Les forges de Vitkovice

Coke, laitier, frittage et taraudage… Les forges de Vitkovice

Samedi 20 juin 2020. Slavkov u Brna, Tchéquie. Réveil pluvieux. De toute façon, nous avons bien vu que la météo s’annonçait humide pour plusieurs jours, on était prévenus. De plus, le décalage horaire avec la Roumanie fait encore effet et nous démarrons la journée de bonne heure. Suffisamment pour s’apercevoir que d’ici notre visite guidée de 14h à l’usine de Vitkovice, nous avons bien le temps de faire un arrêt dans la jolie ville d’Olomouc qui est sur notre chemin. D’abord, c’est une très bonne nouvelle car la ville est réputée.

Ville d’Olomouc

Nous trouvons à nous stationner très près du centre. Ensuite, ce sera une balade entièrement sous la pluie. Pas de chance. Ça aurait pu être un bon moment mais ça ne l’est pas. Nous sommes vite trempés et ça grogne dans les rangs. Jolies places pavées, drôles de fontaines, façades ornementées. Dommage. Nous reprenons la route.

Ostrava et les forges de Vitkovice

Juste à temps nous atteignons la ville d’Ostrava et son pole sidérurgique de Vitkovice. Mais l’accès est fermé. Un policier nous explique enthousiaste tout un tas de choses, en tchèque. In english ? Il se tait et souris. Il ne sait pas bien parler anglais. Il bredouille quelques mots, fait quelques signes, nous avons compris. Nous devons trouver à nous stationner et terminer le chemin à pied. Toujours sous la pluie. Nous sommes juste à l’heure, il ne faut pas traîner.

Ostrava est la troisième plus grande ville de Tchéquie, à la frontière entre la Moravie et la Silésie. A partir de 1763, sont creusées les premières mines de charbon.

En 1828, l’archiduc Rodolphe d’Autriche fonde les Forges Rudolf. Après son décès, ces usines sont rachetées par le banquier Salomon Mayer von Rothschild et rebaptisées en Forges de Witkowitz. Ostrava fut aux XIXe et XXe siècles un des grands bassins sidérurgiques d’Europe centrale, rassemblant un large complexe d’industries lourdes : extraction et traitement du charbon, usines sidérurgiques, mécanique lourde, cokeries, centrales électriques, usines à gaz, complexe chimique.

Pendant la seconde guerre mondiale, la région est annexée au Reich allemand et le bassin industriel est une cible privilégiée des attaques aériennes alliées. Le 30 avril 1945, l’Ukraine libère la ville. La fermeture du dernier puit d’extraction de charbon, à Přívoz, a lieu le 30 juin 1994. Les hauts-fourneaux de Vítkovice s’éteignent le 27 septembre 1998.

L’usine de Vitkovice

L’usine est animée semble-t-il. Nous devinons rapidement que se déroule aujourd’hui une course pédestre. C’est ce qui nous a bloqué l’accès au site. Parce qu’en temps normal, park4night nous avait recommandé de spoter à l’usine, juste sous les gros tuyaux. Il paraît qu’on y entend le vent siffler à travers la nuit. Dommage, ça aurait été un drôle de spot.

À l’accueil du site, on nous donne nos tickets en nous prévenant “la visite est en tchèque. Même pas en anglais ? Non. Nous avons des audioguides en anglais si vous voulez, mais c’est un anglais technique et c’est en supplément.” Peut-être aurions-nous du prendre un audio guide, car effectivement, même si notre guide parle très bien anglais, la visite est longue et n’est pas prévue pour être donnée en deux langues.

Nous voilà donc, casques sur la tête, à divaguer dans les entrailles de ce haut fourneau pendant que notre guide raconte un tas de choses incompréhensibles. Faut avouer que le fonctionnement d’une fonderie nous est absolument inconnu. À quoi peuvent bien servir tous ces tuyaux ?… La visite commence, Solène s’endort sur le dos de Papa.

Tour Usain Bolt

Notre guide nous amène tout en haut du site, au-dessus du haut fourneau, sur une espèce de plate-forme au plancher ajouré au-dessus du vide. Vertige. Là, dans la tour, a été aménagé un café. Si si, un café. Nous pouvons nous réfugier au chaud et à l’abri de la pluie. Autour de ce café sur trois étages, une passerelle serpente au dessus du vide. Courage, on y va. Capucine est mal à l’aise comme moi. Lison sautille joyeuse. Nous redescendons au pied du fourneau. Ha ! Des panneaux d’interprétation en anglais ! Je dégaine mon traducteur Google et… Non, nous n’y comprenons toujours rien. Le traducteur est, c’est vrai, pas très performant, mais il y a surtout une multitude de termes techniques inconnus. Veronika. Coke. Laitier. Frittage. Koliba. Taraudage. La grue de coulée, les atterrisseurs pivotants, les pilonneuses à vibrations… Merci pour l’explication. Puisque ce monde nous est parfaitement opaque, nous vaquons à nos contemplations. Le paysage est industriel et immense. Les structures rouillées, les tuyaux de toute taille, les cylindres et les silos. S’en dégage une esthétique qui, en elle-même, vaut largement la visite.

De retour à la maison, nous appelons à l’aide Fred et Jamy, les vrais. Y’a-t-il un “C’est pas sorcier” sur la sidérurgie ? Évidemment que oui ! Les deux compères n’ont pas leur pareil pour simplifier les choses complexes. “Ha, c’est ça que nous avons vu !” Tout de suite nous comprenons bien mieux.

Notre journée terminera comme elle avait commencé, sous la pluie. Moi, ça me donne envie d’avancer. La troupe consent à reprendre un peu la route pour une petite heure. Direction la Pologne. Nous passons notre quatrième frontière de la semaine. Incroyable. Ce soir nous serons tout près des camps de Auschwitz-Birkenau. Encore un affreux vestige de ce monde.

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