Le miracle de Saint Antoine de Padoue

Mercredi 8 janvier 2020. J192. Padoue. À la télévision de l’Emile-Pat ce matin, il y a un documentaire visiblement passionnant sur les camions-poubelle. Nous sommes stationnés à proximité d’un lot de gros conteneurs et le va-et-vient qu’ils induisent captivent nos trois commères. Il y a les gens qui viennent jeter leurs sacs, il y a ceux qui se trompent de poubelle, “Hey ! lui, il l’a mise dans la jaune alors que c’était un sac noir !”, il y a ceux qui viennent en espèce de camionnette à trois roues, il y a ceux qui fouillent dedans et surtout, surtout, il y a le camion poubelle qui attrape un conteneur, le soulève, le vide dans sa benne et le repose en compactant les déchets en même temps. Les trois vamps commentent tout.

Opération commando : réparer l’alimentation électrique

À la poste, pas de colis. Posté de Toulouse le 30 décembre, la pièce électronique à remplacer pour réparer notre problème d’alimentation électrique devait mettre quatre jours pour arriver. 10 jours plus tard, il n’y est pas. Le miracle de Padoue n’aura pas lieu.

Le problème

La batterie auxillaire n’est plus rechargée lorsque le véhicule est en marche. Par conséquent la seule électricité que nous avons dans la cellule (partie habitation) provient du panneau solaire. C’est bien dommage quand on est en road-trip d’une durée d’un an. Depuis deux mois nous étions donc fébriles : pas d’eau chaude quand il n’y a pas de soleil, pas d’utilisation possible du convertisseur 230 volts, pas d’allumage systématique et sûr du chauffage et pas d’utilisation de la ventilation du chauffage ; et c’est ce dernier point qui nous a bien fait rendre compte de ce problème depuis deux mois. Car tant qu’il faisait chaud et beau nous ne nous rendions pas compte du dysfonctionnement de charge de la batterie. Une autre conséquence de ce problème est que la batterie auxilliaire se décharge complètement toutes les nuits, elle morfle.

Nous avions répertorié tous les symptômes, fait les tests de voltage des deux batteries, éliminé les hypothèses une à une pour n’en retenir qu’une : “Le coupleur-séparateur m’a tuer”. Il ne manquait que deux interrogations à répondre : à quoi ressemble un coupleur-séparateur, et où se cache t-il ?

Qu’est ce un coupleur séparateur ?

A Tropea, Michel de la famille “5abord” nous avait bien aidé pour identifier le coupleur-séparateur à l’origine du problème, et son emplacement. Dans notre cas, il est placé dans l’electrobloc, le centre névralgique de l’électricité de la cellule du camping-car, après deux quatre six vis à dévisser dont deux à l’envers donc il faut finalement démonter le bloc en entier, et soulever soigneusement le tas de fil sans rien arracher.

Le coupleur séparateur est un relais électronique qui lie intelligemment la batterie moteur et la batterie de service (dite auxilliaire) pour charger cette deuxième en roulant, quand la première est chargée au delà de 13 volts et des bananes. Ce relais sépare aussi les deux batteries pour ne jamais vider la batterie moteur, quand la batterie auxilliaire n’est pas suffisamment chargée et quand le moteur n’est pas en marche. Et enfin, quand la batterie moteur n’est pas assez chargée, le coupleur-séparateur fait passer le jus de la batterie auxiliaire vers la batterie moteur.

A la recherche du coupleur-séparateur perdu

Réunion de crise dans l’Emile-Pat. Nous décidons de faire de la réparation de notre installation électrique une priorité. Nous avons du mal à penser qu’une boutique ici puisse avoir notre pièce sans avoir à la commander. Mais qui ne tente rien n’a rien. Nous sommes dans le pays du camping-car ici. Nous tentons. Cap sur un atelier de réparation de camping car. Un tour de périphérique et nous y sommes. L’homme n’a pas la pièce mais est serviable. Il vérifie que Pierre a bien cerné le coupable de notre problème. L’italien ne parle qu’italien et Pierre ne parle pas l’italien. Mais en langage électronique, ils se comprennent. Notre coupable c’est bien ce “coupleur-séparateur”. Merci, on le savait déjà. Mais la confirmation d’un professionnel est toujours bonne à prendre. L’italien nous donne l’adresse d’une boutique de sport. Ici, ils ont des coupleurs-séparateurs. Ha bon ? Perplexe, nous n’avons pas d’autre option. Un tour de périphérique et nous y sommes.

Dans la boutique de sport il y a un garagiste et une boutique de pièces auto. Drôle de concept. Pierre pointe son nez dans l’atelier. Pour ce qu’il cherche, on lui dit d’aller dans l’atelier camping car. Personne. Quelqu’un arrive et lui dit d’aller au magasin. Puis le magasin comprend enfin sa quête et demande à un autre de retourner chercher notre pièce dans l’atelier. L’homme revient, il n’a pas trouvé le référence recherchée mais a un coupleur-séparateur au même ampérage et même voltage, la dernière du stock. Il est possible que cela fasse l’affaire. Pierre prend. “Alléluia” dit-il au vendeur italien, qui a bien compris le français.

Direction un autre  stationnement pour manger et bricoler. Un tour de périphérique et nous y sommes. Nous dégageons toutes les godasses du placard à chaussures, le boîtier électrique est derrière. Pierre échange les pièces et voilà, c’est fait en cinq minutes. C’était si simple. Il allume le moteur, prend le voltage à la batterie, le jus passe. C’est bon. Maintenant, problème numéro deux. À force de nombreuses décharges profondes, il est très probable que notre batterie auxiliaire soit morte. Il nous faut le vérifier en regardant si elle tient la charge. Quitte à avoir perdu cette journée en bricolage, nous décidons de continuer à faire des choses inintéressante mais utiles : remplacer mes chaussures de marche qui sont sur-utilisées depuis six mois et complètement trouées. Un tour de périphérique et nous sommes à Décathlon.

De retour à l’Emile-Pat, la charge de la batterie est descendue, le diagnostic est clair, il faut la changer elle aussi. Un relais électronique grillé de 13€ peut bousiller une batterie de service de 200€. Un tour de périphérique et nous revenons dans notre boutique de sport. “Une batterie, s’il vous plaît”. L’italien sourit et demande des nouvelles du coupleur. Et comme c’est les soldes, il nous fait une petite ristourne.

Ce soir, nous retournerons dormir à côté de nos poubelles. Le quartier est calme et sécure. Demain, nous irons quand même voir la Basilique de Saint Antoine et la ville de Padoue. Et avant de partir, nous retournerons à la poste, au cas où. Mais pour l’instant, à côté de nos poubelles, c’est Versailles dans l’Emile-Pat ! Nous pouvons tout allumer en même temps : les lumière, l’eau, le chauffage, le chauffe-eau. Quel changement ! Quelle émotion aussi ! Fini l’inquiétude du chauffage qui s’allume plus, finie la vaisselle à l’eau du puits, finie la toilette à la gourde. Nous mettons la musique et c’est jour de fête ! Les choses simples sont luxueuses.

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2 réponses à “Le miracle de Saint Antoine de Padoue”

  1. Avatar de Creusoise
    Creusoise

    Vous pouvez dire un gros merci à St Antoine de Padoue l

    Contente que votre problème soit réglé
    Moins d’angoisses et le confort retrouvé !

    J’adore votre façon de raconter . Merci . J’ai bien aimé la TV de l’ Émile pat et j’imagine la scène avec les trois vamps !

    Vous allez où ensuite ?

    1. Avatar de Pierre
      Pierre

      Bonjour,

      Merci ! Nous sommes actuellement en Slovénie et descendons vers la Grèce.

      À bientôt

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