Nous vous proposons un nouvel article… de novembre 2019. Il avait été englouti, ainsi que les photos, dans notre téléphone qui avait pris l’eau lors d’une randonnée à El Torcal en Andalousie. Nous avons pu miraculeusement le ressusciter après de très longs efforts et une espérance poussée à son paroxysme. Il sort à présent de son silence.
Vendredi 8 novembre 2019. J131. Allez, un dernier bain de soleil avant de quitter le Portugal. Hé oui, il nous faut avancer si l’on veut boucler ce tour d’Europe. Avec Pierre, nous avons calé le programme pour l’Andalousie, et nous avons même réservé le ferry qui nous portera vers la Sardaigne. Ce sera le 22 novembre. Alors ce matin, on emmagasine du soleil, on prend des bains de pieds dans l’eau froide de la mer, et surtout on ne fait rien.
Hier soir nous nous étions garés sur le parking de la plage de la Marinha et nous avions fait l’école. Alors ce matin, nous n’avons qu’à nous lever et descendre à la plage. À l’énoncé du programme, Solène remonte dans son lit et fait la moule.
Encore une journée à devoir endurer les menaces incessantes des vagues qui veulent prendre sa Maman. Pour ne pas recommencer comme hier, je fais le pari que si je pars à la plage avec ses sœurs, elle voudra nous rejoindre. Je la laisse donc avec son Papa et je file de bonne heure explorer les lieux. Encore une plage sublime. Et ce matin, nous sommes encore seuls à la fouler.
L’air est chaud, les falaises réverbèrent déjà toute la vivacité de ce franc soleil d’hiver. Quel privilège d’avoir l’Algarve pour nous tout seul, quand on a vu les photos des lieux en haute saison.
Solène nous rejoint avec son Papa, nous avons gagné notre pari. Elle s’empresse de me raconter fièrement qu’elle s’est habillée seule. À voir son pull à l’envers, j’avais deviné. Je la félicite, je ne veux pas contrarier sa amour-propre. Elle s’installe alors au-dessus des serviettes, le plus loin possible des vagues et le plus près possible de nous. Elle a l’air moins tendue aujourd’hui, elle joue à transvaser du sable dans son seau pendant des heures. Normal.
Pendant ce temps, Lison et Capucine ont inventé un nouveau concept : la danse maritime. Elles créent et répètent des chorégraphies en jouant avec les vagues. Elles sont drôles à observer.
Quand je sors mon aquarelle en me demandant si je vais enfin réussir à reproduire la beauté de ces falaises sur mon carnet, d’un seul coup, tous les jeux de mes enfants sont finis.
Je pensais pouvoir peindre tranquillement, j’ai instantanément trois canards autour de moi qui me réclament mes pinceaux. Chacune va alors se mettre à peindre ces falaises à leur manière : Capucine avec des couleurs douces, Lison choisit le rocher où sont perchés des cormorans qui sèchent au soleil, et Solène ne peindra que la falaise qui est au dessus d’elle, l’infini de l’océan ne l’intéresse pas. Comme souvent, des gens passent et nous félicitent. Nous ne sommes plus seuls sur cette plage depuis longtemps. Une italienne s’arrête et nous interpelle avec une multitude de superlatifs enchaînés “Meravigliosa !” Elle nous explique en français qu’elle adore l’aquarelle, qu’elle peint avec un groupe d’ami, qu’elle sait faire les portraits… et propose de nous en faire un. Capucine se dit prête. Voilà l’italienne qui s’installe sur notre serviette, prend mon carnet et mon crayon, et en quelques traits savamment posés, croque le visage de ma Capucine sur le papier. Experte. Je suis loin de savoir en faire autant… Nous la félicitons, échangons nos coordonnées. Elle vient d’un village entre Gènes et Vintimille. Belle rencontre !
Un dernier pique nique sur la plage en cherchant des coquillages microscopiques. Il est temps de partir. Nous nous sommes donnés le défi d’être à Séville ce soir et surtout, là, on cuit complètement. Les falaises forment un four qui restitue la chaleur du soleil. Nous avons notre saoûl. Nous pouvons quitter ce petit bout d’été pour retourner à un temps de saison. Direction l’Espagne. Au revoir Portugal, tu nous auras bien gâtés !
Après 3h30 de route, nous arrivons tranquillement en fin de journée à Séville. Au vu des commentaires alarmants des utilisateurs de park4night, nous choisissons pour une fois de stationner dans une aire de camping-car payante et sécurisée. 12€ la nuit, ce n’est pas la ruine pour être serein. Il s’agit d’un club de voile qui accueille les campings-car. Alors en plus d’être sécure, c’est aussi un endroit charmant avec son petit port blanc et bleu et sa marina au bord du Guadalquivir. Nous sommes loin de la ville, mais près du bus qui doit nous y amener demain. Tout semble parfait.
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