Et dire que nous avons failli ne pas y aller…

Labyrinthe de Castelmezzano

Un tunnel traverse la montagne et paf, nous sommes arrivés sur une autre planète. Nous nous garons, le stationnement est juste là. À notre gauche, quatre dents rocheuses surmontent une grappe de maisons accrochées en l’air. Superbe. L’enthousiasme est général. Là-bas, sur l’une des dents, un belvédère et au dessus… un escalier, taillé dans la roche, mène vers… rien. Un bout du monde, vertical. Vite, traversons ce village et montons voir ça de plus près.
Sauf que qu’un village comme ça, ça ne se traverse pas d’un trait. Aucune rue n’est droite, chacune nous invite à aller voir au bout et aucune ne nous amène au bon endroit.

Nous nous épuisons à monter par là et à redescendre par ici. Parfois, les escaliers sont minuscules, coincés entre deux maisons. Par là, c’est une échelle qui permet d’accéder à la porte d’entrée de cette maison, construite sur le flanc d’une autre dent rocheuse. Quelle idée ! Nous finirons bien sûr par trouver notre chemin et par entamer l’ascension vers le ciel. Nous n’arriverons pas en haut de la dent, fermée et réservée aux personnes en équipement de sécurité, évidemment. Une incroyable Via Ferrata parcourt ce massif. Ça fait envie. De l’autre côté des dents, la vue est tout autant grandiose. On y verrait presque la mer Adriatique.

Ruines d’un château normand

Renseignements pris, nous nous trouverions sur des ruines d’un château normand. L’escalier creusé servait d’accès au point de guet pour surveiller la vallée.

Sur notre chemin de retour, nous faisons un arrêt à la boucherie du village. Toujours s’arrêter dans les petites boutiques des gens du coin. On demande ce morceau de viande de boeuf, le boucher refuse. Il nous donne autre chose, des côtes de porc à la couenne épaisse. Un label qualité local de cochons qui paturent dans les bois apparemment. Nous nous laissons faire avec gourmandise. 10€/kilo, nous pouvons.

À l’Emile-Pat, les épaisses côtelettes grillent à petit feu en suant toute leur graisse. Heureusement qu’il fait beau et que nous pouvons ouvrir en grand fenêtres et portes… Nous ne mangerons rien d’autre, juste un bout de bon pain pour accompagner. Un régal.

A l’approche de Pompéi

Voilà une matinée mémorable que nous avons bien failli louper. Nous prenons la route, les filles sont prévenues, elles doivent arriver à se tenir calme pendant deux heures. Direction Pompei ! L’étape tant attendue par Capucine et Lison. Elles en connaissent déjà l’histoire par cœur grâce à leur livre. “C’est tellement important pour moi de voir Pompei” m’avoue Capucine. Pendant les deux heures de route, j’ai du passer une heure et demie à éplucher tous les stationnements possibles pour ce soir et le suivant. Nous avions entendu dire que ce coin était compliqué, il l’est. Même les campings payants ne semblent pas sûrs. Je trouve un spot pour ce soir à 30 minutes de route du site historique, c’est ce qui nous paraît le mieux, et en plus la ville fournit l’électricité gratuitement. Nous contournons Salerne et ses routes suspendues à la montagne, le trafic est très dense, c’est impressionnant et compliqué. Nous ne nous aventurerons pas le long de la célèbre côte amalfitaine, les campings car n’y sont pas les bienvenus et franchement, nous n’avons pas envie d’insister.

Au spot, trois autres campeurs se partagent la seule prise électrique… Il n’y a pas de place pour nous. Pour une fois que nous aurions pu passer une soirée pas dans le noir… Nous rallumons notre bougie mais demandons quand même au campeur d’à côté, au moins pour charger l’ordinateur. Il ne parle pas un mot de français ni d’anglais, mais nous nous comprenons. Il prend notre ordinateur et le branche à son système électrique. Les filles ont commencé ensemble un jeu de bateaux en Légos qui les passionne, elles sont inarrêtables. Pierre et moi les abandonnons à leurs histoires et bloguons tranquillement ensemble, puis brin de causette avec les voisins siciliens.

“Est-ce qu’il existe un “C’est pas sorcier” sur Pompei ?” Me demande Lison. La réponse est oui. Nous le regardons donc en mangeant, et Capucine se permet même de faire remarquer à Jamie qu’il n’est pas suffisamment précis. “C’est six mètres de cendre qui se sont abattus sur la ville, il ne l’a même pas dit !”. Demain, nous n’aurons pas besoin d’un guide, nous avons Capucine.

Un des plus beaux villages d’Italie

Castelmezzano fait partie des plus beaux villages d’Italie, recensé par l’association “I Borghi più Belli d’Italia”, au même titre que Tropea et Alberobello.

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Une réponse à “Castelmezzano, l’escalier vers le ciel”

  1. Avatar de creusoise
    creusoise

    Joyeux Noël , la carapate !

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