Cueillette et bicyclette sous la tempête

Samedi 27 juin 2020. Białowieża, Pologne. 4h30. Le soleil se lève et la lumière inonde notre lit. Je referme le lanterneau mais ce matin, je m’échappe. Puisque je suis réveillée si tôt, j’ai envie d’en profiter pour aller voir ce ciel rose et pourquoi pas quelques animaux. L’air est bon, le soleil monte déjà, le ciel est beau et le paysage magnifique. Un écureuil se bagarre avec un pic épêche. Un cigogne picore dans le champ. Une sitelle prend la pose. Des petits oiseaux se toilettent sur un fil. Tiens, un renard me surveille là bas au loin, en chassant quelques souris des champs.

Et puis je retourne me coucher. Aujourd’hui nous avons décidé de rester une deuxième journée à Białowieża, voir peut-être même une troisième. Plusieurs raisons. D’abord nous avons besoin de nous reposer de toute cette route.

Ensuite, il y a tellement de balades à faire dans cette forêt que nous avons envie d’en profiter.

Plan retrouvailles avec Vert Vanlife

Mais surtout, nous avons senti que c’était le bon moment pour attendre nos amis des Vert Vanlife. De leur côté, ils ont réussi à traverser les Carpates Slovaques, ils ont visité Cracovie et les mines de sel de Wieliczka, ils ne sont “plus qu’à” 6h de route de nous. Avec les routes polonaises, neuves, plates et rectilignes, ils vont peut-être réussir à nous rattraper.

Nous avons senti que c’était le bon moment de partager un bout de route avec eux car vivre à deux familles change l’équilibre de vie, les enfants jouant ensemble, les parents respirant un peu de leur côté, nous en avons besoin. La perspective des retrouvailles avec nos amis reste secrète, motus et bouche cousue. Quand la troupe se réveille, nous déclarons ouverte la journée de la bienveillance. Ce matin, les filles semblent avoir compris et l’ambiance est joyeuse. Papa a décidé du programme, ce sera vélo pour les uns, rando pour les autres, aujourd’hui, nous nous séparons. Il partira faire du vélo, moi une promenade-cueillette et les filles choisiront leur camp.

Changement de spot, nous retournons  au parking de départ de randonnée au cœurs de la forêt, là où il y a deux jours nous avons vu des fraises des bois. Un arrêt au village, Capucine fait l’école car ici nous captons internet. Je cherche une épicerie pour trouver des fruits. Pommes, origine Maroc. Les petites épiceries de village ne sont pas mieux que les supermarchés… Nous cueillerons des fraises. Sur le parking, nous nous stationnons de manière à créer un petit jardin à l’ombre entre le camion et la prairie. Tapis, coussins, jeux, pâte à modeler et lecture pendant que Papa part cueillir. Il fait très très chaud et le temps est lourd, écrasant. Quand ça s’énerve, c’est que ça a faim. Salade fraîche et yaourt aux fraises des bois. Un régal. Et puis sieste, Solène en a besoin. Pendant que je retourne aux fraises. La cueillette des fraises des bois a un rendement incroyablement faible. Une heure pour remplir un petit pot. Laisse tomber le projet de confiture, nous les mangerons comme ça, juste avec du yaourt. Pendant que je cueille, l’orage éclate une première fois. Je reste sous la pluie, une douche chaude fait tellement du bien. Cueillette sous la tempête.

Cueillette et rando vélo dans la forêt

Quand je retrouve ma clique, Solène dort profondément. Les filles jouent calmement. Ça change. Rapidement, l’orage passe et le soleil revient, aussi vite que ça. C’est le moment de sortir les vélos. Solène et Lison choisissent la balade avec Papa, Capucine n’a pas envie de se promener avec moi. Ma pré-ado… Mais elle vient quand même, elle a encore moins envie de rester seule. Ma petite fille. Sacs à récolte et livre des plantes comestibles dans les mains, nous partons. J’ai repéré des crosses de fougères, je n’ai jamais goûté. J’ai envie de trouver de l’oxalis, dans ses sous-bois, c’est trop facile. Et j’aimerais bien trouver de l’achillée millefeuilles car c’est réputé et je n’ai encore jamais essayé. Cette forêt est quadrillée par des pistes. S’y aventurer est assez facile. Il y a en outre beaucoup de promeneurs, elle est très visitée. Et pleine de moustiques. En marchant, nous sommes presque tranquille mais s’arrêter pour cueillir est compliqué, nous sommes assaillies.

Cachées sous des arbres, Lison et Pierre nous retrouvent. Ils ont fait un grand tour à vélo en chantonnant. On se croirait en colonie de vacances. “La Solène habite au Piclou, mais pour manger elle vient chez nous. Au Piclou y’a pas de toutou, juste besoin d’avoir son doudou. Solène est la reine du Piclou, mais pour s’brosser les dents elle a besoin de maman…”. Les enfants veulent changer de parents, Pierre repart faire du vélo avec Capucine. Solène et Lison se mettent à cueillir des oxalys avec moi avant de rentrer tranquillement à la maison. L’orage éclate une deuxième fois. Capucine et Pierre reviennent trempés comme des soupes. Bicyclette sous la tempête.

Pendant le repas, pâtes-champignons-oxalis, je garde mes autres trouvailles pour les partager demain avec Séverine, adepte de la cueillette elle aussi. Les filles nous demandent où l’on va demain. Rester deux jours à un endroit ça arrive, mais après on reprend la route d’habitude. “Demain on reste ici, dans cette forêt, j’ai repéré un autre secteur à explorer, un peu plus au nord, près de la rivière Narewka.” Surprise. “On reste ici ? Mais on part quand ?… – Et vous, qu’avez-vous envie de faire ? – Retrouver les Vert Vanlife”, répond, maline, Lison. “Hola, mais ils sont encore au sud de la Pologne, ils viennent de visiter les mines de sel !…” J’essaye de lui mentir comme je peux, car ils m’ont envoyé un message, ils ont bien roulé aujourd’hui, ils devraient nous rejoindre demain.

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