Vendredi 28 février 2020. J232. Grèce. “Maman, on est où ? Je ne me souviens plus… On est en Carapate !” Je réponds à ma Capucine ensuquée. Je ne peux pas vraiment dire mieux,  je ne sais pas dire moi non plus où l’on est. “Oui, mais je ne me souviens plus sur quel spot on est !” Elle ouvre le petit rideau de son lit. “Ha oui, on est avec les vaches”. Capucine se recouche, satisfaite de sa réponse.

Moi, je reçois un message des @5abord qui se sont spotés plus loin. “On a un problème à gérer ce matin, on va chez le vétérinaire”. Le message est accompagné de la photo d’un adorable chiot minuscule. Aïe aïe aïe. On dirait que c’est le lot de tout voyageur dans ces pays. Les @VertVanLife ont adopté un chiot en Albanie. La famille rencontrée à Dubrovnik revenait en France avec deux petits bergers grecs. D’autres familles encore à notre connaissance ont craqué pour ces chiens de rue souvent affamés. Le petit chiot des @5abord a pleuré toute la nuit sous leur camping-car, impossible de ne pas réagir.  Quelques instants plus tard, une chienne est venu chercher le chiot, l’a fait téter, et l’a embarqué. Sa mère. Sauvés. “Nous, on a eu des vaches qui nous ont tourné autour toute la nuit, mais ça va, on n’a pas craqué”.

Nous essayons de faire l’école rapidement ce matin pour rejoindre les copains aux sources d’eau chaude dès que possible. Mais faire l’école et faire vite sont des mots incompatibles. Nous prenons le temps qu’il faut prendre. Et puis les @VertVanLife nous envoient un message. “Nous sommes sur le même spot que vous, un peu plus loin sur le chemin !” L’école terminée, ils nous rejoignent et nous partons ensemble pour Thermopyles.

La bataille des Termopyles

Là-bas, Michel nous accueille. Il nous fait la visite guidée du site où nous sommes stationnés. Après sa nuit blanche passée auprès du chiot en pleurs, et après avoir vu la statue de Leonidas, il a eu le temps d’éplucher l’histoire locale.

Nous sommes à l’emplacement exact où les  derniers grecs de la bataille des Termopyles, 300 spartiates et 700 thespiens ont tenté de résister contre les soldats perses, en 480 avant JC. Les perses ont contourné la montagne et mis en déroute la coalition grecque. Ils ont bloqué les derniers soldats de Sparte entre la montagne et la mer, dont le rivage était plus reculé qu’aujourd’hui. Ceux-ci ont offert le dernier acte de résistance sur la colline de Kolonós. C’est une victoire perse, mais qui n’a pas permis d’annexer la Grèce à l’empire perse. Le sacrifice des hommes de Leonidas a permis de donner du temps aux cités grecque pour organiser leur défense.

Quelques pas, nous sommes à la petite rivière. Les premiers sont déjà dans l’eau. Hummm cette petite odeur de souffre… Un doigt de pied. Houlala ! L’eau doit être à 37°C ou peut-être plus. Aucun problème pour rentrer dedans. Par contre, pour y rester, c’est plus compliqué. Il fait bien trop chaud au soleil dans un bain d’eau chaude ! Ha la la, les hivers en Grèce, trop dur !

Après le bain à l’œuf pourri, tout le monde monde était prévenu, c’est douche. Michel ouvre un salon de coiffure devant son camping car. Il badigeonne les cheveux d’huile d’argan, pour les nourrir et aussi pour éviter les nœuds, puis chacun fait son shampooing dans sa douche et retourne chez le coiffeur Michel pour un brushing dans les règles de l’art. Capucine n’a jamais été aussi contente de se laver les cheveux ! Et le molosse Michel est marrant à s’occuper des tignasses de nos six nénettes.

Repas trappeur et veillée sous les étoiles

Pendant que les enfants jouent, les Papas prévoient le dîner. À leur manière. Feu de bois, saucisses et patates. Benjamin est équipé, il a toutes les haches, scies, et matériel qu’il faut pour l’exercice. Michel est curieux. Le cuisinier n’a visiblement pas l’habitude des repas trappeur. Et pendant que les Papas s’affairent, les mamans se sont retrouvées pour une séance aquarelle entre elles. Enfin, entre elles et les enfants. Difficile d’être vraiment tranquilles. J’aime bien partager mes couleurs avec des novices. C’est toujours un bon moment passé ensemble.

Quand viennent quelques gouttes de pluie, les enfants rentrent dans les camions et les Papas tendent une bâche à côté du feu. Attends, mec, laisse moi te faire quelques nœuds de tendeur, j’ai une technique géniale, et tu verras, on aura une belle bâche bien tendue pour passer la soirée. Je pense que quelques hommes ont été surpris, mais ils ont été gentils, ils m’ont laissé tendre cette bâche. Prête pour le vent et la pluie ! Effectivement, il pleuvra bien pendant plusieurs dizaines de minutes, juste le temps de faire cuire les patates et la viande. Trempé, Pierre s’applique au feu.

Tranquillement sous notre bâche, nous sirotons un petit rouge grec. Elle est très bien cette bâche. Et le grand avantage, c’est qu’il n’y a plus aucun môme dans nos pattes quand il pleut. Ha si, il y a Capucine. À dix ans, elle commence à aimer écouter les conversations des adultes, zut.

Voilà comment passer une soirée mémorable. Un feu. Quelques patates trappeur, cuites dans les braises. Un ukulélé et un classeur de partitions. Rien d’extraordinaire. L’essentiel. Les amis, la musique, les étoiles.