Riga, en plongeant dans le Jugenstil

Mercredi 29 juillet 2020. Riga, Lettonie. Préparer les filles pour être prêtes à 9h ne fut pas si difficile que ça. En fait, elles sont trop heureuses de passer une journée en ville avec Maman et elles s’imaginent déjà tout ce qu’elles veulent trouver à acheter. Une journée magasinage en soi. C’est vrai qu’avec Papa, faire les boutiques d’accord, mais il n’aime pas y traîner trop longtemps. De plus, nous avons trouvé plusieurs nouveaux habits hier. Ça aussi ça aide à s’habiller avec enthousiasme.

Car hier, nous nous sommes attardés dans un magasin d’habits “au kilo”, le genre d’endroit plus fréquent à l’est de l’Europe qu’en France. Que de la seconde main, quelques balances où l’on jette l’habit choisi pour en connaître le prix. 16€/kg, et ça varie dans le mois de 10 à 40€/kg en fonction des arrivages. Ce qui nous a fait des articles de 1 à 3 €.

De quoi refaire un peu la garde-robe de celles qui grandissent. Donc à 8h47, nous quittons l’Emile-Pat’ et les filles embrassent leur Papa comme s’il partait à la guerre. Un passage secret derrière le garage, nous traversons la voie de chemin de fer à travers champ et arrivons directement à l’arrêt de bus.

Jugenstil

Mais avant le shopping, direction le musée tout de même. Art Nouveau évidemment. Jugenstil comme on dit ici. Nous y sommes juste avant 10h, la porte est encore fermée mais ça nous permet d’apprécier le magnifique escalier du bâtiment, tout en fleurs peintes et en liannes serpentant jusqu’au cinquième étage. La porte s’ouvre, une jeune femme vêtue d’habits d’époque nous accueille. Ici, tout le monde est costumé et les gardiennes du musée se fondent dans le décor. Pas de photos à l’intérieur, j’en vole quelques-unes mais pas celle du jardin d’hiver, tout joli dans sa verrière. Une hôtesse m’interpelle gentiment. “Vous ne parlez pas letton ? Alors russe peut être ? Non. Allemand ? Non plus.” Nous n’avons pas de canal commun pour échanger, ici on parle plus le russe que l’anglais. Alors on invoque le non-verbal, langage universel. Elle propose aux filles de jouer un air sur le vieux piano du salon, elles hésitent, pas moi. Je prends place, j’ai toujours ma berceuse de Brahms au bout des doigts. Je me demande quelles illustres personnes ont joué avant moi sur ce piano bourgeois. Ses notes sont toutes usées. Il a du voir passer du beau monde dans ce chic appartement depuis le début du siècle dernier. Nous sommes chez Konstantins Pekšens, célèbre architecte de Riga. Son appartement de pur style art nouveau a été rénové et tous ses meubles conservés. La berceuse de Brahms terminée, notre hôtesse russophone nous allume un gramophone au son grésillant. Il me faut expliquer l’engin, les filles n’ont jamais vu ça. Tout comme ce truc, là, c’est quoi ? Ce sont les tout premiers téléphones à manivelle. Après le salon nous passons dans la salle à manger où le couvert est dressé, puis dans les chambres et dans les pièces de service. Cuisine, chambre de bonne, salle de bain et WC. Avec toute la modernité de l’époque. Eau courante, frigidaire rudimentaire, évacuation des eaux sales,… Et tout l’adorable matériel d’époque, en cuivre, en porcelaine, en bois,… La visite est finalement courte, mais avec l’architecture des maisons du quartier, ça nous fait un bel aperçu de ce qu’est le Jugenstil et la vie au début du siècle. Le cours d’histoire et d’art étant terminé, passons au shopping.

Shopping

J’ai repéré un bazar, à l’autre bout de la ville. Nous nous y orientons doucement. Nous repassons devant le monument de la liberté et nous nous arrêtons le dessiner cette fois-ci, et le photographier avec le vrai appareil photo, celui qui a un zoom. Puis les halles, et le bazar. Pas loin, je trouve un mignon petit restaurant de quartier. 3€ l’assiette. Que du végétarien. “Comment nous avez-vous trouvé ?” me demande le serveur étonné de notre présence dans son quartier, d’habitude inconnu des touristes. Avec Google maps, évidemment. 17 € à quatre, un record. Et nous sommes repues.

Entre temps, la réparation des roulements de l’Emile-Pat s’est terminée en début d’après-midi et Pierre nous rejoint au coin d’une rue, tout sourire. Voilà une affaire rondement menée. Nous avons réglé un important problème mécanique sans perdre une seule journée de notre programme. Au garage, pas de mauvaise surprise au démontage des roues, Pierre a passé sa matinée au centre commercial. Finalement, c’est lui qui s’est fait une journée shopping tout seul de son côté. Allons-donc voir ce bazar, puisqu’on en parle.

À la place d’objets déco, artisanaux, de fringues… C’est un effroyable capharnaüm que nous découvrons. Des montagnes de choses non identifiées sont savamment rangées pour ne pas dépasser des petits stands. Vieille ferraille. Morceaux de vélos. Ou de motos. Vieux outils. Composants électroniques. Nous en faisons le tour avec amusement, et puis ressortons, un peu déçus. La journée shopping tant attendue des filles s’arrête là. Nous retraversons le centre ville une énième fois pour rentrer doucement à la maison, non sans quelques petits arrêts. Encore de jolies façades. Un café gourmand en terrasse. Une paire de boucles d’oreilles en ambre que Lison était décidée à s’acheter depuis longtemps. Déterminée comme elle sait l’être, elle avait repéré la boutique, réussi à nous y guider, et choisi sans hésiter celles qui concordait avec son budget. Lison ne sort pas souvent son porte-monnaie, mais quand elle a une idée en tête, ça ne fait pas un pli. La vendeuse est surprise et amusée de voir cette indépendance. Dans la boutique, Lison opère seule, en prenant à peine notre avis pour valider l’achat. A la fin elle s’assoit sur une chaise et recompte plusieurs fois sa monnaie de retour pour être sure que la vendeuse soit bien de confiance.

Pour dormir ce soir nous choisissons la station balnéaire de Jurmala, à trente minutes de Riga. Une plage de sable blanc sur plusieurs dizaines de kilomètres. Ici, l’aristocratie tsariste adorait y séjourner. Aujourd’hui, un peu dégradée, c’est encore une destination de vacances chics.

Derrière la dune notre parking, la plage. Les filles ont encore de l’énergie pour y construire un château de sable. Pas nous.

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