Lundi 13 janvier 2020. J197. Gorges de Škocjan, Slovénie. La randonnée annonce 4 km jusqu’à ce que la rivière Rak ne redevienne souterraine. Une nouvelle très belle journée s’annonce, nous avons vraiment de la chance. Nous faisons l’école et nous nous équipons pour le froid.
Il ne doit pas faire guère plus de 3°C à l’ombre. Capucine prépare son « sac de survie ». « Je prends ma lampe de torche, Maman, pour explorer les grottes ! » Oui, chez nous, on dit « lampe de torche » car Solène ne comprend pas la nuance entre lampe torche et lampe de poche, alors elle mélange tout et comme on trouve ça mignon, on fait comme elle. Moi, je ne suis pas sûre qu’on ira loin dans la grotte d’une rivière souterraine, mais je laisse Capucine rêver.
Très vite, nous retrouvons notre rivière qui sort tout fièrement de son trou. L’endroit est aménagé pour que nous puissions accéder à la falaise qui forme cette grotte. Là, nous découvrons une anfractuosité dans la roche. Une grotte ? Une grotte qui nous amène au bout d’un étroit couloir à une fenêtre au-dessus de la rivière. Une fenêtre de falaise. « J’ai bien fait de prendre ma lampe de torche ! ». Oui le passage est sombre, pentu et humide. Papa passe devant et sécurise la troupe. Nous nous asseyons, tranquillement, au-dessus de ce torrent de montagne. La journée s’annonce mémorable !
Puis notre chemin serpente dans la forêt, le long de notre rivière. L’air est vif, le soleil brûlant. Nous sautillons les contrastes sur un tapis d’aiguilles de pins. La mousse, les écorces, les odeurs s’éveillent. Que ça fait du bien ! Marcher en forêt est si ressourçant ! Gratitude.
Là, un petit pont de bois. Là-bas des forestiers entretiennent la forêt. Nous aimerions bien les voir, nous les entendons. Plus loin, un camion charge des troncs avec une pince géante ! Les enfants sont scotchés. L’effet camion, ça marche aussi sur des filles. Elles commencent à grogner, c’est midi qui sonne. « Nous sommes bientôt arrivés à la grotte, tenez bon ! ». Elles ne tiennent plus, trop affamées les pauvrettes. Une prairie gelée, une flaque d’eau en son centre est complètement prise par la glace. Capucine s’y aventure sans poser de questions. Nous la prévenons du risque de se retrouver les pieds dans l’eau gelée, elle avance prudemment, ça tient. La flaque géante est complètement gelée.
Génial ! Une patinoire naturelle rien que pour nous ! Jeux et joie ! Une course de pingouins, un foot-glaçon, quelques photos-bulles, un land-art en bris de glace et un concerto pour frileux… Bizarrement, plus personne n’a faim. Nous oui, on s’installe ici et on fourre un sandwich dans la main de nos esquimaux. Manger en jouant, ce doit être ce qui les fait le mieux manger. Et nous, nous sommes tranquilles.
Bon, cette grotte, va-t-on arriver à la trouver ? Plus loin, la rivière ressort sous les rochers par quelques anfractuosités, rien d’impressionnant, une source. Des panneaux nous expliquent la présence de minuscules coquillages endémiques à ces grottes. Nous arrivons à en trouver, piégés dans la glace. C’est très beau ! Dans un autre champ, une autre patinoire, mais celle là est juste devant le « Great natural bridge », la grande arche. Les unes jouent, les autres kiffent ce paysage incroyable. Une falaise, une rivière, un trou. La rivière traverse la falaise dans un sens. Le soleil traverse la falaise dans l’autre sens. Nous remontons au dessus, quelques pas plus loin, un nouveau trou, très raide, mais aménagé pour pouvoir y descendre. Un chemin, deux zigzag, un passage entre deux rochers. Le plateau karstique s’est effondré ici et un éboulis de pierres et de terre descendent jusqu’à la rivière. La voilà notre dernière grotte. La descente paraît risquée. Papa passe devant, nous y allons doucement. C’est très impressionnant. La grotte est immense et le bruit de la rivière occupe tout l’espace. Nous sommes tous silencieux. Chacun s’assoit à un endroit et ne bouge plus. Captivés par la puissance du lieu. Humbles.
Sauf Lison. Ne plus bouger ? Impossible. Elle a trouvé une goutte d’eau tombant du plafond en stalactite de glace. Elle joue à l’attraper.
Nous ne nous attendions vraiment pas à trouver si facilement en Slovénie des endroits aussi intenses. Où la nature est si belle et si accessible.
Retour à la surface. Retour à la réalité. Il faut remonter à l’Emile-Pat. 3 km plus haut par la piste. Je craignais que ça soit dur pour les filles, même pas. Nos filles, elles papotent, et ne voient pas les kilomètres défiler.
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