Mardi 10 août 2021. Egerszalók, Hongrie. Basile le chat ? Sorti de bonne heure, nous le retrouvons posté avec les pêcheurs arrivés à l’aube. Il s’est fait de nouveaux amis. Pas farouche l’animal. Aujourd’hui sera une journée montagne, et une journée Basile, rien que pour lui. Avant de quitter notre spot, nous choisissons notre destination : une courte balade, 5 km, dans une fraîche vallée au bord d’un ruisseau jusqu’à une cascade. Si l’endroit le permet, nous pourrons prendre Basile avec nous pour une fois. Avec les chats que nous avions avant, nous nous baladions parfois ensemble. Il ne faut pas être pressé mais cela est possible. A Basile d’apprendre la randonnée.
Mais d’abord il nous faut quitter ce spot. Pour raccourcir notre trajet, nous continuons la piste vers le nord plutôt que de rebrousser chemin. Ornières, boue, branches balayées par la capucine, il faut parfois être un fin pilote. Pierre l’est. Ce chemin est interminable mais il y arrivera. Nous rattrapons la route principale et filons vers le massif de Matra, point culminant de la Hongrie.
La cascade d’Ilona
Au départ de randonnée, le chemin nous inspire et nous prenons le chat. Sans laisse, évidemment, juste avec ses clochettes. D’abord je pense qu’il ne comprend pas pourquoi on ne laisse pas dans le camping-car, il nous suit un peu perdu, il ne veut pas se retrouver tout seul dehors. Puis il nous emboîte le pas, comme un chat. Il renifle une feuille, saute sur une fourmi, se rend compte qu’on a beaucoup avancé, nous rattrape et nous dépasse en courant. Ce chemin est finalement emprunté par beaucoup de monde, et comme nous avançons à pas de félin, tout le monde nous double en s’extasiant « Cica, Cica », prononcez « Titza », chaton en hongrois.
Le chat, vecteur social
L’un blague en nous disant qu’il avait enfin vu un chat sauvage de Matra, espèce discrète qui habite effectivement ces grandes forêts. Une autre femme échange quelques mots avec nous, elle est hongroise et vit en France. Comme chaque année, elle rejoint sa famille ici pour une cousinade géante qui réunit quatre générations. Elle est particulièrement heureuse cet été d’être ici en Hongrie car on peut vivre sans masque. Elle nous dit qu’avec la Nouvelle-Zélande, son pays est le seul au monde où l’on peut se le permettre. Ici, 90 % de la population est vaccinée nous précise-t-elle. Des malades, il y en a encore quelques uns dans les hôpitaux, mais tellement peu. Je n’avais pas ce chiffre, sachant que la Roumanie a vacciné 17% de sa population, cela me conforte sur notre décision de rester en Hongrie. Avec le beau temps que nous avons, c’était vraiment « The place to be » cet été !
Vérification faite, ce jour 66% de la population hongroise a une première injection de vaccin, l’info que la dame nous a donnée ne serait donc pas correcte (source euronews du 13/08/2021).
Arrivés à la cascade, deux kilomètres et demi plus loin, le chat ne bouge plus, il est exténué. Il se rue sur son petit repas que nous avions emporté, se délecte du jus de thon de notre salade et se désaltère dans la rivière. La redescente sera plus compliquée. Il est trop fatigué, s’allonge dans la fraîcheur des bas-côtés ou accepte nos bras. Pendant tout le temps de la descente, Solène et Lison nous ferons rire. Telles deux commères, elles s’écharppent sur le nombre de coccinelles qui sont élevées dans leurs mondes imaginaires, et recalculent mille fois leurs cheptels.
De retour au camping-car, Basile s’installera sur son coussin et ne bougera plus d’un long moment.
Kékestetö, sur le toit de la Hongrie
Il est temps pour nous de prendre la route pour tenter d’atteindre, en véhicule, le vrai sommet de Matra, dénommé Kékestetö, 1015 mètres d’altitude. Capucine restera avec son chat dans son lit, le reste de la famille ira explorer une tour-télé qui permet de voir le panorama. Parce que le Kékes à peine au dessus des milles mètres d’altitude a une toison d’arbre bien touffue. Depuis la tour, nous pouvons voir l’horizon, parfaitement plat au sud, un peu montagneux au nord. Le temps est splendide, la vue porte loin.
Pour dormir ce soir nous resterons dans les montagnes. Un sous-bois aménagé pour le camping, comme il en existe tant en Hongrie. Pierre installe son hamac. Basile s’en va guetter la vie du chien des voisins derrière le bosquet. Nous aimerions profiter du grand foyer qui est disponible là, mais nous n’avons ni grille ni papier d’aluminium. Alors Pierre tente de faire cuire nos patates à même la braise. Quelle maîtrise ! La cuisson sera parfaite ! Après dîner, nous sortons les instruments des filles pour une séance musique au coin du feu. L’une après l’autre, elle répètent les morceaux qu’elles connaissent.
A 20h45, le campeur voisin vient nous supplier d’arrêter pour pouvoir aller se coucher. Il faut reconnaître qu’un hautbois et un accordéon ensemble, ça fait un sacré boucan.
A chaque chat, son apprentissage
Voilà, nous sommes plutôt « chat » que « chien ». Membre de la famille, nous l’emmenons bien évidemment avec nous en voyage. Basile nous quittera trois ans plus tard, chez nous en France. Il est parti encore jeune mais il aura beaucoup baroudé en Hongrie, en Roumanie face aux ours, en Espagne.
Après Basile, nous accueillerons une chatte, Charlotte, qui aura vite appris elle aussi à nous suivre en voyage.
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