Lundi 2 septembre 2019. J63. Irlande. Nous recevons pleins de messages d’amis ce matin. Déjà ? Les copains sont déjà à l’école ? Mais il n’est que 7h30, nous sommes encore au lit nous… ??? Ha oui, il y a une heure de décalage !
Je ne vous cache pas que cette rentrée 2019 n’a pas le goût joyeux des rentrées habituelles. Les copains sont loins, la maîtresse est relou, la CE1 est leeennte et la CM2 s’énerve… C’est pas mon job d’être une maîtresse, alors soit mes élèves veulent travailler et je les accompagne, soit… Je sais pas vraiment comment m’y prendre. Patience. Dialogue. Il faut qu’on se comprenne, qu’on trouve notre place les uns et les autres, notre équilibre.
Ce matin, nous avons la chance de voir le soleil pointer sur les belles montagnes des Wicklow. En plus, la saison est à la bruyère fleurie. Les couleurs du paysage me plaisent beaucoup. Pourpre pour la bruyère, doré pour les herbes sèches, un peu de vert, toujours du vert dans ce pays. C’est particulièrement esthétique. Je fais quelques croquis à peindre plus tard. Mais quand l’école est finie, la pluie s’est installée. Et sur notre col, il fait bien froid et venteux. Tant pis pour la randonnée, nous avançons.
Un petit désembourbement et une balade sous la pluie
Une cascade à proximité sera notre spot déjeuner. Mais au chaud à l’intérieur. Une balade pour essayer de la voir, le parking est au dessus de la cascade… On ne la voit pas vraiment. Nous reprenons la route. Nous aimerions trouver une balade à faire : un parking, un chemin et pas trop de pluie, mais ce n’est pas facile à trouver. La route serpente à travers les hauts plateaux, le paysage est magnifique, mais on ne peut pas s’arrêter… Dernier col avant Dublin. Un chemin trace droit dans la lande. Il y a un espace pour se stationner devant la barrière qui le ferme. Disciplinés, nous voulons nous garer de façon à laisser le passage pour le chemin. Je sors, Pierre se serre d’un côté, ça ne suffit pas. Je rentre « Laisse tomber, je ne le sens pas. Il y a beaucoup de vent en plus ».
Pierre tente de se garer de l’autre côté. Il se serre bien, et sa roue arrière gauche dépasse le béton qui fait cette chaussée et s’enfonce de 20 cm dans un petit bout d’herbe, spongieuse comme de la tourbe… Planté. Oups. Impossible d’avancer, ça glisse. Impossible de reculer non plus car le pot d’échappement touche presque le sol. Et nous sommes juste au milieu de nulle part. Nous éteignons le moteur et nous réfléchissons. Idée numéro 1 : les plaques de désensablement, en caoutchouc flexibles, peuvent permettre au pneu de s’accrocher. Idée numéro deux : la cale de camping-car, celle dont on ne se sert jamais pour se mettre à plat et qui est fourrée tout au fond du coffre, va peut-être enfin servir à quelque chose ! En se glissant à l’arrière sous le pneu, elle va pouvoir le rehausser. Nous voilà donc déballant tout notre coffre pour sortir cale et plaques. Les filles sont sorties, inquiètes. Je les missionne de prendre des photos (pour ne pas les avoir sur le dos). Solène s’installe sur le siège avant, tranquille.
Plantés là ?
Une plaque devant, Pierre avance et recule, une cale dessous, avance, recule, j’avance la cale, un peu d’élan et hop, notre roue sort de son trou ! Avec Pierre, nous formons une bonne équipe ! Pierre se gare, sans se serrer. Et maintenant, balade.
Mouillés là ?
On emballe tout le monde, doudoune et capuche. Il ne pleut pas. Pas encore. Et nous avançons sur ce joli petit chemin qui se faufile à travers la bruyère. Le ciel est lourd au dessus de nous et lumineux juste en certains endroits. Le fond de l’air et frais et revigorant. Parfois une petite bruine nous mouille le museau. Ça nous fait du bien à tous de marcher enfin un peu. Au détour de ce petit chemin, quelques ruches. Les abeilles sont blotties bien au chaud à l’intérieur. Nous observons ça de près. Il se remet à pleuvoir. Mais pas une petite bruine cette fois. De bonnes grosses gouttes. Retour. Nous ne serons pas allés loin. Les grosses gouttes se transforment en pluie battante. Tout le monde court. Et voilà encore une balade qui nous ramène trempés comme des soupes. L’Irlande.
Comme d’habitude, nous pendons nos habits partout où cela est possible dans L’Emile-Pat. Mais l’ambiance est à la joie. Cette pluie est une pluie vivifiante. Et l’Émile-Pat est tellement réconfortant.
Ravitaillement
Direction notre spot de ce soir. Demain, nous voulons visiter le tombeau mégalithique de Newgrange, au nord de Dublin. Le spot choisi sera une plage, encore. Nous adorons. Un long arrêt intendance dans un affreux Tesco. Nous devons fouiller chaque rayon pour trouver des produits un peu à notre goût. Nous arrivons à notre plage trop tard pour pouvoir jouer dehors mais demain matin, nous pourrons faire l’école et la recré sur le sable.
Ce soir, Capucine et Lison ont demandé à appeler une copine pour savoir comment s’était passée la rentrée. Pendant qu’elles papotent au téléphone, Solène demande aussi à appeler ses copains. Sauf qu’avec le décalage horaire, ses copains à elle sont déjà couchés… Solène n’arrive pas à le comprendre. Elle pleure à grosses larmes et est inconsolable. Nous envoyons ensemble un message à la maman d’Abel pour lui demander s’il dort déjà ou si nous pouvons appeler. Solène sèche ses larmes, ouf. Niki nous répond évidemment qu’Abel est au lit, mais Solène joue déjà à autre chose. Nous les appellerons demain.
Notre plage et belle et animée et nous avons le droit d’ y passer la nuit. Mais Pierre a un doute. Il vérifie la marée. Il n’arrive pas à savoir jusqu’où montera précisément l’eau, mais la marée de cette nuit est annoncée « orange ». Il se demande si l’on ne risque pas de se retrouver les roues dans l’eau…
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