Akragas, une cité grecque en Sicile

Mardi 3 décembre 2019. J157. Grat, grat, grat, grat, grat, grat, grat. Tic, tic, tic. Une petite tête se faufile sous le rideau de notre lit. “Maman, j’ai gratté le 3 !” Sourire de joie. Nous sommes le 3 décembre 2019 et Solène, 3 ans et demi, découvre le concept de calendrier de l’avent. Nous en avons un avec des petites cases à gratter, que notre paroisse avait offert aux enfants l’hiver dernier et que nous avons embarqué précieusement. Il est tout plat, juste un triptyque cartonné avec des cases à gratter.

Depuis hier soir, les temples d’Akragas nous font de l’œil depuis leur colline. Ici, une colonie grecque, s’est installée en 582 avant JC. La ville s’impose très vite comme une colonie brillante et prospère. Il paraît qu’il y a ici plus de temples que sur l’Acropole d’Athènes.

Les filles sont vraiment enchantées. Elles ont lu dix fois les quelques livres que nous avons dans le camion sur la Grèce et ses mythologies. Capucine fait son sac en embarquant son mémo des dieux et déesses grecques, son petit carnet et sa perche à selfie. Elle a grandement envie de s’en servir pour faire son reportage avec. L’école attendra ce soir. Nous avons maintenant pris l’habitude de faire l’école à la nuit tombée, c’est-à-dire entre 5 et 7 heures.

9h, nous fermons l’Emile-Pat, l’accueil ticket est à côté, et le site de l’autre côté de la route après un passage souterrain. Nous sommes certainement les premiers visiteurs en ce 3 décembre. Il fait grand beau. Nous sommes seuls dans un des site touristique certainement le plus visité de Sicile. La classe !

Nous entrons par l’un des passage à travers la fortification qui encercle la ville, du moins ce qu’il en reste. 12 km de murailles ont été bâties autour d’Akragas. À l’extérieur, deux fleuves. Au sud, l’Akragas, qui est symbolisé par un crabe sur les monnaies de la ville. Et à l’ouest le fleuve Hypsas.

Son relief escarpé lui permet de se défendre facilement contre ses ennemis. Sa plaine lui assure une importante production d’huile d’olive et de vin, dont elle fait commerce dans le bassin méditerranéen, notamment avec Carthage. Théron, l’un de ses gouverneur, sorti victorieux des Carthaginois à la bataille d’Himère en 480 av. J.-C. et captura une main-d’œuvre importante qui servit à embellir encore la ville. Le tournage du reportage de Capucine peut commencer !

L’enfilade des Temples d’Akragas

Le parc à ciel ouvert s’étend sur deux kilomètres d’enfilade de temples. Et, ho bonne surprise, les panneaux explicatifs sont en français ! Le temple des Dioscures pour commencer, les déesses de la Terre Déméter et Coré, ou ce qu’il en reste. Au XIXème siècle, des archéologues sont intervenus pour remonter quatre colonnes du temple en faisant vraisemblablement des erreurs : certaines pierres n’ont rien à voir avec le monument originel. À cette époque, les règles de préservation et de rénovation étaient moins exigeantes qu’aujourd’hui.

Plus loin, le temple de Zeus est à terre, ses pierres ayant été réutilisées pour bâtir le port d’Empédocle à proximité. Ses dimensions exceptionnelles en font l’un des plus grand de tous les temples grecs. Les archéologues ont cependant réussi à reconstituer quelques Atlantes ou Télamons, ces sculptures de 8 mètres de hauteur, représentant les carthaginois vaincus et devenu esclaves des grecs, soutenant le toit du temple de Zeus en une humiliation éternelle.

La temple d’Hercule conserve seulement quelques colonnes doriques très esthétiques.

Mais le temple de Castor et Pollux, lui, a conservé ses 4 murs et toutes ses colonnes. En 597, l’évêque d’Agrigente a fait du temple une basilique chrétienne consacrée aux apôtres Pierre et Paul, ce qui a grandement servi à le conserver.

Et tout au sommet de la colline, le temple de Junon ou d’Hera, épouse de Zeus réputée pour sa jalousie, surplombe et surveille la ville.

Toute la journée nous parcourrons la vallée sans jamais arriver à réfrener l’envie irrésistible de nos biquettes de grimper sur tous ces cailloux. Elles gambaderont avec enthousiasme du matin au soir, même Solène qui pour une fois n’a pas passé la visite à dormir sur le dos de son Papa.

Après cette grosse journée, pas de route. Nous rejoignons une zone naturelle au dessus de la punta Bianca, une autre pointe de marne blanche, après une longue piste un peu boueuse. Un groupe de militaires italiens sont en train de décamper, nous laissant complètement seuls, au creux d’une barre rocheuse et face à la mer. Nous arrivons juste avant que le soleil ne se couche. Vite, Pierre et moi sautons dehors pour escalader le relief, s’asseoir sur ce promontoire et déguster l’instant tout les deux. Aucune fille n’a voulu nous suivre, tant mieux, c’était l’heure de l’école et des maths pour Capucine. Nous avons déguerpi encore plus vite.

Toute la journée le chauffe-eau a fonctionné au soleil. Alors, même si comme tous les soirs nous n’avons que peu d’électricité, nous avons quand même un petit ballon d’eau chaude que nous nous empressons d’utiliser. Toutes les stratégies sont bonnes pour garder notre petit confort.

Ce soir, Capucine utilise son bon pour une soirée aux étoiles avec son Papa. Ensemble, ils distinguent Cassiopée, Persée, le Cygne et Céphée. Capucine rentre se coucher mais Pierre reste avec un chien du coin qui est venu lui tenir compagnie. Lorsque qu’il me rejoint à l’intérieur, il est fou de joie. “J’ai vu le Taureau !… Et la Baleine et Orion, Pégase tout entier, avec ses ailes !…”

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Une réponse à “Akragas, une cité grecque en Sicile”

  1. Avatar de Creusoise
    Creusoise

    Vos dessins sont beaux les filles !