L’interdite forêt de Oma

Mardi 15 août 2023. Gumuzio, Espagne. Grasse matinée. Basile aime ce lieu, il rentre, sors, re-rentre, mange et vient ronronner dans notre lit. Je fais chauffer le pain mais malgré la bonne odeur, personne ne se lève. Pourtant j’avais mis du fromage dedans. Il aura le temps de refroidir.

Aujourd’hui pas de plage ni de côte, nous n’avons pas le stress de trouver un stationnement. Donc nous ne nous pressons pas. Traîner un peu, ça fait du bien. En fin de matinée, nous prenons la route pour la forêt de Oma, où est peinte une autre œuvre de l’artiste Basque Augustin Ibarrola, autrement plus attirante que celle de Llanes.

Nous arrivons un peu après midi. On ne peut pas se garer à la forêt, une piste de 3 kilomètres permet de l’atteindre à pied. Ça nous fera une bonne balade.

Grotte de Santimamiñe

Nous nous stationnons au parking de la grotte de Santimamiñe, un site préhistorique réputé en Biscaye. Renseignements pris, une visite guidée en anglais démarre maintenant, il est 13h. Faisons cette visite et nous irons à la forêt après.

La grotte abrite une centaine de figures animalières datant de plusieurs époques préhistoriques. Il est possible d’accéder au site archéologique qui se trouve à l’entrée de la grotte, mais pas de les voir pour ne pas les détériorer. La visite se fait virtuellement, sur un écran géant et des images en 3D. Pas très passionnant après ce que nous avons déjà vu.

Retour au camping-car, œufs à la coque, dessert-café. Le temps lourd du matin a laissé la place au soleil. Finalement, j’admets que nous pouvons sortir les K-way de nos sacs à dos. Pierre se moque encore gentiment de moi et de ma prévoyance. Il met sur son téléphone le sketch de Dany Boon sur les K-way. Les filles le découvrent. Fou-rire général.

Forêt d’Oma

La future forêt

Plus le temps de faire la sieste, il nous faut partir à l’assaut de cette forêt, il est déjà presque 16h. Une piste ombragée, bordée de mûres, de pins et d’eucalyptus, mais pas très intéressante, nous y amène. Et comme nous l’avions bien lu en préparant cette visite, le site est fermé, mais à la mode espagnole, tout le monde passe les petites banderoles et fait la visite tout de même. Son ouverture interviendra en septembre, nous ne pourrons pas revenir. Nous sommes à la “nouvelle forêt de Oma”, en cours de création. Mais comme nous sommes le 15 août, les travailleurs ne sont pas là aujourd’hui.

La peinture semble fraîche à certains endroits, il y a encore des gouttes par terre. Nous découvrons leur travail ébahi. Cette forêt semble habitée de personnages imaginaires, grands lutins ou esprits malins. Ils sont à moitié là, ils nous observent derrière leur arbre, nous avançons, ils dansent, nous nous retournons, plus personne.

Un alignement d’arbres fait apparaître un œil, un cercle, un bisou. Un point de vue, offre un nuage d’arcs en ciel. Quand un autre amène une succession de trait et mains à la manière pariétale.

L’artiste a voulu associer les techniques utilisées au paléolithique pour peindre sur la roche au « land art », qui consiste à travailler sur la nature. Le résultat : des tâches et des traits colorés formant des silhouettes, des yeux et des arcs en ciel surgissent au cœur de la forêt comme tout droit sortis de légendes ancestrales. Selon le chemin emprunté ou la direction dans laquelle le regard se porte, les figures  s’assemblent et se recomposent. Nous passons du temps à jouer avec les points de vue, seuls dans cette forêt enchantée.

L’ancienne forêt fermée

La piste continue pour revenir au stationnement par la vallée. Capucine préfère rentrer en revenant sur ses pas. Elle part seule. Même pas peur. Si, un peu. Elle nous appellera en arrivant à l’Emile-Pat. Nous poursuivons cette piste et arrivons à… L’entrée de la forêt de Oma, fermée cette fois-ci par un grand panneau de bois. Et accessible comme l’autre par un petit chemin détourné.

Il s’agit ici de l’ancienne forêt, fermée depuis 2019 à cause d’un nuisible dit-on, qui a décimé plusieurs arbres tombés ou prêts à tomber. Nous comprenons mieux la “nouvelle” forêt de Oma, et celle-ci. Nous passons quand même. Dans sa première partie, le site est très bien, et nous découvrons même des repères au sol qui indiquent les points de vue intéressants. C’est beaucoup plus simple !

Arbres malades

Plus loin, la forêt est effectivement décimée. Un scolyte je pense, qui se développe plus vite à cause du réchauffement climatique, nous avons les mêmes problèmes en Aubrac. Le ver se développe sous les troncs, pompant la sève de l’arbre qui s’assèche et meurt. Une piste, comme une balafre, a été créée pour des engins forestiers. Nous traversons vite ce cimetière et arrivons derrière le second grand panneau de bois qui ferme la seconde entrée du site, avec son petit passage à côté. Nous voilà sortis de l’illégalité.

La petite vallée que nous découvrons alors est merveilleuse. Plusieurs belles fermes anciennes ont été rénovées. La route est interdite aux voitures. Pâturages, brebis, vaches, chevaux, petits potagers, pommeraies. La campagne Basque dans ce que nous pouvons imaginer de plus beau. Nous rentrons bien tard à l’Emile-Pat. Solène et Lison ne se sont pas plaintes un instant. Jusqu’à la fin, elles ont joué en marchant. Nous avons certainement fait 8 kilomètres ou un peu plus. Elles continuent leurs jeux à côté de l’Emile-Pat où elles retrouvent leur caillou et l’arbre qui leur sert de cabane-territoire. Moi, je suis épuisée.

Ces curieuses forêts

Les autres forêts atypiques à explorer se situent en Estonie, avec ces mégaphones géants pour écrouter les bruits de la forêt, et en Pologne où les pins sont tous tordus de la même forme.

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