S’hasarder à Corléone, fief de la mafia sicilienne

Dimanche 1er décembre 2019. J155. Oups, nous n’avons plus de lait au petit déjeuner… Pour ce matin les filles prendront du fromage blanc mais il nous faut d’urgence faire trois courses avant midi, nous sommes dimanche… Et plus de culottes non plus. Mais trouver une laverie ici, en pleine campagne sicilienne… ?

À vrai dire, nous n’avons encore rien planifié de notre traversée de la Sicile. Nous sommes arrivés hier matin, avons profité de Palerme, avons grimpé à l’aveuglette vers le premier spot nature référencé par park4night et nous nous réveillons ce matin, au milieu d’une forêt. Il va nous falloir étudier l’itinéraire, trouver une laverie mais pour l’instant, nous n’avons même pas de réseau… Direction le prochain village vers le sud.

Nous poursuivons le chemin de terre sur lequel nous sommes garés, il est parfois un peu sportif mais ça passe. Les paysages se dévoilent entre les arbres. Nous sommes bien paumés en pleine campagne.

Une seule épicerie est ouverte aujourd’hui à Corléone. Nous nous stationnons devant et irons chercher du pain et une pharmacie en ville avant de faire le plein de lait. Corléone, ça me dit quelque chose comme nom… “Bah oui, me dit Pierre, c’est le nom du Parrain dans le film”. Ha. Mais le film, c’était  fiction, non ? Une place : “Place des victimes de la mafia”. Une banderole : “la mafia, parlons-en”. Et cet immense portrait de deux hommes peints sur le mur ? Il s’agit de Giovanni Falcone et Paolo Borsellino, deux juges auteurs d’une loi anti-mafia, assassinés en 1992 par les Corleonesi, le clan local… Est-ce une œuvre “hommage” ou “prise de guerre”?… Quoiqu’il en soit, nous sommes bien dans un village de la mafia sicilienne. Même pas peur, allons y trouver notre bout de pain.

La place principale du village est géniale. Quand nous y arrivons, nous nous sentons plongés dans le mythe sicilien des hommes en noir qui complotent entre eux. Ils sont là, sous le soleil de ce dimanche matin, à parlementer ensemble en attendant que les femmes sortent de la messe.

Corleone est tout bonnement un fief de la mafia sicilienne. La ville est le berceau de nombreux parrains. Toto Riina, « parrain des parrains » de la “Cosa Nostra”, du clan des Corleonesi qui a ensanglanté la Sicile dans les années 1980 et 1990. Son successeur Bernardo Provenzano. Vito Ciancimino, qui est devenu maire de Palerme. Est-ce de l’histoire ancienne ? Toto Riina est décédé récemment, en 2017. “Cosa Nostra” était considérée comme l’organisation la plus puissante jusqu’au début des années 2000.

En savoir plus sur Corleone sur wikipédia.

Nous, nous trouvons notre pharmacie ouverte et notre pain après s’être égaré maintes fois dans les rues de ce village accroché à sa montagne. Une laverie ? Rien à la ronde nous dit Google. Évidemment. Alors puisqu’il fait beau, nous ferons une petite lessive nous-mêmes. Sûrs que ça séchera vite ! Où dormir ? Pas de park4night référencé non plus par ici. Rarissime. C’est la première fois que ça nous arrive. Comment trouver un coin tranquille et qui surtout, ne gêne aucun sicilien ? Après avoir lu l’histoire des Corleonesi, nous ne voudrions pas avoir de problème avec les locaux… Je cherche. Et repère une air de pique nique toute mignonne. En plus, il semble y avoir de l’eau pour notre lessive. Parfait !

Non, pas parfait. Pour y accéder, le chemin est défoncé et très pentu. Mais ça n’inquiète pas Pierre, ça passe. Le stationnement est effectivement très mignon et à deux pas, nous avons une vue incroyable sur la vallée. Nous serons bien ici, pas de ferme, pas d’habitation à la ronde, et nous sommes sur un petit parking, donc autorisé. Nous faisons chauffer de l’eau, trions notre linge et je pars avec Lison faire notre petite lessive. Capucine prendra la relève pour le rinçage. Dans l’eau de source glacée. Mais le soleil est parti. Impossible de faire sécher notre linge dehors. Alors je sors des ficelles et redécore notre petit intérieur. Guirlandes de chaussettes et culottes. C’est charmant. Noël avant l’heure. Nous allumons le chauffage, nous sommes en montagne et la température extérieure est sacrément descendu. Mais le vent l’éteint plusieurs fois… Nous rallumons tant que nous avons encore un peu de jus dans la batterie auxiliaire. Espérons que ça tiendra cette nuit.

Ce soir, après l’école, nous faisons notre liste au père Noël. Je montre aux filles qu’à la fin des livres qu’elles aiment, il y a la liste des ouvrages “dans la même collection”. Vous les auriez vu éplucher ces listes… ” Whaouuuu, un livre sur l’histoire des religions, trop bien ! Et celui-là sur l’empire romain, c’est tout ce qu’il me faut !!! Wahou, un livre de Hubert Reeves sur l’univers et les planètes ! Une BD sur Van Gogh, troooop bien ! Et tous ces “carnets nature”, j’ai envie de tous les commander !”… Ces filles sont devenues des extraterrestres. Moi, à leur âge, je rêvais de barbies en plastique. J’aime leur enthousiasme à découvrir le monde. À leur âge, c’est naturel. Si la Carapate les abreuve, c’est chouette.

Au coucher, le chauffage s’éteint définitivement. Aïe. Je borde mes oursons le mieux possible. Le camping car est bien chaud, espérons que ça tienne.

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