Les petites rues de Grenade

Samedi 16 novembre 2019. J139. Espagne. Pour visiter l’Alhambra, il faut prendre son billet 10 jours à l’avance, même en plein milieu du mois de novembre. Evidemment, nous ne l’avons pas fait. Mais nous sommes  certains que la ville recèle d’autres trésors et c’est avec enthousiasme que nous l’abordons. En plus, il fait un très beau temps d’hiver !

Direction le Mirador San Nicolas, face à l’Alhambra. Le point de vue le plus connu de Grenade. Nous traversons à pied le haut du quartier de l’Albacín, centre ville historique et classé lui aussi au patrimoine de l’humanité. De petites boutiques arabes ouvrent leur devanture et installent leurs cascades marchandises. Quelques épiciers exposent leur art de mettre les fruits en valeurs. Mangues, raisins, bananes, grenades et autres fruits exotiques… Pourtant, il fait très froid. Face à nous, le palais des rois Nasribes est bien là, écrasé par le soleil blanc de l’hiver. Nous avons même du mal à le regarder tellement le soleil nous fait face. Quelques touristes, quelques artisans, quelques vendeurs de babioles. C’est animé et agréable.

La médina, quartier de l’Albacín

Puis nous plongeons dans le labyrinthe des ruelles de l’Albacín. Lison adore, elle dévale les ruelles et les escaliers en courant jusqu’à la petite rivière Darro qui traverse Grenade. Ici, il faut remonter de l’autre côté de la vallée pour rejoindre le palais. Car si nous ne pouvons pas accéder aux palais, nous pouvons nous promener dans son parc et une partie des jardins. Solène demande déjà le dos de son Papa et s’endort pour la première sieste de la journée.

Alhambra

Sur la colline de la Sabika, nous passons une belle porte arabe à travers les fortifications et arrivons devant un palais de style renaissance italienne avec ses colonnes aux chapiteaux ioniques. Surprenant.  Wikipédia, explique-nous. Il s’agit du palais qu’à fait construire Charles Quint pour symboliser la conquête des lieux par les monarques chrétiens. À une époque où la pratique courante était la destruction totale des temples et palais des peuples conquis, la sensibilité des rois chrétiens face à la beauté de l’Alhambra imposa la nécessité de la conserver. Plus loin, deux longues files de personnes attendent dans le froid pour pouvoir entrer dans le palais Nasribes et l’Alcazaba. Nous, nous nous contenterons des jardins et du point de vue et finalement, ça nous va bien. Les petits ventres commencent déjà à se faire entendre. Redescendons en centre ville trouver un petit restaurant au chaud. Pierre avait repéré  sur notre guide le marché San Augustín, ce fut une bonne intuition. Dès que nous y entrons, nous nous y sentons bien. Il y a à la fois des étals de fruits, légumes, poissons, viande, fromages, mais aussi quelques tables et restaurants où l’ambiance est celle de ce joli bazar. Nous faisons un tour exhaustif des lieux et nous installons. Il y a des touristes mais pas que. Nous voyons passer beaucoup de gens faire leurs courses avec leur cadi. Nous nous régalons encore d’une paëlla, noire cette fois-ci, à l’encre de seiche. Les filles dessinent et sont adorables. Capucine lit un mini dictionnaire français-espagnol, cette fille est un extraterrestre. Nous prenons le temps. Nous avions besoin de nous réchauffer.

L’Albacín, l’Alhambra, nous avons vu ce matin ce que nous voulions voir. Allons plus loin alors. Nous retraversons toute la ville direction le quartier de Sacromonte, le quartier gitans fait de caves de Flamenco et de maisons troglodytes. Capucine bondi de joie à l’annonce de la visite du musée ethnographique du quartier, cette fille est un extraterrestre. Encore un enfilement de ruelles plus adorables les unes que les autres. Certaines sont envahies par des artistes et artisans. Il fait très beau et même chaud maintenant. C’est un vrai régal de se promener.

Quartier du Sacromonte

Après avoir retraversé l’Albacín, nous nous engageons dans le Sacromonte. Déjà la végétation est différente, cette face de la colline est plein sud, très aride et recouverte de figuiers de barbarie et d’agaves au dessus des habitations. La route serpente le long de la colline ensoleillée, les habitations légères, blanches soulignées de bleu font face au palais des rois de l’autre côté de la vallée. Plus nous avançons, plus beau est le paysage. Pour accéder à ce petit musée, il faut encore escalader quelques passages étroits entre quelques jardins. Des coqs, une oie, une guirlande de ballons, l’anniversaire d’un gamin en terrasse, un grenadier plein de fruits tellement mûres qu’ils explosent de joie.

Musée des habitations troglodytes

Arrivés au petit musée, Solène demande le dos de son Papa. Décidément, à chaque fois que nous visitons quelque chose, elle s’endort. Le musée est composé de maisons troglodytes aménagées pour nous montrer la vie à l’intérieur au 18ème siècle. Une habitation, une étable, une forge, une vannerie, un atelier de poterie… Les filles les explorent une à une. C’est amusant, pédagogique et très joli. Au final, nous arrivons à une terrasse qui surplombe le quartier et nous offre une vue imprenable sur l’Alhambra.

Nous sommes décidément bien dans cette ville. En cette fin d’après midi nous n’avons pas envie de rentrer à l’Emile-Pat’. Ça tombe bien, Lison a lu elle aussi notre guide et a repéré une churrería réputée. La gourmande. Il nous faut retraverser toute la ville pour l’atteindre mais tout le monde est motivé. Même Solène qui vient de terminer sa deuxième sieste de la journée. Nous retraversons joyeusement le Sacromonte, puis l’Albacín, nous croisons la palmarès Nueva où quelques flamenco sur remballent leurs affaires. Nous pointons notre nez dans le zouk arabe et ses jolies boutiques.

Churrería de Granada

Nous descendons l’avenue commerçante jusqu’à Bib-Ramblas, certainement  la meilleure churrería de la ville à voir le monde qui est installé sous sa terrasse chauffée. Nous, nous nous faufilons à l’intérieur de la boutique, il y fait plus chaud et surtout c’est là qu’il y a une jolie décoration art nouveau. Évidemment, à l’intérieur, il y tout autant de monde. Nous nous trouvons une petite place au bar, juste en face de la machine à churros. Quel spectacle ! Nous commandons 3 chocolate con churros pour nous cinq, c’est bien suffisant. Voilà une journée qui termine pour le mieux !

Pour rentrer, nous cédons avec joie à un trajet en bus. A Grenade, les bus qui parcourent le centre ville sont des minibus pour pouvoir se faufiler dans les petites rues. Nous attrapons celui qui nous rapprochera du quartier universitaire où nous sommes garés. Il est bondé. C’est le minibus qui désert le Sacromonte et  amène les fêtards jusqu’aux caves de Flamenco. Il doit emprunter des rues toutes petites et noires de monde à cette heure-ci. Les gens se serrent contre les murs pour nous laisser passer. Arrivé au bout du quartier, le minibus fait carrément demi-tour. Et nous voilà repartis dans l’autre sens, il nous aura bien baladé ! Mais quand les ruelles sont vides, il les dégringole à vive allure. Nous sommes encore plus secoués que dans les trams de Lisbonne ! Nous arrivons à destination. 20 minutes de bus puis 10 minutes à pied. Si nous étions rentrés simplement à pied nous aurions mis autant de temps mais nous ne nous serions pas autant amusés. Et le mieux, c’est que le bus nous dépose pile devant une épicerie arabe ! Nous qui nous inquiétions  de ne pas avoir de lait au petit déjeuner demain, nous sommes fous de joie. Et comme je sais que nous avons encore 10 minutes de marche dans le froid avant d’arriver au camion, j’en fais des tonnes pour entretenir cette joie familiale et donner aux filles les dernières forces qu’il leur faut. L’Emile-Pat, lui, a passé la journée au soleil et nous offre quelques belles étincelles qui permettront au chauffage de s’allumer. Ouf. Un repas frugal, et tout le monde va vite au lit. C’était vraiment une très belle journée !

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