Mr Quirke, le vieil irlandais de Sligo

Samedi 17 août 2019. J47. Pas de nuages ce matin ! Petit déjeuner dehors ? Je fais cuire le reste de crêpes. “Je vais déjeuner dehors, qui vient avec moi ?” Capucine grogne dru ce matin. Lison s’habille avec enthousiasme. Solène se blottit contre son siège. Et Pierre se dévoue pour rester à l’intérieur prétextant que le fond de l’air est frais. C’est vrai qu’il ne fait pas chaud, même au soleil. J’avale mes 3 petites crêpes et mon mug de lait en vitesse devant l’incroyable vue sur le Lough Erne, avec l’océan qui s’est dévoilé à l’horizon. Mais Lison, qu’est-ce qu’elle est lente… Capucine me rejoint avec un large sourire. Puis Solène de même. Tout le monde installé sur le petit muret, au soleil, et en doudoune.

La vallée du cheval à chaussure

Aujourd’hui, nous quittons l’Irlande du Nord pour entamer notre découverte de la République d’Irlande. Et dans notre quête de coins sans touriste, nous partons en direction de la vallée “du cheval à chaussures”. Une très belle montagne certainement dénichée à cause d’un joli post Instagram. Mais comme la veille, impossible d’en profiter : pas un point de vue, pas un stationnement, pas un chemin de randonnée,… Toute la montagne est privatisée. Et s’aventurer à travers champs serait impossible car ici, tout est spongieux. Nous faisons un bref arrêt photo et continuons notre route.

Ville de Sligo

Qu’avons-nous à visiter sur notre chemin ? L’abbaye de Sligo, enfin un lieu visiteurs-friendly ! Garés à proximité, nous sentons que la ville de Sligo, qui embrasse sa vieille abbaye, est un lieu de vie accueillant, comme ce qu’on nous avait dit de l’Irlande.

L’abbaye

Nous visitons ce qu’il reste de l’abbaye, fondée en 1250 par les dominicains en même temps que la ville. Les toits ont disparus, les vitraux aussi. Ne reste que de hauts murs gris transpercés par des ouvertures aux arches flamboyantes. Derrière, le ciel bleu contraste. La visite se résumera à une amusante chasse aux trésors organisée par le musée.

Allons explorer cette ville qui nous paraît sympathique. Un grenier à musique. Des pubs à tous les coins de rue qui préparent leur samedi soir. Une boulangerie avec du vrai pain, croustillant à l’extérieur, moelleux à l’intérieur et qui sent bon ! Une épicerie fine où l’on trouve du fromage irlandais.

Et une grande boutique de pêche où Pierre s’équipe pour la pêcher en mer. Cette ville nous plaît. Nous passons devant une autre drôle de boutique. Quelques sculptures en bois en vitrine et à l’intérieur, le foutraque d’un atelier d’ébéniste. Ça sent bon le vernis à bois. J’entre sans hésiter.

Mr Quirke, le sculpteur sur bois de Sligo

Une viel homme est en train de sculpter quelque chose. Je lui dis que ça boutique sent bon. Alors comme s’il nous attendait, il nous explique que le bois qu’il travaille est un vieux bois, du pin je crois, qui vient d’une “Holly Forest” au pied du Ben Bulben. Il me sort une carte du coin pour me montrer. C’est la montagne que nous avons explorée ce matin. Il nous cherche dans son bazar les morceaux les plus odorants et nous les fait sentir, caresser. Et puis il demande aux filles “What is your favorite animal ?”.

Capucine a compris mais se tourne vers moi pour confirmer. Elle lui répond seule “a horse”. Tout content, le vieil homme s’affaire à dessiner un cheval au ciseaux à bois, comme ça, à main levée. Et puis il nous explique. Il dessine un Marengo, c’est une race d’ici. Enfin, c’est un croisement entre les petits chevaux trappus de l’île et les grands chevaux espagnols amenés par l’Armada au XVIème siècle. Le Marengo, c’est ce célèbre cheval de bataille choisi par Napoléon pour ses conquêtes. C’est celui qui accompagne l’empereur dans le chef-d’œuvre de David exposé au musée du Belvédère à Vienne. L’Europe ! De l’Autriche à l’Irlande en passant par la France et l’Espagne, notre histoire commune !

Après son beau cheval, le vieil homme attrape un petit bout de bois pour faire un petit lapin. Un lièvre pardon. Un lièvre d’ici aussi. Avec de grandes pâtes et les oreilles qui volent au vent. Pour Solène celui-là. Lison commence à avoir peur de ne pas avoir sa gravure. Elle me dit discrètement : “Moi, mon animal favori c’est les sauterelles”. Je regarde rapidement comment on dit sauterelle en anglais : grasshopper. Lison s’entraîne à prononcer le mot et se lance. “I love grasshopper”. “Grasshopper ? !” s’exclame le vieux. “Grasshopper, grasshopper… Hum…” Il fouille son bazar de bouts de bois, renifle le morceau qui lui plaît le plus, il trouve. L’accroche à son étau et gromelle. “Grasshopper, grasshopper…” “Do you usually draw grasshopper ?” je tente. Il ne me répond pas. Il semble trop concentré sur son dessin. Il tape quelques coups sur son ciseau. “The legs are not easy, let me see, perhaps like this…” Il tape encore quelques coups et satisfait de lui se met à sourire. “Grasshopper, I never did grasshopper. Never ! All my life, I never did grasshopper ! I drew Godzilla, but no grasshopper”. Il trace encore quelques touffes d’herbe et tend fièrement son dessin à Lison.

De toute ma vie, je n’ai jamais sculpté de sauterelle.
J’ai déjà sculpté Godzilla, mais je n’ai jamais sculpté de sauterelle !

Mr Quirke

Dans son atelier, quelques vieilles coupures de journaux son affichées. Mr Quirke est une star locale, il a l’air d’être très respecté. Un autre vieux entre dans la boutique pour le saluer et y reste, amusé d’y voir des français. Lui aussi s’invite dans l’échange. Il a vécu à Paris et nous offre fièrement les quelques mots de français qui lui restent. Les deux hommes nous présentent quelques mots gaëliques. “Slàn” pour se dire au revoir.

Plage de Trá Bhuí

Si toute l’Irlande est accueillante comme ça, nous allons adorer ! Ce soir, nous dormirons sur la plage de Trá Bhuí réputée être un spot de surfeurs. Les surfeurs ne sont pas là, mais les vagues oui ! Énormes, incessantes et impressionnantes. Je crois que je n’en ai jamais vu de si grosses.

Dehors, les filles s’installent une cabane, trouvent une famille d’escargots, quelques jolis cailloux. Et un fossile. Puis deux. Pierre se prend au jeu de la recherche de fossiles et ensemble, ils se mettent à casser en morceaux un énorme rocher qui s’effrite comme de l’ardoise. Il est truffé de fossiles.

Il va falloir faire un tri, on ne va pas tout prendre dans L’Emile-Pat ! Il faut déjà qu’on trouve une place pour la canne à pêche…

Pierre cherchera toute la soirée le rangement de sa canne, au plafond, au dessus des placards, en travers entre les placards, au fond du lit,… Rien ne va. Alors pour l’instant la canne échouera dans la douche, avant de trouver mieux. Au programme télé ce soir : vagues et rouleaux ! Nous mangeons scotchés devant notre écran !

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