Le baiser de Vienne

12 août 2018. Réveillée à 6 heures par mon affreuse sonnerie « Bi-bi-rooonnnn », je saute du lit. Trop impatiente de voir ce tableau que j’affectionne, je prépare démarre doucement la journée pendant que mes marmottes terminent leur nuit. Résultat, à 8h20 nous sommes à l’arrêt de bus, record battu ! Un heure de bus-marche et nous arrivons facilement au palais du Belvédère avec les premiers touristes.

Dans ce château qui regroupe une collection d’œuvre représentative de l’évolution de l’art autrichien à travers les siècles, nous voulons nous concentrer sur les tableaux de Klimt. Grâce à « l’effet-poussette », nous doublons la file de japonais car dans les musées, les enfants sont toujours prioritaires, même à Vienne ! Nous avons l’habitude de ce privilège, c’est très appréciable.

Gustav Klimt

Le tableau du Baiser est là, étincelant et immense, entier. Je l’aime beaucoup car je me souviens, enfant, m’être ennuyée devant une reproduction de ce tableau dans une chambre d’hôtel je crois. Je devais attendre et il était là, devant moi. J’avais alors eu tout le loisir de regarder les détails, de m’imprégner de la tendresse qu’il exprime. En vrai, il brille.

Au moment où il a peint cette œuvre, il aimait associer la peinture à la dorure. La femme est délicate, l’homme est audacieux. Le dessin des mains est expressif et troublant. Celles de l’homme se plaquent. Celles de la femme se crispent. Elles expriment à la fois la douceur et la force de l’emprise.

Klimt est de ces artistes qui a participé à la fondation d’un mouvement artistique dénommé « la Sécession ». Avec d’autres artistes figuratifs viennois, il veut donner un coup de neuf à l’art autrichien, en faisant écho à l’Art nouveau en France et au Jugendstil en Allemagne.


Mais outre Le Baiser et La Judith, il n’y a au Belvédère pas d’autre œuvre de Klimt de son époque « dorée », alors qu’il en a réalisé beaucoup. Je suis déçue car j’aurais aimé voir ces tableaux où il peint, à la manière du Baiser, des mamans avec leurs enfants. Capucine et Lison sont contentes de partager avec moi ce Baiser. -Il faut dire que je les ai bassinées avec- Mais elles n’accrochent pas avec le reste du musée. Et Solène est difficile à contenir. 11h sonne, l’heure des estomacs. On quitte le Belvédère sans avoir tout vu.

Nous trouvons une terrasse à l’ombre dans un parc, « Karlpark ». C’est une brasserie simple et typique, occupée par beaucoup d’autrichiens. Nous apprécions. Après avoir tenté de déchiffrer le menu, chacun choisit un plat à moitié au hasard. Je suis contente car mes filles qui d’habitude n’aiment presque rien, acceptent de jouer le jeu de la découverte. Et en plus, elle tombent sur des plats qui à la fois leur conviennent au goût et sont nouveaux. Nous nous régalons. Il fait très chaud et après ce repas, nous décidons de rester à l’ombre juste à côté, au parc d’enfant. Pour Lison, Vienne devient alors la ville la plus géniale du monde. Rien de tel qu’une balançoire et une installation à escalader pour lui redonner de l’énergie. Solène ne sera pas en reste non plus, trop heureuse de pouvoir jouer comme les grands.

Nous restons dans ce parc une bonne partie de l’après-midi avant de partir réellement à l’assaut de Vienne. Pour les faire décrocher de leurs tourniquets, je leur promets un goûter dans une pâtisserie viennoise, évidemment avec une proposition comme ça, ça fonctionne !

La maison Sacher

Mais il fait encore chaud et la promenade est fatigante. Je veux trouver un café un peu typique, pas une quelconque terrasse à touriste. Et ce dimanche, il n’y a presque que des touristes en ville. Nous passons rapidement dans la cathédrale Saint Étienne, bondée. Nous croisons un monop’ autrichien miraculeusement ouvert et nous faisons le plein de fruits et légumes car notre frigo en est vide. Nous nous arrêtons devant chaque calèche à touriste car Solène s’extasie à chaque cheval qu’elle voit. Nous nous posons un instant dans l’Eglise Saint Pierre, où, d’un seul coup, l’assistance se lève et une messe démarre. Chouette ! Capucine est très amusée à l’idée d’assister à une messe en allemand. Nous y participons avec plaisir jusqu’au moment où Solène alerte d’une « urgence-pipi »… Mais l’après-midi avance et nous n’avons toujours pas trouvé ma pâtisserie typique. Les filles s’impatientent un peu mais comprennent mon exigence (elle ont l’habitude…). Alors tout le monde redouble d’effort et mène l’enquête. Et ça finit par payer : Nous trouvons le Sacher Kaffee, institution à l’origine de la célèbre « Sacher Torte », qui n’est pas une tarte mais un gâteau au chocolat. Il y a tellement de monde qu’il faut faire la queue avant de pouvoir s’asseoir. Les filles, trop contentes d’avoir enfin trouvé une adresse qui plaise à Maman, acceptent de patienter. On ne patientera finalement pas longtemps avant de s’asseoir et de déguster nos Sacher Torte, accompagné d’un café viennois, dans un décor délicieusement baroque… Pour les amateurs de chocolat que nous sommes, ce petit gâteau-café restera mémorable. 40 € le goûter, aussi cher que notre repas de midi ! Mais sans regret !

Il est 19h quand nous quittons la Maison Sacher. L’équilibre alimentaire attendra demain.

Nous entamons doucement notre retour en banlieue, là où nous avons laissé Emile-Pat’. Mais en voyant passer l’un de ces anciens tram qui parcours Vienne, nous décidons d’en prendre un pour rentrer. Sauf que nous ne savons pas vraiment s’il nous amènera au bon endroit, mais cela est secondaire face à l’énorme intérêt que suscite l’engin pour nos trois aventurières. Pierre arrivera à mater l’énigmatique machine à ticket et nous embarquons dans le premier tram qui passe. Les filles sont surexcitées. Et le tram nous embarque avec lui pour une traversée de la banlieue, direction sud-ouest. Emile-Pat’ est au sud-est de la ville…

Heureusement, Google nous sauvera une fois de plus en nous indiquant précisément comment rentrer à notre maison sur roues. Tram, puis Bus, les filles sont ravies. A près plus d’une heure de transports en commun, nous retrouvons Emile-Pat’ en chantant à tue tête. Il est tard, mais tout le monde est heureux de cette journée. Sales, mais heureux. Emile-Pat’ nous offre à chacun une douche salvatrice, un bibi et au lit. Avec Capucine, nous nous plongeons dans les différents livres touristiques, artistiques et historiques que nous avons pour mieux comprendre ce que nous avons vu aujourd’hui, et ce que nous verrons demain. Demain : Shönbrunn !

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