Mistra et les deux montagnes

Mardi 18 février 2020. J232. Grèce. Ouverture du rideau. Le soleil inonde le salon. Je distingue difficilement Émilie assise seule sur la plage, devant l’horizon immense de mer et de montagnes. Elle s’est levée en même temps que le soleil, et l’a accompagné dans son ascension. Je crois qu’elle prend goût à la vanlife. Peut être même qu’elle a chopé le virus.

Massif du Taygète

Étude du trajet à venir. Je suis inquiète. Si l’on veut respecter la contrainte de l’avion d’Émilie, faire ce que l’on a prévu et éviter de dormir dans la montagne pour s’épargner du froid de l’hiver, il va nous falloir faire beaucoup de route aujourd’hui. Une heure et demie jusqu’à Mistra en traversant l’énorme massif du Taygète. Puis encore deux heures pour traverser le massif du Parnon et redescendre au bord de la mer Egée. J’en parle aux conducteurs. En réalité, je suis la seule à m’inquiéter. Tout le monde est partant, les routes seront belles et les enfants dispersés dans les différents véhicules, ce qui change grandement l’ambiance de voyage. Sans eux, nous ne l’aurions certainement pas fait. Embarquement immédiat. Chaque enfant se bagarre pour obtenir la place idéale. À nous le Taygète.

Comme prévu les paysages sont sublimes. La route toute petite zigzague rapidement en longues épingles resserrées. Notre caravane descend dans une gorge, pour remonter plus haut, toujours en zigzaguant. À midi passé nous arrivons enfin à la ville médiévale de Mistra. Pique-nique rapide sur le parking et nous commençons la visite. En Grèce, les sites touristiques semblent tous fermer à 15h en hiver.

Mistra

La cité de Mistra fut fondée en 1249 par un franc, Guillaume II de Villehardouin, qui cherchait à construire une forteresse sur les hauteurs du Taygète dans le but de protéger Sparte, alors lieu de résidence des Villehardouin. Mais à peine dix ans plus tard, il fut fait prisonnier des byzantins et dût céder la ville. C’est sous le règne de Byzance que la ville se développe et devient la seconde ville de l’empire, haut lieu de lettres, d’art, de philosophie et de musique. De cette période, il reste de nombreuses églises orthodoxes précieusement restaurées.

Les rues escarpées n’arrêtent pas les petites jambes qui ont besoin de se défouler. Nous nous laissons perdre dans un dédale de ruines envahies d’une végétation verdoyante. Le printemps s’éveille en Grèce. Quelques fruitiers s’embellissent de fleurs délicates. Peut-être des amandiers. Les quatre adultes croisent leurs connaissances pour traduire les panneaux et reconstituer le puzzle de l’histoire du lieu. Après les byzantins, les ottomans prirent la ville, puis les vénitiens, et encore les ottomans, puis les russes et les albanais. Dans le monastère, encore habité par des sœurs, les enfants trouvent une bande de chats qui n’attendent que des caresses. Attendrie, une vieille none leur amène des loukoumi, à la rose, au jasmin, à la fleur d’oranger,… Les enfants se servent avec crainte et politesse. Ils savent qu’ils n’aiment pas ça, mais ils ne peuvent pas refuser. Hummm les bons loukoumi. Je goûte, ils sont très tendres, je pense qu’ils sont faits maison, aucun doute. La petite nonne est trop heureuse de partager ses trésors, nous devons tous nous resservir. Qu’ils sont bien éduqués ces enfants !

À 16h, nous nous faisons siffler. Ce sont les gardes du site, c’est comme ça qu’ils communiquent avec les visiteurs, nous l’avions déjà éprouvé à Olympie et au temple d’Apollon. Pas très chaleureux. Nous comprenons qu’il nous faut quitter le site, ha oui, il est censé être fermé depuis au moins une demi heure… Les gardes ont du crapahuter pendant un moment pour nous retrouver. Nous filons rapidement, notre troupeau de cabris dévale la pente en sautillant.

Il est 17h, tout le monde est prêt pour faire deux heures de route ? Oui, il semble. Un petit cirque pour que chacun choisisse une place différente du matin, et la caravane repart. Nous descendons vers Sparte, traversons de petites et nombreuses parcelles d’oliviers puis remontons pour l’ascension de notre deuxième massif du jour. Et ça grimpe, et ça zigzague sans fin. Et ça fait wouaaahhh à chaque virage. Encore une magnifique route sous un ciel rougeoyant.

Notre spot de ce soir sera cette fois-ci sur un petit port. Quelques pêcheurs vident encore leurs poissons, surveillés de près par notre tribu scotchée devant ce spectacle. Pour les services du soir, nous nous relayons. Je cuisine pendant que Thomas et les enfants font la vaisselle, puis nous passons le relais à Émilie et Pierre pour assurer le repas des enfants pendant que Thomas et moi sirotons une bière sur le quai. C’est bien d’être à plusieurs.

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