31 juillet 2018. C’est bien parce qu’on avait rendez-vous avec la famille italienne que l’on est descendu de nos alpages !…
Alors que nous étions au frais là-haut, nous avons pris la direction de la vallée d’Aoste où nous avons retrouvé une température caniculaire et étouffante. Par chance, les filles ne sont pas plaintes un instant. La veille au soir, Capucine nous avait préparé un petit spectacle et pendant tout le trajet, avec Lison, elles se sont affairées à en préparer un autre ensemble. Une pause courses à Aoste leur a permis de découvrir avec joie les gressins et les glaces italiennes.
Mission : trouver notre famille italienne
C’est ma Mamie qui a gardé contact avec l’Angelo et sa famille. Moi, je n’en ai qu’un lointain souvenir mais je me dis que c’est génial que des liens perdurent au-delà des années et des frontières. Et puis là-bas, il y a aussi la tombe d’Ada Rosso, la maman de mon Papi. Souvent, il me parlait d’elle et de l’ « Ave Maria » qu’elle chantait car elle était cantatrice. Aujourd’hui, Lison porte son nom : « Lison, Ada, Arlette ». Le petit fils d’Angelo, Enrico, avait répondu positivement à mon mail de prise de contact. « Très bien, à bientôt » avait-il conclu. Du coup, on ne savait pas vraiment à quelle heure passer, ni même où précisément…
Arrivés à Zubiena, nous sommes assommés par la route et la chaleur. A l’adresse de l’Angelo, Emile-Pat’ ne passe pas, la rue semble trop étroite. Le village est petit, reculé et carrément typique. On est loin des routes touristiques, on est dans le vrai Piemonte, celui où vivent les gens. On gare Emile-Pat’ sur la place de l’église et on se rend à l’adresse de l’Angelo à pied. Arrivés au 16 via Pietro Micca, je reconnais un peu la maison.
Sur plusieurs étages, des appartements sont superposés et au balcon du premier, un ancien est là, assis sous la fraîcheur de feuilles de vigne. « Bonjourno, soy Céline, la petite fille de Roberto Clémente ». Mon italien est catastrophique… Lui, semble me dire qu’il n’entend pas bien mais il comprend que je suis française. Après plusieurs tentatives de communication difficiles, il me demande qui je cherche. « Angelo Rosso », je lui répond. « Mais c’est moi ! » me dit-il amusé.
Mission : comprendre notre famille italienne
Ouf ! On a fini par se comprendre un peu ! Heureusement, Angelo a quelques souvenirs de français. Il me fait comprendre qu’il est seul et que des gens vont arriver. Un homme passe par là, ils se disent des trucs, puis une femme les salue. Nous, on ne comprend pas tout. D’un coup, une femme arrive droit vers nous et nous salue avec toute la gouaille et la joie italienne. Visiblement, elle nous attendait. Nous comprendrons ensuite qu’il s’agit de la fille d’Angelo, Laurette. Elle nous fait monter dans sa cuisine, nous installe, nous offre à boire et nous couvre de biscuits, de gâteaux, de café puis de tomates et de prunes qu’elle demande à son mari d’aller chercher. Toute l’hospitalité italienne. Dans la pièce d’à côté, il y a Léa, l’épouse d’Angelo qui nous rejoindra après.
Laurette ne parle pas un mot de français et on ne se comprend vraiment pas beaucoup. Mais elle n’arrête pas de parler, elle s’amuse de nous voir patauger dans cette communication à 100 % non-verbale.
Enrico arrive, c’est le fils de Laurette. Il ne parle pas vraiment le français non plus, mais l’a appris à l’école alors il me comprend et fait la traduction. Ensemble, nous entreprenons de retrouver les liens qui unissent nos familles.
Comme à l’oral, on ne se comprend vraiment pas, je demande à Enrico s’il peut me donner une feuille et un crayon et je commence à tracer la généalogie. La famille Clément-Rosso, je connais. Et à côté, j’inscris le nom d’Angelo Rosso et je leur demande de compléter. En puisant dans ses souvenirs, Angelo arrive à retracer l’arbre généalogique et arrive jusqu’à notre ancêtre commun. «Flavio Rosso » a eu plusieurs enfants dont Abele et Francesco. Abele est le papa d’Ada. Francesco est le papa d’Angelo. Vous avez suivi ?
Pendant ce temps, les filles ont assisté à cette scène surréaliste chacune à leur manière. Capucine amusée de la situation, amusée de voir ses parents baragouiner et ne pas se faire comprendre, amusée aussi de deviner des mots, certains ressemblent au français, d’autres à l’occitan. Lison, elle a complètement décroché de ce dialogue de sourds. Déjà qu’elle n’entend pas toujours bien quand on lui parle en français, alors là, c’en était trop pour elle. Solène, elle, était partagée entre le bonheur d’observer les poules et les chats du haut de son balcon, et sa capacité à attirer l’attention de tout le monde en faisant le pitre.
Après cette recherche généalogique amusante et éclairante, Laurette et Enrico nous ont accompagné au cimetière où l’on a pu retrouver tous ces ancêtres dont nous parlions. Mais il se faisait tard et les filles avaient besoin que l’on s’occupe d’elles. Nous avons salué une dernière fois notre « famiglia italiana » et nous nous sommes posés à l’aire de camping-car de Mongrando. Nous y retournerons demain pour y passer plus de temps et y laisser un quelque chose.
Nous qui n’aimons pas les aires de camping-car, celle là nous plaît bien. D’abord parce qu’on y est seuls, et puis l’endroit est agréable, l’herbe y est comme un tapis et nous pouvons évoluer pieds-nus. Hop, on sort le pommeau de douche par la fenêtre de la salle de bain, et on douche nos trois asticots d’un coup. La première « vite-fait, bien fait ». La seconde en se fâchant fort. Et la troisième a dû se savonner trois ou quatre fois tellement elle aime ça… Salade italienne avec les tomates de Guiliano et les bonnes choses achetées à Aoste. Spectacle privé « Le vilatge nibule » avec nos deux artistes prometteuses. Une journée dont on se souviendra longtemps.
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