Sighişoara, la Carcassonne de Roumanie

Lundi 1er juin 2020. Roumanie. Où en sommes nous du décompte des jours de notre voyage ? Nous avons perdu le fil. Alors puisque nous sommes plus proches de la fin que du début, comptons à l’envers. Il nous reste trois mois de voyage. Deux mois et demi dirait Pierre.

Nous ne sommes toujours pas d’accord sur la date de notre retour, et vu les circonstances, il est inutile de parlementer, rien n’est vraiment prévisible à plus d’une semaine ou deux de visibilité. Quoiqu’il en soit, le 1er septembre, nous devons retrouver le chemin du travail.

Quel plaisir retrouvé de traverser les petits villages de Transylvanie avec leurs coquettes maisons toutes alignées au bord de la route principale. Nous dégustons ces paysages verts et brumeux en roulant vers Sighişoara, la Carcassonne de Roumanie. Tout le monde nous a recommandé d’y aller, même si pour ce premier jour de visite en temps de pandémie, nous aurions préféré traîner ailleurs que dans une ville.

C’est une petite ville, nous avait précisé Feri, jamais inquiet de rien. Alors, masques dans le sac à dos, nous entamons la promenade jusqu’au centre ville médiéval. La tour de l’horloge est vite trouvée et sonne quelques coups pour nous accueillir. Et hop, que dit Wikipedia sur cette ville ? Maman, on fait une vidéo ?

Aujourd’hui, lundi de Pentecôte, est férié. Et c’est en plus la fête nationale des enfants. Quelques familles se promènent comme nous, quelques boutiques à touristes étalent leurs camelotes sur les trottoirs, quelques terrasses sont ouvertes. La cité médiévale est peinte de couleurs joyeuses. La vie reprend son cours tranquillement.

Un arrêt ravitaillement. Un arrêt recharge de gaz. Nous sommes prêts pour être autonomes une semaine ou deux.

Reste à rejoindre le spot de ce soir, au bord d’un lac artificiel, mais non, le chemin est trop boueux. Le suivant aussi. Et le prochain également. Premier jour, première galère. Nous nous stationnons au bord de la route, devant un monument commémoratif et Pierre part explorer à pied un énième chemin boueux. Un homme lui dit que le chemin est long, et qu’il pourra faire demi-tour au bout. Nous nous engageons. Apres flaques, flaques re-flaques, nous nous garons à côté d’une flaque. Vue sur de petits arbres, le lac est encore plus loin. L’endroit n’est pas rêvé, mais il est trop tard pour chercher mieux.

Le village de Bezidu Nou

Le lac est en fait un réservoir mis en place par le régime communiste, qui pour cela a inondé l’ancien village de Bezidu Nou. Le barrage avait été démarré en 1975, et les travaux ont été poursuivis à partir de 1988, pour finalement inonder le village en 1994 malgré la chute du régime. L’inscription sur le mémorial, que nous avons croisé juste avant, prête l’intention au dictateur Ceaușescu d’avoir fait exprès d’effacer ce village qui faisait la fierté de ses habitants pour sa mixité culturelle et religieuse. Bezidu Nou était composé de villageois de nationalités diverses, majoritairement de langue hongroise, et de différentes religions : catoliques romains, unitariens, orthodoxes, sabbatariens (groupe religieux transylvanien converti au judaïsme au 19ème siècle).

Le mémorial érigé en 1995 recense les 180 anciens habitants, et veut surtout faire de Bezidu Nou un symbole de tolérance religieuse. Source photo et infos sur Bezidu Nou : https://www.atlasobscura.com/places/flooded-village-of-bezidu-nou

J’avais préparé une soupe de fanes de radis -ne rien gâcher des légumes de Bertha- je la fais réchauffer avec quelques pains fraîchement achetés. Ça fait plaisir de changer un peu de pain. Et pendant que je couche les filles, Pierre nous prépare un riz au lait de chèvre qui embaume notre maison de voyage.

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Une réponse à “Sighişoara, la Carcassonne de Roumanie”

  1. Avatar de creusoise
    creusoise

    ça fait du bien de vous voir reprendre “des couleurs” !
    profitez bien de votre liberté

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