Les maisons fermées de Tokarnia

Mercredi 24 juin 2020. Pologne. Encore une visite gâchée pour cause de covid. J’avais pourtant bien vérifié, le parc ethnographique de Tokarnia était bien ouvert au public. Et il l’était. Sauf que, ce que je n’avais pas saisi en polonais, c’est que l’essentiel des expositions était situé à l’intérieur des maisonnettes, qui sont fermées “jusqu’à nouvel ordre”. A l’achat des billets, nous avions trouvé le prix dérisoire. Ceci explique cela. Voilà une visite culturelle qui se transforme en balade sous la pluie, encore une fois.

Parc ethnographique de Tokarnia

Contrairement au musée ethnographique de Sibiu en Roumanie, ici le parc n’est pas si grand et surtout ne présente qu’un seul type d’architecture rurale. Et contrairement à la Roumanie aussi, ces maisons traditionnelles ne constituent plus du tout les habitations actuelles dans les campagnes en Pologne, où les maisons sont modernes et standardisées. D’où l’intérêt tout de même de ce musée. En glissant quelques yeux à travers les fenêtres, nous apprécions les intérieurs soigneusement reconstitués. L’ensemble doit être absolument charmant, en temps normal. Pour nous, en une petite heure nous en avons fait le tour. Il est 14h. Next step.

Plein nord-est vers Białowieża

Next step, ce ne sera pas Varsovie que nous avons décidé de contourner. Next step, ce sera le fin fond de la Pologne, l’extrémité de l’Europe, à cheval sur les territoires polonais et biélorusses, la forêt de Białowieża, une des dernières forêt primaire d’Europe et une réserve de biosphère classée au patrimoine mondial de l’Humanité. Formée il y a 10 000 ans, lors de la dernière période glaciaire, elle est restée à l’écart de la plupart des influences humaines. C’est gros détour sur notre itinéraire vers la Lituanie, alors pour ne pas rater une énième fois la visite, nous appelons un guide francophone. La forêt, gérée par un parc naturel, est en partie inaccessible aux visiteurs sans guide afin qu’elle soit strictement protégée. Et Park4night nous recommande un guide francophone et nous donne même son numéro. Elle sert à tout cette application ! Par chance, ce numéro répond, et en français même ! RDV après demain pour une excursion de 3h30. Nous avons juste 5 heures de route pour y arriver. Go.

Des nouvelles des copains de Vert Van Life

Où en sont nos amis des Vert Vanlife ? Sur Polarstep je constate que ça fait bientôt cinq jours que leur géo-localisation est restée bloquée près de la frontière Slovaque. Je leur envoie un message. “Hello vous n’allez pas nous croire mais on a tenté la traversée de la Slovaquie ! Personne au poste frontière. On s’est fait arrêter depuis, on ne nous a pas dit plus. Nous sommes en route pour Čičmany. On voulait vous faire la surprise au cas où nous réussirions à vous rattraper ! On nous voulait pas s’avancer car on a tendance à ramer dans ces routes de chèvre… êtes-vous déjà aux mines de sel ?” Ha oui, on les a visité il y a deux jours déjà !

Bain de boue

Après deux bonnes heures de route, nous trouvons un spot de pêcheurs près d’une rivière. L’endroit est joli, très nature et entouré de hautes herbes folles. Le soleil est même de retour et il fait très chaud. Un détail embêtant, c’est très boueux. Pierre arrive à se stationner sur le côté du chemin sans gêner le passage et sans trop risquer de s’embourber. Le problème n’est pas vraiment là. Mais plutôt, comment nos enfants vont-ils jouer dehors sans se salir ? Et salir l’intérieur ?… La réponse est toute vue. “Les filles, en culotte !”.

Pas d’habits, pas de chaussures. Il n’y a pas mieux pour ne pas rien salir. La peau, ça se lave bien plus facilement. Et puis ils sont pas heureux ces enfants à faire des gâteaux de boue ? Le bonheur, c’est aussi simple qu’un peu de terre mouillée.

A la recherche de verdure sauvage

Pendant que les unes pâtissent, les autres explorent. Se salir de boue, ce n’est pas le bonheur de tous. Alors nous laissons les filles seules un moment, presque nues et dans un pays étranger, même pas peur, et partons avec Pierre explorer les alentours. Ici, c’est un spot à consoude, cette feuille qui, cuisinée en beignet, a un goût de poisson. Ce sera un très bon accompagnement pour mon repas de ce soir. Pour nous, la cueillette n’est plus une pratique anecdotique. Vu comme il est difficile de trouver de bons légumes en voyage, lorsque l’on ne connaît pas les circuits d’approvisionnement directs, comme hier concrètement où les légumes du supermarché étaient soit de provenance très lointaine, soit tout flétris, cet apport de légumes fraîchement cueillis est un complément nécessaire. Et pendant que l’on explore les environs, on voit même un castor passer sous un tronc d’arbre.

Et puis je retourne à mes enfants. Si, j’ai un peu peur de les laisser seules. L’atelier pâtisserie a bien travaillé, les corps sont naturellement marrons. Je sors ma chaise et les regarde jouer. Quand tout à coup Solène court vers moi en disant qu’elle a mal, un taon accroché à son épaule. Faut-il faire rentrer tout le monde à l’intérieur ? Je ne sais pas comment les protéger. Alors oui, je sonne le fin de la partie. Une par une, elles rentrent prendre une douche. Solène n’a finalement pas mal bien longtemps. Elle veut jouer aux cartes avec moi, je découvre qu’elle connaît parfaitement les règles de Piou Piou et qu’elle est stratège. La gagnante est fière d’elle.

Lison prépare la pâte à beignet, Solène la pâte à pain. La première est appliquée, la seconde est prise avec de la pâte dans la bouche, sur le ventre et partout autour. Zou, retour à la douche. Pierre nous revient plus tard, il a les mains pleines de vesses de loup et de mousserons. Et me ramène une poche de fleurs de sureau. Chouette ! Je les mettrai ce soir à infuser, et demain j’en ferai de la confiture. Mais je garde une grappe de fleurs, pour saupoudrer sur les crêpes que nous prépare Lison.

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