Coincés dans le minaret d’Eger

Lundi 9 août 2021. Bélapátfalva, Hongrie. Cette nuit, un énorme orage a éclaté. Les éclairs s’enchaînaient éclairant constamment l’intérieur du camping-car. Lison, elle qui n’entend pas bien, est même venue nous demander d’utiliser ses bouchons d’oreilles en guise de boules quiès. Pierre a fermé toutes les fenêtres, mais personne n’a eu vraiment peur. Sauf le chaton, qui exceptionnellement est venu se blottir contre nous pour dormir.

Aujourd’hui, gros programme à Eger. Nous voulons visiter la ville et terminer par les thermes. Encore des thermes, il fait tellement chaud que c’est irrésistible. Nous démarrons tôt, comme à notre habitude, et nous trouvons un stationnement en plein centre ville, sous une épaisse toison d’arbres qui protégera Basile du soleil. Le pauvre, il va passer la journée à l’intérieur. Mais finalement, être au calme lui convient aussi très bien.

Le minaret d’Eger

Eger possède un centre ville très charmant. Un peu baroque. Très fleuri. La ville fut la première étape des tribus magyares, les ancêtres des hongrois, après leur conquête des Carpates. La ville fut aussi le siège de la guerre d’indépendance contre les Habsbourg au XVIII ème siècle.
Mais elle est surtout connue pour avoir résisté à l’invasion des ottomans, supérieurs numériquement, en 1552.

D’ailleurs, nous commencerons par l’ascension du minaret, le dernier vestige de la mosquée et de la présence des turcs à Eger au XVI ème siècle, l’un des trois derniers minarets de Hongrie. Une fine tour en forme de fusée qui trône toute seule au milieu d’un carrefour. Pour y monter, il faut attendre que les visiteurs précédents en ressortent, l’escalier est trop étroit pour pouvoir se croiser. 40 mètres de haut et deux mètres de large à l’intérieur, soit moins d’un mètre de chaque côté de cet escalier en colimaçon. Pierre a les épaules qui touchent chaque mur. Un espagnol un peu costaud, qui monte avec nous, se marre. Il passe à peine. Les 98 marches ultra usées et polies par les années font 40 centimètres haut chacune. Et pour avoir un peu d’air, 4 mini échauguettes nous éclairent. En montant dans cet enfer, j’avais hâte d’arriver en haut. Que nenni. Un minuscule balcon circulaire nous attend, 20 centimètres de large, de jolies rambardes anciennes et pas très épaisses, au dessus du vide de cette frêle tour. Je panique, prise de vertige, je reste à la porte de cet escalier. Et Capucine et Solène préfèrent aussi rester avec moi. Oui, mais il faut laisser passer les autres… Nous serrons sur le balcon côté gauche, le gros monsieur passe pour accéder au balcon côté droite, il est coincé, cette fois-ci, il n’ira pas plus loin et se bidonne allègrement. Moi je me planque à l’intérieur avec mes canetons, je vois déjà cette rembarde craquer à cause des hoquètements de ventre de notre compagnon d’infortune.

Pierre et Lison n’ont que faire du vide et de cette pauvre rambarde. Ils tournent autour du minaret avec une légèreté déconcertante. Vite, la redescente. Plus jamais je ne remonterai dans un minaret du XVI ème siècle.

Les sous-terrains du château d’Eger

La suite de la visite s’annonce aussi sensationnelle. Les sous-terrain du château d’Eger sont réputés pour être immenses et labyrinthiques. C’est même la principale visite à faire selon notre guide. Nous gravissons la petite colline qui nous mène au château, la visite est uniquement guidée, pour ne pas s’y perdre, et à 13h. Nous prenons nos billets et allons déjeuner. Une délicieuse pizza au mètre, pas très local mais vite servie pour être à l’heure au rendez-vous. Au moment d’entrer enfin dans les souterrains, Lison se rend compte qu’elle a oublié son sac un peu plus loin. Je cours le chercher, le groupe ne m’attends pas, Pierre oui mais il ne sait pas où il est parti, les filles partent avec le groupe. Je flippe un moment qu’elles soient sans nous dans les entrailles du château, mais non, elles reviennent nous chercher. Le temps de nous rendre à la seconde porte, elle est fermée à clef. Nous avons le sac, mais nous n’avons plus de visite. Je file à l’accueil qui nous propose gentiment de nous joindre à la prochaine visite guidée. Parfait, nous en profitons pour nous régaler des délicieux Kürtos Kalacs tout chaud faits sur place. Gâteaux roulés autour d’un rouleau de bois, cuits à la braise et caramélisés. “Un deuxième s’il vous plaît !”

À 14h30 nous allons quand même réussir à la faire cette visite. Quelques longs couloirs bien frais. De longues explications tout en hongrois. Quoi dire de plus, c’est tout. Nous nous serons bien rafraîchis.

Les bains thermaux d’Eger

Dehors il fait toujours une chaleur de plomb. Direction les thermes. Un passage au camping-car pour prendre serviettes et maillots, Basile se prélasse sur le siège conducteur. Et nous repartons. Les filles sont surexcitées. Ces thermes sont un immense parc contenant une dizaine de bassins différents, tous alignés et tout en extérieur. Nous traversons le parc jusqu’au bout et les essayons tous méticuleusement. D’abord le bassin ludique pour les petits. Capucine expérimente les grands toboggans pour la première fois. Puis un bassin moyen-chaud. Et enfin les eaux thermales à 35°, mes préférées. Il paraît que ce sont les eaux les plus radioactives d’Europe. C’est au moins ce qu’il nous faut.

Nous resterons à tremper des heures dans ces bassins, les termes ferment à 20h. Puis nous rejoindrons un spot comme Basile les aime, un spot de pêcheurs au bord d’un lac, juste à l’heure du coucher de soleil. Il passera la soirée dehors, alors que nous, nous ne tarderons pas à aller nous coucher.

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Une réponse à “Coincés dans le minaret d’Eger”

  1. Avatar de Creusoise
    Creusoise

    La montée dans le minaret me fait penser à celle dans le campanile de Sienne, en Italie !
    Quant au petit balcon et votre vertige, il me fait penser à la tour de Pise. Il y a une plate forme circulaire qui encercle la tour assez haut , sans rambarde et avec toute une portion où on sentait bien qu’on penchait dans le vide ! J’avais rasé le mur pour faire le tour, cramponnant la main de ma petite de 3 ans … C’est vieux; je crois bien que maintenant on ne monte plus dans la tour de Pise !

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