La Carapate dans les Carpates !

Lundi 18 mai 2020. Nous l’avions prévu depuis longtemps ce titre, nous pouvons enfin l’écrire ! Car notre transfert vers la ferme de Firtușu se fera en deux jours, et nous allons nous offrir une escapade tout en haut des monts Bucegi, notre porte d’entrée dans l’immense massif des Carpates.

Les premiers kilomètres après Snagov se font dans une silence suspicieux. Les adultes, craignent de se faire arrêter par un contrôle de police. Les enfants sont scotchés au paysage qui défile. Très vite, nous quittons la plaine de la Valachie et nous entamons l’ascension des Carpates. Direction, le Sphinx de Bucegi, un point cœur, ou plus précisément la station de ski au pied des monts qui nous permettra demain de faire l’ascension à pied jusqu’au Sphinx. Ça, c’est ce qui était prévu au départ.

Pour 13h, nous arrivons au premier col. Nous avons une furieuse envie de gravir ce petit promontoire et de pique-niquer à son sommet. Pique-nique préparé rapidement, je n’ai plus les réflexes, je manque d’oublier la gourde et je laisse les couverts dans leur tiroir. Pas de souci, Pierre fera l’aller-retour en trottinant, trop heureux de pouvoir se dépenser. Le temps est gris et chaud, les nuages butent contre la montagne et arrivent parfois à passer le col. Plusieurs chiens nous accueillent et l’un d’entre eux partira avec nous jusqu’en haut de ce petit promontoire.

Au sommet, Solène trouve de minuscules sapins habités de colonies de coccinelles. Son rêve. A Snagov elle s’est prise de passion pour ces petites bêtes, ici elle en prend dix sur ses mains, ses bras, sa capuche… Trop heureuse. Il en faut peu !

Sphinx de Bucegi

En étudiant mieux la carte, je comprends que la route en face de nous longe la crête de ce massif et nous rapproche beaucoup du Sphinx de Bucegi et qu’il semble y avoir un chemin de randonnée pour s’y rendre. Changement de direction, allons voir si l’on peut se spoter là bas. La route qui traverse les alpages est magnifique. Nous arrivons sur un parking de départ de randonnée, déjà occupé par une dizaine de véhicules.

A vue de nez, il y a juste trois kilomètre et peu de dénivelé pour arriver jusqu’au sphinx. « On y va ? » propose Pierre. Il est déjà 16h30, je crois que ce n’est pas très raisonnable mais l’envie est plus forte. Pierre et moi nous avons besoin de nous dépenser, de nous défouler, de profiter pleinement de cette parenthèse de voyage avant d’arriver demain à la ferme.

Ok, on y va. Il faut prendre des gourmandises pour faire avancer les enfants, et le sac pour porter Solène. Go ! Les filles ne comprennent pas ce changement de programme, la grande randonnée était prévue pour demain ! Elles traînent donc leurs savates en grognant tout ce qu’elles peuvent. Pendant les trois premiers quarts de cette randonnée, j’ai cru que nous n’allions pas y arriver, à ce sommet. A cause des grognements, mais aussi car nous nous sentons tout rouillés : deux mois que nous n’avions pas marché ! Et en plus j’oublie mon appareil photo dans l’Emile-Pat’. « Je vais le chercher, t’inquiète ! », repart Pierre. Et le voilà en train de redescendre en trottinant pour remonter aussitôt, et embarquer Solène sur son dos. C’est dire si ces trois pauvres kilomètres vont être durs. Mais nous tenons le cap. « Après une galère, souviens-toi, il y a toujours une surprise qui nous attend » rappelle-je à ma grognon numéro une.

C’est une grande dose de joie et d’énergie que nous aurons trouvée sur ce sommet. L’énergie du site et de son histoire. L’énergie du vent qui nous saisit et de cet horizon ouvert aux quatre points cardinaux. Alors c’est en courant que nous redescendons de la montagne. Nous courons pour extérioriser la frustration des deux mois passés confinés. Nous courrons aussi car il est déjà 19h30 !

Et heureusement, cet autre adage familial fonctionne une nouvelle fois. Au sommet du Massif de Bucegi, 2 200 mètres d’altitude, derrière quelques vieux bâtiments délabrés, nous découvrons d’étranges rochers. D’abord trois formes de champignons. Puis le fameux Sphinx, encore plus réaliste en vrai. Impressionnant. « Tu nous lis Wikipédia, Maman ? », les bonnes habitude de curieux sont toujours là. L’histoire de ce site plaît aux filles. « Mais dis, Maman, on pourrait faire une vidéo ! ». Mais oui, reprenons nos petites vidéos !

De retour à l’Emile-Pat, Pierre et moi sommes d’accord, nous ne dormirons pas ici. Trop visibles, trop haut en altitude et trop au vent. J’ai repéré plus loin dans la vallée un spot où tous les utilisateurs racontent avoir vu des ours, dans un croisement de routes de montagnes en plein cœur d’une forêt où ces animaux sont protégés. L’envie d’aller passer une nuit avec les ours est irrésistible, nous ferons la petite heure de route nécessaire pour rejoindre le spot. Et la journée aura été bien longue. Ce soir, nous sommes épuisés et heureux. Pas d’ours pour l’instant à l’horizon, mais sûr que nous allons tendre l’oreille toute la nuit. Nous retrouvons les soirées douces et chaleureuses dans l’Emile-Pat où chacun lit tranquillement après un repas réconfortant. Nous l’aimons cette vie de voyage.

Zalmoxis et les Daces

Plusieurs légendes gravitent autour du sphinx des Bucegi. Une première légende stipule que le sphinx aurait été façonné et/ou utilisé par les Daces comme lieu symbolique de culte ou de mémoire. Une autre nous raconte que Zalmoxis, Dieu et prophète du peuple Dace aurait vécu ici en ermite, pendant trois ans. Les Daces sont ce peuple vivant ici en Roumanie, contemporain et ennemi des Romains. Ils avaient établi leur capitale à Sarmizegetusa.

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Une réponse à “La Carapate dans les Carpates !”

  1. Avatar de Creusoise
    Creusoise

    Contente de retrouver le billet vespéral de la carapate et heureuse de voir que vous avez pu retrouver votre esprit de vadrouilleurs … J’espère que vous n’aurez pas à rester trop longtemps dans votre ferme . Vous êtes vraiment obligés de rester à nouveau confinés ? Ceux qui se trouvaient en Grèce ont pu reprendre la route librement et les sites commencent à y rouvrir .
    Ici on attend la fin du mois pour voir si une deuxième vague, post confinement, arrive ou non …
    Bonne route et bon vent dans les Carpates, la Carapate !

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