Mardi 16 juin 2020. Hunedoara, Roumanie. Dès l’école repliée, les filles sortent retrouver leur bande de potes baveux. Ces jolis escargots rayés auront été la joie de ce spot sur friche abandonnée. Très bien, pendant ce temps, nous pouvons tranquillement appeler les ambassades. D’abord celle de Slovaquie, peut-on transiter à travers le pays, sans prendre la direction de notre pays de résidence ? Nous arrivons à joindre un consul. Évidemment, le cas de figure n’est pas prévu par le règlement européen, ni par celui du pays. Il nous explique qu’il n’y a pas de contrôle systématique aux frontières, mais que la situation entre Slovaquie et Pologne est tendue et que cette frontière là est fermée, ou particulièrement contrôlée. Peut-être que nous pourrions entrer facilement, et que l’on nous laisserait sortir, puisque la Slovaquie ne veut pas de touristes et que la Pologne en veut. Peut-être.
Point stratégie
Mais nous serions présents illégalement sur le territoire Slovaque. Par contre, nous voyons ce matin que la Tchéquie est ouverte pour les ressortissants français. Ça c’est une excellente nouvelle. Car contourner la Slovaquie, c’est beaucoup plus court que contourner la Tchéquie et la Slovaquie. Notre itinéraire nous ferait alors passer par Vienne, Brno et nous amènerait rapidement à Cracovie en Pologne. Et ça, ça nous plaît. C’est décidé. Nous visitons ce dernier château, et nous prenons la route. Trois heures pour la frontière de Nadlac. Puis quatre heure de transit à travers la Hongrie. Demain, nous nous réveillerons à Vienne !
Le château
Le château de Hunedoara est dit-on le plus grand et le plus beau château de Roumanie. C’est vrai qu’à l’extérieur, il est particulièrement impressionnant. Une première fortification a été construite au XIV ème siècle, puis agrandie, renforcée et aménagée au XV ème par Iancu de Hunedoara, Voïvode de Transylvanie à l’époque où le territoire était sous domination hongroise. Le château, bâti en style gothique, a été le premier à composer entre une fonction militaire et défensive, et la fonction d’un château de plaisance où l’on faisait de grandes réceptions.
Le château sera bien plus beau à l’extérieur qu’à l’intérieur. Peut-être notre esprit est-il déjà ailleurs. Et cette Solène qui se traîne en gémissant qu’elle est fatiguée… Pour une fois, nous sommes partis faire la visite sans prendre le sac à dos pour la porter.
Sur la route
A 13h, petit repas vite avalé, nous partons. Les filles sont prévenues que la route sera longue, trois heures jusqu’à la frontière, peut-être deux heures d’attente, contrôles des papiers, signature des documents pour le transit, contrôle médical puis quatre heures encore d’autoroute. Il faut se préparer à rouler de nuit, elles seront autorisées exceptionnellement à dormir dans notre lit parental qui, une fois fermé avec le filet de protection, est l’endroit le plus sécurisé pour dormir en roulant. Mais la perspective de changer de pays, de repartir vraiment à l’aventure, les enchante et elles sont prêtes à tout, même à se tenir sages toute une après midi ! Et c’est qu’elles seront sages pendant plus de deux heures sans s’arrêter. Nous avons rassemblé leurs jeux autour de la table, elles s’occupent.
Arad
Puis nous faisons une pause à Arad, la grande ville avant la frontière. Nous avons quelques lei à dépenser et nous avons surtout besoin de nous dégourdir les jambes. Un tour dans le marché couvert de la ville, nous nous offrons une orgie de fraises et de cerises. Le prix est dérisoire. Tout sera mangé avant le dîner… Je trouve quelques fils pour faire des bracelets brésilien, ça, ça les occupera un moment encore. Et puis nous reprenons la direction de la frontière de Nadlac 2, le passage le plus rapide vers l’Europe de l’ouest, emprunté par tous les camions de transport de marchandises. A dix kilomètres avant la frontière, les camions se serrent tous dans la voie d’arrêt d’urgence. C’est déjà ici la file d’attente pour la frontière ? Incroyable. Déjà, nous doublons tous ces camions, c’est une bonne chose. Puis nous arrivons nous aussi dans notre file d’attente. Il est 18h45, nous coupons le moteur et vaquons à nos activités. L’avantage, c’est que l’on est chez nous partout, même chez les douaniers.
Passage en Hongrie
Nous nous attendons à ce que ça soit long, nous sommes à la fois à l’entrée de l’espace Schengen, et à l’entrée de la Hongrie, pays réputé pour ne pas être très ouvert aux étrangers… en ce moment du moins. Nous nous attendons donc à ce que les contrôles soient un peu tatillons. Ha, les préjugés ont la vie dure… Mais finalement la file avance assez vite. A 19h45, nous sommes au guichet roumain. Un homme enregistre le passeport de Pierre, nous avançons, pesée, on nous fait signe d’avancer. Nous avançons. Mais où est la douane hongroise maintenant ? Nous sommes directement sur l’autoroute. Pierre s’arrête acheter la vignette hongroise, je vérifie sur Google maps, non, la frontière est bien passée, il n’y a plus aucun guichet sur notre route. Déjà ? Et notre transit ? Et notre nuit de route en dormant dans la capucine ?
Les filles sont presque déçues. C’est pas de l’aventure, ça ! Donc, nous sommes en Hongrie, mais nous ne savons pas bien si nous avons le droit ou pas de circuler librement… Bon. D’abord, trouvons un spot pour ce soir et épargnons-nous de la nuit de route. Après ? On verra. A chaque jour suffit sa peine. Nous débarquons donc dans un joli petit parking dans le village de Makó, à quelques pas de petits restaurants doucement animés. Puisque c’est ainsi, allons fêter notre voyage qui redémarre au restaurant !
Ici, les restaurants peuvent accueillir des clients en salle. Nous ne serons pas beaucoup, mais nous ne serons pas seuls. Je crois que le restau choisi est un peu grec, en même temps, on n’y comprend vraiment rien au hongrois… Qu’importe, la cuisine est bonne et le moment est à la fête. Ce voyage nous aura réservé plein de surprises.
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