Les bateaux de Calabre

Mardi 10 décembre 2019. J163. Spadafora, Sicile. Solène se lève en dansant. Elle est toujours la première levée d’habitude, et toujours joyeuse, mais aujourd’hui encore plus. Elle chante et danse pour me faire rire. Et je ris. Et elle rit. J’aime les matins joyeux.

Sur notre parking de plage, nous sommes bien. Et nous comptons bien profiter de l’endroit avant d’en partir. Pierre va au café pour brancher l’ordi et bloguer. Solène et Lison l’accompagnent, cahiers d’école sous le bras. Capucine s’installe aux multiplications pendant que je m’attaque à ma corvée de linge. Les multiplications, ça va un temps, mais Capucine en a vite marre. J’insiste un peu, nous finissons, mais une pause s’impose. Fiche-découverte. Capucine choisit le thème de la poussée d’Archimède, que nous avons découvert au musée de Syracuse. Je suis embêtée car Pierre est parti avec mon téléphone et moi, la poussée d’Archimède, je n’en ai pas une connaissance très solide…

Cap, égale à elle-même, s’exclame : “J’ai lu dans un livre…” elle se glisse dans le trou qui lui sert de lit et en ressort avec son livre “Les scientifiques”. “Alors, sommaire, Archimède, page 23, C’est ça, tu vois !” Parfait, nous avons tout ce qu’il faut pour travailler. Cette fille est une documentaliste née.

Et pendant que nous terminons de ranger le linge ensemble, miracle : Capucine tombe sur un petit jeu de cartes pour jouer avec les fractions et a soudainement envie de faire des fractions ! Moi, j’ai tous mes placards de linge à ranger, mais je ne peux pas laisser passer une telle occasion de travailler le sujet ! Nous jouons. Et fichtre la bougre, c’est qu’elle est forte en fractions, j’ai du mal à la suivre et il me faut dessiner des tas de petits fromages en quartiers pour être sûr que sa carte est plus forte que la mienne ou pas. Tempête de cerveau. Ce jeu est incroyable. Ludique et gymnastique.

Du côté du buveur de café, pas de prise compatible avec l’ordinateur (il y a deux sortes de prises en Italie) … Pierre ne peut pas bloguer et attend que Lison finisse ses conjugaisons en papillonant. Loupé.

Cette fois-ci, le linge est rangé, nous pouvons partir. Un petite heure de route, nous sommes à Messine, dans une route qui ressemble à un toboggan plongeant dans le ferry. Nous passons les formalités d’embarquement comme on met une lettre à la poste et nous embarquons directement. À peine le temps de monter sur le pont du navire pour un dernier au-revoir à la Sicile, nous sommes arrivés. Le ferry n’a pas fini d’accoster que la rampe du deck est déjà grande ouverte. Les piétons se pressent pour sortir avant les véhicules, comme dans le bac que nous avions pris à Amsterdam. Et nous débarquons directement sur l’autoroute. Traversée express.

Construction de bateau

Direction le joli village de Scilla, que nous ne verrons que de loin, trop étriqué, et trop interdit aux camping-car. Tant pis pour eux, ils n’auront pas l’honneur de notre visite. Nous trouvons un autre arrêt sur la plage de Taureana. Passé un cimetière de barques, les filles se construisent un bateau sur un gros tronc d’arbre échoué et quelques déchets. La machine à histoires est allumée.

Mais nous changeons encore de spot. Un peu plus loin. Sur la plage et face aux vagues. À Taureana, nous ne voyions pas la mer depuis l’Emile-Pat, ça ne pouvait pas aller. Ici, nous regardons les vagues rouler, les nuages passer, les cargos naviguer et les éclairs tailler l’horizon, c’est mieux.

Enfin, c’est mieux que si l’on ne regarde que l’horizon. Sur la plage, la mer recrache nos déchets. Et sur le chemin, les abords sont littéralement transformés en dépotoir. Mais que se passe-t-il dans ce pays ? Comment les habitants peuvent-ils se comporter ainsi ? Depuis nos yeux de petits français bercés au respect de la nature, nous trouvons cela parfaitement incompréhensible. Inacceptable. À vomir.

Chacun travaille en jouant pendant que je cuisine. À 18h45, nous passons à table. Oui, bon, c’est un peu tôt… Mais ça nous laissera le temps pour une soirée sketches. Solène ayant ouvert une école de clown, elle donne des cours tous les matins aux personnages imaginaires qui habitent ses pensées, et des représentations le soir. Elle nous fait bien rire. Ce soir, il y a les Moulins de Don Quichotte qui l’ont appelé pour s’inscrire à son cours. Ses sœurs la suivent évidemment pour faire les pitres. Mais elles le font en se mettant en pyjama, alors nous gardons notre précieuse avance.

Avec Pierre, nous précisons l’itinéraire des 13 jours à venir. Soit nous montons directement à Rome, et nous arrivons 3 jours en avance. Soit nous faisons un crochet par les Pouilles, Alberobello, Polignano, Matera… Nous sommes trop curieux, nous ne pouvons pas résister, tant pis pour les kilomètres en plus, il faut profiter !

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