Un pied à Thessalonique

Lundi 2 mars 2020. J235. Météores, Grèce. Il y a des jours, comme ça, où les dieux du voyage regardent ailleurs. La journée devait être sympa, pourtant. Spot sympa, grand beau, deux heures de route entrecoupées d’une pause courses. Et plage pour terminer la journée.
Mais. Le petit déjeuner commence mal. L’école continue mal. Nous prenons la route plus tard que prévu. Et nous découvrons qu’aujourd’hui est un jour férié. Laisse tomber les courses… Tant pis, nous arriverons plus vite à la mer. Oui. Mais.
Mais le spot prévu à Nei Pori n’est pas top. Les camions sont tanqués derrière la dune, pas de vue sur la mer. Et l’endroit n’est pas propre. Quand ça veut pas… J’avoue qu’en cette fin de journée, j’ai le moral dans les chaussettes.

La soirée-anniversaire de Séverine

Heureusement. Heureusement, il y a les amis. Les @5abord d’abord qui nous rejoignent. Puis les @VertVanLife que nous retrouvons ce soir. Séverine fête son anniversaire aujourd’hui et nous a dégoté tout ce qu’il faut pour faire un Chili con carne. Et puis les enfants avaient préparé un spectacle la dernière fois qu’ils s’étaient vus. Ils partent immédiatement à la plage faire leurs répétitions. Nous, nous préparons le campement en sortant quelques tables et quelques verres.

Et puis c’est l’heure du spectacle. Des jeux olympiques où trois athlètes s’affrontent. Charlotte, Lison et Tom. Les trois athlètes viennent de trois villes différentes, Olympie, Sparte et Athènes. Comme les vrais jeux antiques. D’abord, il y a lancer de disque. Puis lutte. Tom est galant, il laisse habilement gagner les filles. Lison est à cheval sur les règles. D’abord parce qu’elle n’aime pas l’injustice. Mais aussi parce que ce matin, elle a fait sa fiche découverte sur les jeux olympiques de l’antiquité grecque. Alors elle est calée. Mais leur affaire tourne mal. Capucine la bohème est maître de cérémonie et juge. On ne peut pas être bohème et juge. Et voilà qu’elle ne fait pas respecter les règles aussi bien que Lison l’avait prévu. Et voilà que le chiot des @VertVanLife se met à jouer avec la corde prévue pour le tir à la corde. C’est la débandade. Nous rions. Lison pleure. “Elle a triché ! Et Capucine ne fait pas respecter les règles. Et c’est pas l’heure du tir à la corde !…” Le drame stoppe le spectacle. J’essaie de consoler Lison. Et nous retournons aux camions, car près de la mer, un petit vent frais signe la fin de la journée.

Laurence colle habilement les enfants devant un jeu de Mario Kart. Et nous pouvons tranquillement cuisiner dans le petit van des aveyronnais, porte grande ouverte sur l’apéro. Ce camion est incroyable. Plus petit qu’un camping-car, mais tout aussi bien équipé, très ergonomique et en plus très beau. Benjamin l’a construit lui-même. On lui a donné un vieux Mercedes il y a neuf ans. Il a d’abord retapé la mécanique avant de s’attaquer à l’aménagement intérieur. Dans les moindres détails, tout est fait à la perfection. Très ingénieux. Et très agréable à pratiquer. Bon, je leur prête tout de même ma grosse popote, les leurs sont trop petites. Avec Séverine, nous cuisinons à quatre mains.

La soirée se passe ainsi. Les enfants mangent ensemble et sont autonomes. À l’heure de coucher Marcel, Capucine prend tout le monde à jouer dans notre camping car. Et les mamans peuvent continuer à papoter tranquillement pendant que les pères ont sorti la pétanque. Oui, la pétanque en cette nuit du 2 mars 2020. On n’est pas bien en voyage ?

Mardi 3 mars 2020. J236. Thessalonique. Ce n’était pas une ville au programme, non. Réputée pour son urbanisation affreuse pour les yeux et hasardeuse pour les gros véhicules. Mais la ville a quelques arguments. D’abord, une librairie française. Oui, Capucine est toujours en train de lire et relire les mêmes livres, elle a besoin de pages fraîches. Et Pierre aussi. Et puis j’y ai dégoté une petite boutique de beaux-arts car je commence à être à sec de certains pigments. Cela nous donne subitement beaucoup envie d’aller nous aventurer dans la seconde ville de Grèce. Allez, chauffeur, courage.

Et puis qu’hier aprèm a été morose, aujourd’hui sera rose ! Moi, je me lève avec la ferme intention d’être joyeuse et tant pis pour les grincheuses. D’abord, il faut résister aux habituelles bisbilles du matin, mais ça va, aujourd’hui on tient le coup. Lison part faire l’école dans le camping car d’à côté. Excellente idée. Et Capucine est motivée. Elle veut nous prouver qu’hier n’était pas une fatalité. Elle s’enferme derrière les rideaux de son lit, sa nouvelle salle de classe depuis peu. Solène trainasse. Ma limace n’a pas envie de faire d’effort ce matin. Laissons-la rêvasser.

Pierre et moi nous nous retrouvons vite seuls avec notre petite vaisselle. Et comme le frigidaire est presque vide (souvenez-vous hier, chercher à faire des courses un jour férié, c’est continuer son chemin le frigo vide…) Hé bien puisqu’aujourd’hui est déclaré jour positif, profitons-en pour lui offrir un petit nettoyage de printemps. (Et ce n’est pas du luxe…) Voilà, à 10h tout est propre et nous sirotons notre café au soleil du matin en attendant que l’école se fasse toute seule. Parfait.

Lison sort du camping car des voisins, nous la faisons embarquer dans le nôtre. Non, pas quand même. Elle râle, elle a besoin de courir sur la plage. Ok. Va. On termine de tout ranger. Aujourd’hui comme hier chaque équipage ira à son rythme et vaquera à ses occupations. RDV ce soir sur un spot choisi ensemble, au sud de Thessalonique. Ciao les amis. Nous sommes les premiers à décoller.

Thessalonique

Thessalonique n’est finalement pas si terrible que ça pour les gros gabarits. Après avoir fait l’Angleterre à l’envers, l’Ecosse à une seule voie, l’Irlande en sous-marin, l’Italie à l’impro et l’Albanie façon “artiste”, plus rien ne fait peur à Pierre.

Nous trouvons facilement à nous garer, en poussant quelques branches de pin, c’est payant mais nous sommes au centre, à 15 minutes de marche de la librairie au sud et 15 minutes de marche de la boutique de beaux-arts au nord. Bref, parfait. Sauf que… Ici, la pause de midi est prise entre 14h30 et 17h30. Si si. Il est 13h45. Viiiiiiiite. J’attache Solène dans le sac à Solène, elle s’endort, et nous marchons comme des spartiates. Nous n’avons pas encore mangé, bien entendu, la faim de livres est plus forte. Et nous arrivons vite à la librairie de l’institut français. Ouf, mission réussie.

Dealer de livres en français

Nous avons donné des consignes, deux livres max par personne. Nous dépensons déjà bien trop en livres. Capucine se fait une grosse pile de présélection, et arrive à n’en sélectionner que deux. Chapeau. Lison fait son choix. Pierre aussi. Et moi aussi tiens. En Carapate, je lis beaucoup moins que d’habitude, normal, j’écris. Nous sommes rassasiés.

Carême façon orthodoxe

Le sac à dos plein, il nous faut vraiment remplir nos panses maintenant. Nous prenons la direction de la boutique de beaux-arts en cherchant un gyros, un sandwich, quelque chose, n’importe quoi. Une pâtisserie… Hummmm les trucs bizarres pleins de sucre. Prenons-en quelques-uns pour partager ce soir avec les amis. Je demande en anglais, le vendeur me répond en français… Il est toujours aussi horrible mon accent ?

Ce vendeur est très attentionné, il prend le temps de nous expliquer qu’en ce moment, les pâtisseries se remplissent de gâteaux de Carême. Car pour les orthodoxes, le Carême invite à se priver d’œufs et de produits laitiers. Difficile pour un pâtissier. Alors voilà pourquoi fleurissent en vitrine toutes sortes de spécialités intrigantes. Essayons celle-ci, celle-ci et celle-là. Le vendeur nous en fait goûter d’autres, je crois qu’il pense que l’on est capable d’acheter tous ses produits. Non, on est affamés mais quand même.

En face, une boulangerie. Sauvés. Derrière, la mer. Dans cette partie sud du centre ville, le front de mer est aménagé d’une grande promenade très large et agréable. Ce sera parfait pour avaler notre graillou. Sur l’esplanade, des trombes d’eau en métal et quelques parapluies volants. Irrésistibles pour notre acrobate rose fushia.

Et plus loin la statue d’Alexandre le Grand. La tour blanche, reste du mur d’enceinte de la ville de l’époque des attaques ottomanes, et le bateau d’Ulysse, carrément ! Cette partie de la ville est agréable à parcourir. Puis nous arrivons sur une partie certainement plus ancienne du front de mer. Une étroite promenade divisée en deux pour faire place à la piste cyclable, une façade de vieux immeubles investis au rez-de-chaussée de restaurants branchés, et entre les deux, une route très passante. Impossible de se promener sereinement. D’ailleurs, nous devons bifurquer dans le centre, nous dit Google.

Une très bonne glace en guise de dessert à l’heure du goûter. Économiques, les décalages. Et nous arrivons à la boutique de beaux-arts. Un peu décevante. Je voulais une nouvelle palette, il n’y a pas mon bonheur. Je prends quatre godets de bonne facture avec les couleurs qu’il me manque, et complète de quelques bidouilles, crayon, gomme, pinceaux… Pas si mal. Et pas cher de surcroît. Rentrons, la journée n’est pas finie, il faut quand même arriver à le remplir ce frigidaire…

Au spot ce soir, le long camping-car de Michel ne passe pas l’entrée un peu biscornue du parking du lac. Alors notre campement de manouches s’installe sur le terrain vague d’à côté, entre de grosses poubelles et quelques cadavres de bagnoles. On n’a jamais fait aussi moche comme spot. Mais l’avantage, quand on est plusieurs, c’est qu’on s’installe en triangle et qu’on ne voit pas les alentours. Et puis il fait nuit de toute façon. Dans la cour commune, nous installons les tables et les chaises et nous partageons les 14 gyros tout chauds que Laurence nous a ramenés. Moi, je sors ma boîte de pâtisseries au miel et à l’huile. Nous ferons notre carême catholique un autre jour.

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