Fouler une banquise égarée

Lundi 2 décembre 2019. J156. Ce matin Solène gratte la première case de son calendrier de l’avent avec une immense fierté. Et dans la foulée ses sœurs ramasserons trois bout d’écorces pour réaliser une petite grange et y installer Marie et Joseph. Le temps de l’avent commence !

Ce matin, nous redescendons finalement sans trop de peine de notre montagne. Pierre assure la conduite tout terrain avec un gros ducato pas fait pour ça, mais avec des pneus « tout terrain ». « On les a mis, c’est pour s’en servir » me rappelle-t-il.

Direction : la Scala dei Turchi. Une drôle de formation géologique faite de marne blanche et polie qui se jete dans la mer. Comme une banquise quoi.

Nous prenons donc la route depuis le centre de la Sicile vers la côte sud. Nous traversons de belles zones rurales parsemées d’habitations. D’abord des parcelles labourées et piquées de tas de cailloux. Puis, plus bas, de multiples petites parcelles d’agrumes irrigués. Sur notre droite, un nuage noir s’est accroché à la montagne. Sur notre gauche, grand soleil. Le contraste découpe les villages et fait éclater les paysages. Saisissant. Pierre roule doucement. La route est large, parfois très bonne, parfois très abîmée. Il suffit de se serrer un peu et les voitures passent. D’autres sont stationnées sur la route, tranquillement.

La côte, par contre, est hyper touristique. Tous les parkings sont payants mais fermés à cette époque. Comment faire ? Nous tentons de nous stationner au bord de la route, comme des locaux, mais en essayant de se serrer un peu tout de même. Il est l’heure de déjeuner, nous restons à l’intérieur voir si l’on gêne ici. Nous sommes face à la mer, la fenêtre grande ouverte, le soleil est au zénith.

Verdict : ici nous ne gênons pas. D’autres voitures sont venues se garer à côté de nous. Nous pouvons partir explorer cette drôle de côte rocheuse. Sur la plage, Solène se déshabille tout de suite et court sautiller dans les vagues. Elle a grandi. Il y a quelques semaines elle ne voulait pas mettre un doigt de pied dans l’eau. Elle n’arrête pas de sauter et de rigoler. Elle fait tellement plaisir à voir. Lison et Capucine ne sont pas en reste. Il fait chaud, elles jouent dans l’eau, un deux décembre. La vie normale en Carapate.

Et puis la falaise se dévoile devant nous. Après une plage de sable noir et de rochers ocres, une falaise blanche. Son aspect est tout à fait singulier, fait d’écueils aux couches inclinées, aux formes ondulées et irrégulière, aux lignes arrondies et adoucie. Une banquise en train de fondre au soleil.

L’escalier des Turcs

La falaise est constituée de marne, une roche sédimentaire calcaire, de couleur caractéristique blanc pur. Son nom, « escalier des Turcs », vient des incursions de pirates sarrasins, donc arabes, mais appelés « turcs » par la population locale. Ils y trouvaient un abri contre les bourrasques de vent et un abordage plus sûr. Nous, nous y trouvons un bon spot pour faire le plein de soleil tranquillement pendant que nos enfants jouent à « l’atelier de sculpture ». La roche est tendre. Avec l’ongle, on peut y graver quelques œuvres rupestres. Puis l’atelier ferme soudainement et un théâtre ouvre à la place. Quelques pas de danse, un air chantonné, nous avons le droit à un spectacle. Ici, l’endroit est tellement touristique que l’on y retrouve même une poignée de japonais qui, après s’être selfisés de multiples fois, s’émerveillent de nos danseuses et les prennent elles aussi en photos… On ne les arrêtera donc jamais. Voyager hors-saison est quand même plus agréable.

Ce soir, nous rejoignons le parking de notre programme du lendemain. La « Vallée des Temples ». Ainsi, nous pourrons démarrer la visite de bonne heure. Le parking est jonché de détritus, comme au bord de toutes les routes ici, mais nous sommes au calme et avons même la vue sur deux temples éclairés la nuit. Demain s’annonce chouette, les premiers temples grecs de notre périple vers l’est. Mais ce soir, les filles s’activent pour transformer les coquillages ramassés dernièrement en de petits bijoux à offrir à leurs amis pour Noël. Elles trouvent des cordelettes, j’arrive à faire de petits trous, je leur apprends à faire des nœuds de « tête de bigue » et des « nœuds d’amoureux ». Très utiles les nœuds scouts pour faire des bijoux ! Et ça marche, le résultat est joli. C’est simple mais plein de belles attentions.

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