Tisza renversante

Mercredi 4 août 2021. Hongrie. 6h. L’heure du chat. Basile se faufile encore dans le lit des filles pour leur croquer les pieds. Une vraie passion. Il a dû faire le lien entre réveil et libre promenade matinale. Nous lui ouvrons la porte pour qu’il fasse sa vie de chat. Il sort, renifle, chasse, et rentre faire sagement sa crotte dans sa litière. Ce chat n’a rien compris à la vanlife.

Plaine inondable de Tiszavirág

Avant d’atteindre vraiment le cœur du parc naturel de Hortobágyi, nous rejoignons les rives de la Tisza pour une promenade sur un sentier naturaliste recommandé par nos amis hongrois. Il faut traverser la rivière pour rejoindre une île au cœur d’une large zone marécageuse et inondable. L’endroit, inhabitable pour l’homme, est le paradis des oiseaux, une réserve réputée pour une espèces d’éphémères rarissime. Au petit port, des visiteurs en pantalons et manches longues s’aspergent de spray anti-moustique. Il faut savoir être observateur quand on est voyageur. Les filles ont ordre de s’habiller malgré la chaleur, elles ne rechignent absolument pas.

Sentier d’interprétation

L’exploration commence donc par une traversée en barque. Puis l’attaque des moustiques commence. Nous sommes nous aussi recouverts d’anti-moustique et tant que nous marchons, ils n’arrivent pas trop à nous attraper. Nous marchons. Un jeu d’enfant en forme de moustiques géants. Ils ont osé. En chemin une barque et deux rangées de bottes nous attendent. Il faut les enfiler pour explorer un bout de marécage de l’autre côté d’un petit marais. Nous étions prévenus, Solène a déjà ses petites bottes. Il ne nous reste plus qu’à glisser nos pieds dans les tailles 41, 42 ou 43. “T’inquiète, ça ira Maman !”.

La Hongrie, c’est flou !

La troupe s’installe dans la barque qu’il faut faire avancer en tirant sur une corde. “C’est moi qui fait, c’est moi qui fait” se disputent les filles. “Reculez, je voudrais prendre ces petites fleurs en photos !” je demande par dessus bord. Dans cette cacophonie, j’entends soudain une énorme plouf. Réflexe de Maman, je regarde mes plus petites, elles sont bien devant moi, c’est Pierre qui a fait une roulade arrière dans l’eau. Il en ressort immédiatement, s’accroche à la barque et remonte à bord. Son chapeau flotte plus loin. Un groupe de mamies regarde la scène, éberluées, nous signalant qu’il faut vite récupérer ce pauvre chapeau. Avec Pierre, nous nous regardons. Le chapeau n’est pas notre priorité, il vient de perdre ses lunettes. Ses belles lunettes en bois. Sa seconde paire est en France. Pierre étant myope pas qu’un peu, c’est vraiment un problème pour nous. Voyager dans le flou, ce n’est pas cool. Mais devant l’insistance de la foule en délire, il faut sauver le chapeau. Une mamie prend les choses en main et tire notre corde de travers jusqu’à l’objet. Nous sommes saufs. Nous poursuivons le bilan de la chute. Le téléphone ? Dans le camping-car. Ouf. Les clefs ? Sont restée dans les poches. Ouf ouf. Les papiers ? Mouillés. Mais les pages des passeports sont plastifiées, elles tiendront le coup. Les deux pauvres feuilles papier de nos pass sanitaire ? Trempées. De toute façon, personne ne les demande. Elles sècheront sous le pare-brise, au moins tout le monde verra nos fiers vaccins. Les jumelles ? Nickel. Les bananes du goûter ? Parfait. Il n’y a plus qu’un Papa trempé à faire sécher. Nous pouvons rigoler de l’acrobatie renversante.

Tout est possible

Très vite nous gambergeons pour ce vrai problème de lunettes. Un message à nos amis. “Y aurait-il un opticien par chez vous qui pourrait nous dépanner ?” Niki appelle immédiatement tous les opticiens de sa ville, Debrecen, où nous devons les retrouver demain. Après mille et un appels, l’un nous promet pouvoir avoir les bons verres demain, pourvu que la commande soit passée aujourd’hui. Bien organisés de notre voyage de l’an passé, nous avons gardé dans notre téléphone la correction précise. La commande est passée, Pierre ira demain matin choisir ses montures. “On trouve toujours une solution à tout en Hongrie !” Nous dit Niki. Magicienne.

Exploration du marécage

Pendant qu’elle remuait ciel et terre pour nous, l’exploration des marais devait commencer. Un peu de boue, une petite flaque. “Maman, regarde comme je m’enfonce !” s’amuse Capucine en passant précisément au milieu de la flaque. “Reste sur les bords” lui répond sa rabat-joie de Maman qui a assez d’exploit à gérer pour aujourd’hui. Évidemment, la Capucine n’écoute que son envie et retrouve vite ses grandes bottes taille 43 piégées sous une épaisse couche de boue gluante. Rigolade et sueurs froides. Pierre tire les bottes et sauve l’affaire. Solène elle, pige vite que ses petites bottes n’ont pas la même hauteur et qu’elle pourrait se retrouver dans la boue jusqu’à la taille. Alors nous rasons les bords quitte à se frayer un chemin dans la jungle. Quand il y a trop d’eau, les concepteurs de ce chemin magique ont eu la gentillesse de nous installer deux petites planches au milieu. Quand elles ne sont pas elles-mêmes immergées. Nous voulions explorer un marécage ? Nous nous en souviendrons.

Retraversée de marais dans une autre barque à corde. Le sentier continue jusqu’au lac du milieu de l’île. Petit paradis sur terre. Ici aussi des barques sont à disposition. Avec des rames cette fois. Nous ne sommes pas rancuniers, nous embarquons. Les lotus rayonnent de lumière.

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Une réponse à “Tisza renversante”

  1. Avatar de creusoise
    creusoise

    ah ah , ce ne sont pas les filles qu’il fallait garder à l’oeil mais le papa !
    Bon, j’espère qu’il a pu récupérer des lunettes à sa vue !

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