Les embruns de Vendicari

Mercredi 4 décembre 2019. J158. Sicile. Ulysse, le chien husky qui a passé la soirée avec Pierre hier, est toujours là ce matin. On dirait qu’il nous attend pour nous emmener balader. Il fait encore très beau, nous faisons un tour jusqu’aux falaise, un coup d’œil à Punta Bianca, mais prenons la route rapidement.

Traversée de la Sicile maraîchère

Ce jour-là ne sera qu’une journée de transition. Entre Agrigente et la côte est de la Sardaigne, nous n’avons aucun point d’intérêt enregistré. Quand nous parcourons les trois heures de route, nous comprenons pourquoi. Nous traversons une grosse zone portuaire et industrielle, puis une immense plaine où l’on cultive des légumes sous serre. En plus d’être moches, les routes sont jonchées de déchets aussi affreux qu’ils ne sont pas dans un état de dégradation avancée… Ça a l’air d’être naturel, ici, laisser ses poubelles sur les routes. Lorsque notre itinéraire bifurque vers l’intérieur des terres, nous entrons soudainement dans une zone d’élevage bovin aux petites parcelles cerclées de murs en pierres sèches, aux prairies fleuries ou proprement labourées. Il n’y a pas de doute, l’élevage d’animaux qui pâturent produit des paysages bien plus agréables et sains que la culture de légumes sous plastique. Un steak s’il vous plaît !

Nous arrivons pour midi dans le joli village de Ragusa, accroché à une enfilade de trois pitons rocheux qui émergent au milieu d’une vallée encaissée. L’endroit nous aurait bien plu si le froid ne nous avait pas retrouvé. Finalement, nous n’avons pas du tout envie de visiter la ville. Nous nous contentons de faire les services et les courses et restons manger au chaud de notre Emile-Pat’. L’ambiance y est joyeuse, nous découvrons quelques drôles de fromages, assistons à un spectacle improvisé de trois petites clowns qui nous font bien rire.

Vindicari, au plus proche des réalités

La réserve naturelle, les déchets

Ce soir, nous dormirons au bord de la réserve naturelle de Vendicari, sûrs d’y trouver un spot sympa. Non. La réalité fut tout autre. Au bord de la zone protégée, nous trouvons une côte sale, jonchée de déchets, vieux et récents. Nous sommes toujours sous les nuages et le vent s’est levé. De grosses vagues frappent la côte rocheuse et éclaboussent la grisaille. C’est impressionnant. Pierre se stationne face au vent, tant pis pour la vue, de toute façon, la nuit est en train de tomber. Un tour dehors. Les embruns nous envahissent. Même en restant loin du bord de mer, nous sommes mouillés d’eau salée.  Lorsque nous pénétrons la réserve, les déchets disparaissent un peu.

Les naufragés et l’Europe

En se promenant le long de cette plage, nous tombons nez à nez avec une statue commémorative d’un naufrage. Au large de cette commune en 2007, 37 réfugiés palestiniens et égyptiens, victimes de passeurs peu scrupuleux ont été la proie d’une tempête alors qu’ils étaient sur une embarcation… pneumatique. 37 personnes à bord, 17 morts.

Nous nous enfermerons à l’intérieur de l’Emile-Pat’ où nous sommes définitivement très bien. Solène n’aura carrément pas mis le nez dehors de la journée. Bricolage. Nous terminons nos coquillages en colliers, nous fabriquons notre sapin de Noël en papier, peint par les mains expertes de Solène. Nous faisons l’école aussi. La soirée passe vite. Nous nous endormirons tranquillement bercés par le vent.

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