Le Douro pour frontière

Mercredi 16 octobre 2019. J106. Fermoselle, Espagne. Nous sommes tout à l’ouest de l’Espagne et dans le même fuseau horaire que la France. Résultat, même si nous nous levons après 8h30, le soleil n’est pas encore levé. Ça fait bizarre de se lever tard, alors qu’il fait encore nuit. Mais le petit déjeuner au lever du soleil est un régal.

Toujours pas d’indien à l’horizon. Malgré le paysage, le thème de la matinée sera le laboratoire d’étude des minéraux. Après l’école, fastoche aujourd’hui car Capucine a dictée, les doigts dans le nez. Mes apprenties scientifiques s’empressent de se mettre au travail. Et ça casse des cailloux, et ça casse, et ça casse. Deux pansements et un éclat dans l’œil plus tard, elles installent leur laboratoire dans L’Emile-Pat. Le test du vinaigre, effectué sur 36 cailloux blancs différents, révélera que nous sommes en présence de quartz. Fiches-découvertes pour noter tout ça. Lison quand à elle avait entamé la veille une expérience de décantation. Un pot en verre, du sable et des saletés dedans, elle avait décrit l’eau trouble sur une fiches-découvertes hier soir, et analyse le résultat ce matin : les particules en suspension se sont déposées au fond du pot, d’ailleurs on distingue leur fine couche au dessus de la couche de sable.

À la frontière, vers le Portugal

Les filles seraient bien restées à casser des cailloux toute la journée. Mais les adultes ont un autre programme. J’ai repéré une sortie en bateau à faire sur le Douro, organisée par un centre de recherche sur la faune du parc naturel. Nous prenons donc la route pour Miranda do Douro, départ à 13h33, arrivée prévue par Google à 13h08. Lison pense un instant que l’on va rouler 24h d’affilée. Non, nous changeons de fuseau horaire !

Après la campagne espagnole, la route plonge vers le Douro et le traverse sur le barrage. La gorge est impressionnante et très belle.

Musée de Miranda do Douro

La sortie en bateau est à 16h alors nous prenons le temps de visiter la jolie vieille ville, toute blanche. Cette partie de la ville est  traditionnelle. L’autre que nous voyons au loin est plus moderne et  touristique. Nous apprécions de la visiter à cette époque. La Cathédrale de Miranda est imposante, austère à l’extérieur, très chargée de décors et de dorures à l’intérieur. Et libre d’accès, elle. Nous entrons aussi dans le musée d’anthropologie de la ville. Découvrir les coutumes locales et l’art traditionnel des campagnes portugaises pourrait être une bonne introduction au pays. Nous avons envie de le visiter mais si tout est en portugais nous ne comprendrons rien… L’hôtesse d’accueil nous explique que le musée est en mirandais, traduit en portugais… Ici, juste dans cette ville, on parle la langue de la ville. Nous, nous ne sommes pas près d’y comprendre quelque chose… Nous tentons quand même. L’hôtesse comprend nos besoins et se met à nous suivre pour faire la visite avec nous. Elle nous explique chaque salle en français et répond à nos questions. Elle a un vocabulaire incroyable mais parle avec un fort accent portugais. C’est très amusant à entendre. Malgré les “cheu” à tous les mots, les filles comprennent et s’intéressent à tout. Les outils du berger, le travail de la laine, les teintures, le tissage, les costumes de fête, les instruments de musique traditionnels. La visite est courte et très intéressante.

En bateau sur le fleuve Douro

Cette région, à cheval sur la frontière hispano-portugaise, est une zone naturelle protégée. En redescendant auprès de la rivière, nous prenons nos billets pour l’excursion en bateau. En attendant l’embarquement, ce n’est pas un bus de chinois qui nous envahit, mais un groupe de personnes âgées qui s’installent les premières dans le bateau et prennent les meilleures places. Nous et nos enfants, il ne nous reste que les places au centre… Mais l’excursion est très bien organisée. Une guide nous explique en portugais et en espagnol les particularités de cette zone naturelle. Elle parle tellement bien que je la comprends. Les lichens bio-indicateurs, les oiseaux, vautours fauves, cigognes noires et aigle royal, leurs nids installés sur la paroi de la falaise, la flore et ces chênes qui arrivent à pousser accrochés entre deux roches. Le moment qui a le plus marqué les filles fut l’observation de plusieurs espèces de planctons. Notre guide plonge un petit sac de prélèvement dans l’eau, avec une pipette, prend une goutte qu’elle dépose entre deux plaques de verre et glisse le tout dans un microscope. Les filles n’avaient jamais vu ça. À l’écran, nous distinguons très bien plusieurs espèces typiques des eaux du Douro : l’eucyclope, le daphnia et le bosmina, avec leurs antennes, leurs pattes, leurs œufs, le coeur et les membres qui bougent en direct. Nous voyons tout cela par transparence à travers leur corps. Yeux écarquillés. Lison et Capucine qui jouent souvent aux scientifiques sont bouches bées.

Après le cours de biologie, le bateau fait demi tour et nous pouvons sortir sur le pont pour nous délecter du paysage et observer les vautours fauves qui planent au dessus de nous.

Au débarcadère, il y a un enclos dans lequel vivent deux loutres. À notre retour, elles sont sorties de leur nid et nous offre le spectacle de leur danse aquatique. La loutre est un animal très joueur. À travers sa vitre, elle interagit avec les filles, les cherchant des yeux, venant vers elles, s’échappant et revenant dans un ballet interminable. Ça nous fait tous beaucoup rire.

Spot du soir

Le spot de ce soir ne sera pas un spot de rêve mais un emplacement pratique pour nous avancer un peu sur notre route. Il y a de la vue, l’Espagne en face, mais nous y arrivons une fois le soleil couché. Nous nous sommes arrêtés en ville faire quelques courses, une supérette avec quelques produits locaux. Ici, les prix sont vraiment plus bas alors j’hésite moins à tenter quelques produits bizarres. Un fromage rouge et farineux, un petit saucisson rouge et fumé, une saucisse qui ressemble à un mini melsat affiné. Le premier est sans trop de goût, le sec un régal. À Salamanque j’avais trouvé des lentilles locales, ici je prends de quoi faire un petit salé. Et toujours des fruits et légumes. Sur les îles britanniques, les “vegetables” étaient importés et en-plastiqués. Ici il sont locaux, pas chers, mais vraiment pas très beaux… Qu’importe, je fais en sorte que le panier de fruits de L’Emile-Pat soit toujours garni.

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