Jeudi 9 janvier 2020. J193. Padoue, Italie. Notre réparation de la veille, même si la pièce n’était pas parfaitement la même, a l’air de fonctionner. Nous avons la batterie bien chargée ce matin. Joie. Nous partons heureux visiter la ville. L’école a été faite la veille, nous partons tôt et en bus.
Matinée au centre-ville de Padoue
Nous découvrons d’abord la belle Sainte-Justine, toute en briques, puis Saint-Antoine un peu plus finement décorée. Le soleil est froid et la lumière est belle. La basilique, de l’extérieur, est très belle. À l’intérieur c’est autre chose. Elle est un lieu de pèlerinage aménagé pour y exercer une dévotion totale à l’icône. Un circuit est organisé pour les pèlerins et un prospectus explique les étapes et les prières à prononcer. Une à Marie devant sa chapelle, une à Saint Antoine la main sur le tombeau, une autre devant ses reliques… C’est trop pour nous. Cette manière de vivre sa foi ne nous parle pas du tout. Nous préférions les dômes extérieurs en acier et la façade en briquettes de l’édifice. Tout de même en cette saison il n’y avait pas grand monde, c’est agréable et propice à la réflexion.
Saint-Antoine, au secours de ceux qui cherchent leur chemin
Et identifié comme un protecteur des enfants. Emouvant de voir les personnes prier, larmes aux yeux, auprès de la tombe de Saint-Antoine, pour leurs enfants surement. Ce lieu semble recueillir toutes les douleurs et difficultés familiales remises par la prière. Et nous sommes là avec nos filles, à profiter de la vie ; ce lieu nous fait révéler la préciosité de notre aventure.
Le marché, comme à la maison
À 10h30, nous avions fini notre visite du jour. Que faire ? Nous laisser porter, nez au vent, ouverts aux imprévus du voyage. Nous arpentons les ruelles de la ville jusqu’au centre où nous tombons sur : le marché ! J’adore ! J’attire ma troupe le long des allées de fruits et de légumes. Des vendeurs sont en train de préparer toutes sortes d’artichauts et les vendent justes trempés dans un bain d’eau citronnée. Nous observons leurs gestes experts. Dans les étals, il y a plein de légumes peu communs pour moi. Des choux romanesco, des choux violets, des radiccio, des salades colorées, des aubergines fines comme des baguettes magiques,… et aussi tout un tas de légumes d’été locaux, de Sicile surtout. Tomates, courgettes, poivrons, haricots verts… Voilà tout ce dont j’ai besoin pour perfectionner ma pratique du minestrone. J’achète donc les légumes qu’il faut pour un bonne soupe de saison, à l’italienne : une petite courge un petit choux, deux carottes et deux courgettes, et une poignée de haricots verts. Parfaitement improbable pour moi.
Ces emplettes nous ont ouvert l’appétit. Nous rejoignons le Prato della Valle, une grande place publique baignée de soleil, pour avaler de bons petits sandwich sortis du sac. Les bancs de pierres sont bien froids mais ça n’importe que les parents, les filles mangent en dansant.
Stratégie “Venise”
Notre prochaine étape sera Venise. Étape que nous préparons un peu plus que d’habitude. À vrai dire, si ça ne tenait qu’à Pierre, il n’irait pas. Pas envie de participer à la sur-affluence touristique qui nuit à la ville. Je partage son inquiétude. Mais il comprend aussi mon point de vue. Un “tour d’Europe” en passant à côté de Venise sans y faire étape, ce serait dommage tout de même. La question nous taraude depuis longtemps et nous avons cherché la meilleure option possible à nos yeux. Nous voulons voir la ville mais sans que ça nous coûte un bras, humer son atmosphère en évitant le bain de foule. Nous avons étudié tous les spots possibles et imaginables à la ronde et celui qui retiendra nos suffrages sera l’aire de camping-car de Mestre. Une aire, payante, mais sécurisée. Tous les emplacements gratuits des environs témoignent de vols. L’aire, de surcroît, n’est pas trop chère à cette saison, 18€ les 24h. Pas glamour mais très pratique, à dix minutes de marche du tram qui nous amènera à Venise à moindre coût, 1,5€ le trajet. Pour avoir le plus de temps possible pour Venise demain, nous devons arriver tard ce soir à l’aire pour déclencher le “top chrono 24h”.
Comprendre la lagune
Que faire alors cet après-midi ? Venise n’est qu’à quarante minutes de Padoue. De l’air ! Il fait beau, nous avons visité beaucoup de villes, tentons la promenade dans la nature. Et tiens, au bord de la lagune de Venise pour se mettre doucement dans l’ambiance. Ce fut une bonne idée.
Nous arrivons à un drôle d’endroit, à l’angle de deux canaux où une ribambelle de petites cabanes de bois sont alignées les pieds dans l’eau. Il y en a… jusqu’à l’horizon. Peut-être plus de 300 si l’on s’en tient aux numéros qu’elles arborent. Ce sont des garages à bateaux, une plaque explique qu’ici, les propriétaires de ces cabanes se sont battus pour que la lagune reste accessible à tous et que ces cabanes traditionnelles soient préservées, pour les petits pêcheurs locaux. Elles sont alignées le long d’un canal bordé de barènes, ces parties de marais hors de l’eau et végétales. Côté terre, une digue. Nous sortons les roulettes et c’est partie pour une longue longue promenade. Plus longue que cet alignement de cabanes. Autour de nous, la lagune dévoile doucement ses charmes, et ses laideurs. Au sud, un bâtiment reflète le soleil, à bien y regarder, c’est un paquebot. Plus tard, sous la lune montante, le campanile de la place Saint Marc se découvre timidement. À sa gauche, un peu plus loin, les cheminées de la zone industrielle de Marghera lui volent la vedette. Les filles pédalent ou trottinent avec entrain. Nous, nous inspirons très fort cet air vif. 2,6 km plus loin, nous sommes au bout. Il fait un froid glacial, le soleil baisse et rougit. Il est temps de revenir. De nouveau 2,6 km, rapidement, sans s’arrêter sinon nous aurions gelé.
L’Emile-Pat nous accueille chaleureusement. Nous sommes sereins maintenant, sûrs de pouvoir toujours y allumer Saint-Chauffage. Nous redécouvrons aussi la ventilation du chauffage qui pousse l’air un peu partout, sous la table, dans la salle de bain. C’est bien fait ces engins. La vie n’y est pas du tout spartiate quand ça marche !
Puisque nous devons traîner avant de rejoindre l’aire de Venise, nous traînons. Un gros goûter, une vaisselle à l’eau chaude, l’école de demain ce soir pour profiter de Venise… Nous arriverons pour 18h à l’aire, non, 18h20 avec un crochet imprévu par Venise… Oui, oui, l’Emile-Pat a loupé la sortie de voie rapide et s’est retrouvé embarqué sur la route qui traverse la lagune et termine directement à Venise. Ce coquin, lui aussi voulait voir Venise. Demi-tour, et retraversée. L’accueil de l’aire est très bien rodé, on nous donne des informations claires et en français. Ce soir, l’aire est presque vide, nous sommes cinq ou six camping car tout au plus, sur un stationnement qui pourrait en accueillir peut-être une cinquantaine ou plus. C’est un bon signe pour nous, signe que la fréquentation touristique est quand même plus basse à cette saison. Ce soir, nous regarderons le “C’est pas sorcier” sur Venise avec beaucoup d’attention. Nous sommes dans les starting-blocks !
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