L’Ermitage de Saint Juste

Dimanche 13 août 2023. Basile est très heureux sur ce spot. Il y a une forêt à proximité et des camping-car voisins à explorer. Il passe toute la nuit dehors, rentre au petit matin par sa chatière, mange trois croquettes au passage et vient ronronner dans notre lit.

Cette nuit j’ai mieux regardé le programme et le trajet des cinq derniers jours à venir et je doute. Nous avions prévu de repartir à l’assaut des Picos de Europa par la face sud pour accéder à la route del Cares, celle que nous avions renoncé de faire à l’aller par la face nord. Mais ce programme nous demande 5 heures de route, quand un passage par la côte en demande que deux. J’hésite. Nous en parlons en famille pendant le petit déjeuner, mais nous nous braquons un peu. Pierre pensait que cette randonnée était “un point cœur”, il y renonce sans discuter en essayant de ne pas être déçu. Moi j’aurais aimé en discuter justement. Mon choix n’est pas arrêté et j’ai du mal à imaginer le programme de notre dernière semaine de vacances. Je me demande aussi si nous pouvons descendre plus au sud, voir Pampelune et le désert des Bardenas. Il ne nous reste que cinq jours de voyage et au lieu de prendre le temps de réfléchir à un programme tous ensemble, nous sommes braqués et optons pour la route de la côte sans en avoir vraiment discuté. Je crois que ce qui nous presse vraiment, c’est de trouver une recharge de serviettes hygiéniques.

LLanes

Nous trouvons une épicerie de village, minuscule et noir de monde. La mission urgente est faite. Nous branchons le GPS vers une jolie plage à l’ouest de Santander. Sur la route, je reparle de mes doutes et de ce trajet de retour complètement flou pour moi. Il y a plein de jolies choses à voir encore ici avant d’avancer trop vers la France, comme cette station balnéaire indiquée à la prochaine sortie. Pierre bifurque immédiatement. Allons-y ! Je suis contente. Un pique nique dans le sac à dos, nous rejoignons le port de Llanes en traversant ses rues très animées. Il y a du monde, j’aime ça. Pierre un peu moins. Nous nous asseyons devant l’œuvre de l’artiste Basque Augustin Ibarrola, des blocs de béton brise-lame peints en couleurs. Pas très convaincus. Un café-dessert sur la place du village.

Campagne côtière de Santillana del Mar

Et nous reprenons la route vers l’est. Changement de programme, encore. Ces belles plages, nous irons demain. Nous avons trouvé un joli spot sur la côte, près de Santillana del Mar. Une longue piste nous mène dans un recoin de nature entre les pâturages et un rocher qui nous protège de la falaise. Herbe dorée, terre ocre, rochers gris et une plante, verte et jaune vif, apporte le peps qu’il faut à cette composition de couleurs. Basile, Lison et Solène explorent ce lieu qui leur plaît beaucoup. Chacun s’attribue un territoire et allume sa boîte à histoire. Nous ne sommes pas les seuls. Des habitués pêchent. Des vanlifers s’installent. Avec Pierre, nous faisons une pause sieste, puis re-café. Nous profitons du lieu. Depuis nos rochers, la vue sur l’océan et les falaises alentour est tout simplement sublime. Ce lieu nous réconcilie avec cette journée qui n’avait pas très bien commencée. 

L’ermitage de Saint-Juste

À 3 kilomètres de là, en suivant la piste, il y a un joli ermitage caché dans un recoin de plage. Ça fera le prétexte d’une belle promenade. Nous laissons le chat dehors, pas besoin de l’enfermer à la maison, et nous partons. Par la piste d’abord. Puis nous coupons en longeant la falaise jusqu’à ce que le chemin soit trop étroit. Nous passons la clôture des vaches et continuons chez elles.

Je me sens mieux. Pierre prend soin de passer à bonne distance, elles ont leur veau avec elles et il faut se méfier. Pierre avait moins peur de la falaise que des vaches. À la sortie du champ, un papi est là pour nous ouvrir la clôture. Je m’excuse, je sais que les paysans n’aiment pas que l’on passe dans la prairie de leurs bêtes. Il nous fait passer très gentiment. Il ne nous reste plus qu’à traverser le village et nous arrivons à la plage. Elle est toute petite, il fait très nuageux, mais il y a beaucoup de monde. L’ermitage est là, bordé sous son drap de roche. C’est très esthétique. 

Du belvédère nous regardons un border collie et un lévrier jouer ensemble sur la plage. Ils sont impressionnants. Le petit hargneux. Le grand incroyablement véloce. Avec Pierre nous avons évidemment le projet d’aller jusqu’à l’ermitage. Les filles rêvent d’aller sur la plage. Nous les y laissons, consigne donnée de jouer dans la rivière, pas dans les vagues. Nous partons tranquillement. Profitons de l’endroit battu par les vagues. Nous serions bien restés plus longtemps, mais il est déjà 19h, et nous avons la même distance à parcourir pour rentrer. Nous retrouvons les filles en culotte dans l’eau, à construire un château de sable dans le filet d’eau qui traverse la plage. Enfants sales. Enfants heureux.

Pierre s’amuse à trouver des déchets dans les rochers. Il confectionne un nouveau porte clé en flotteur de pêche et un porte téléphone en filet. Le défilé de mode fait rire Capucine aux éclats. C’est sa plus grande groupie. Heureusement, un petit robinet de plage nous permettra de dessabler tous nos petits pieds, rhabillons nos lardons, et rentrons en se racontant des blagues pour avancer plus vite. “Je marche bien Maman, je ne suis même pas fatiguée !” se réjouit Solène.

Arrivés au camping-car nous appelons Basile pour lui signifier que nous sommes rentrés. Il apparaît tout en haut de son rocher, comme le lion qui surveille son territoire. Puis reprend ses recherches de lézards et d’insectes à chasser. Solène et Lison reprennent leur jeu. Lison a écrasé de l’ocre, mélangé à de la salive, fabriqué un pinceau en bois et dessine des bisons sur une paroie. Cet enfant a des loisirs anormaux.

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