Voyager et travailler

Lundi 16 août 2021. Golavabuka, Slovénie. 7h30, nous sommes chez Irma pour le petit déjeuner. Fromage, charcuterie, confitures maison et pain maison. Ça nous change, nous nous sentons chouchoutés. 8h30, Pierre est installé dans son bureau de voyage, c’est-à-dire dans le salon du camping-car. Nous avions déjà fait une semaine de télétravail dans l’Emile-Pat chez des amis pendant les vacances de printemps. Le WiFi est correct. Pierre s’enferme. Nous avons interdiction de rentrer.
À la demande générale, les filles ne veulent surtout pas que je les entraîne dans une quelconque balade. Elles veulent rester ici et surtout ne rien faire. Je m’adapte. J’ai ce projet de dessin que je laisse traîner depuis longtemps. C’est le moment de m’y consacrer.

A la ferme

Très vite, ces nouilles de filles s’ennuient. Pour une fois, je ne leur propose rien. Je les laisse s’ennuyer. C’est important aussi pour un enfant de s’ennuyer. Elles trouvent quelques petites activités. Dessin, peinture, lecture, bricolage d’épée et de sifflet. L’une se taille le doigt, sans gravité. L’autre se chamaille, part bouder dans les dortoirs et s’y endort. Pause déjeuner sur les tables extérieures de la ferme. Pierre repart à son travail. Je me remets à mes dessins. Les filles se remettent à s’ennuyer et à créer. Le temps passe vite. Il était bon de ne rien faire. Et j’ai terminé ce projet que j’avais en tête depuis un an. Merci le voyage.

17h, nous levons le camp vers le prochain spot qui répond aux trois critères : autorisé, frais, et bien connecté. Nous avons trouvé un éco-camping dans la forêt. L’idée nous plaisait bien. Juste une heure de route de vallée. Arrivées, l’endroit ne nous plaît plus autant. Il y a vraiment beaucoup de monde et de chiens. Le camping est écologique mais pas économique. 65€ la nuit… On est cinq et même le chat paie sa place. Quand on a l’habitude de ne rien payer, on est forcément déçu. À ce prix là, ça ne vaut pas le coup de travailler en voyageant. C’est décidé, nous allons ajouter une difficulté supplémentaire à nos recherches de spot. Il faudra désormais qu’ils soient autorisés, frais, bien connecté et gratuit (ou pas trop cher). Nous repérons un spot pour demain. Il n’est pas gratuit mais pas cher, pas sûres d’avoir la 4G, mais à côté d’un lieu mythique de la Slovénie, un gros point cœur sur notre carte, le haut plateau de Velika.

Au camping

Pour l’heure, après avoir esquivé le schnaps de bienvenue pour l’une, et la glace à l’huile de courge, pour les autres, nous nous installons. Il y a une grande cuisine d’extérieur commune alors quitte à payer ce prix, on va utiliser allègrement les gazinières mises à disposition. Repas, pain, gâteaux, fruits secs grillés. Mon four Omnia tournera à plein régime pendant ces deux jours. Quand à nos voisins de tablées, ils sont tous germanophones ou presque. Les filles se régalent de découvrir les jeux à disposition, dont des échasses, une première pour Lison, et un badminton où elle passera beaucoup de temps avec un garçon français. Plus loin, les filles trouvent une portée de chatons tout petits. La douche “écolo” se fait dans des cabanes en bois les pieds sur des galets. Trop chouette. Basile, lui, visite méthodiquement tous les véhicules alentours et toutes les tentes. Il salue leurs occupants.  Hérisse les poils quand un chien passe par là. Chipe une croquette pour chien en passant. À l’aise.

Au jeux d’enfants

Mardi 17 août. Le boulanger passe à 9h, bien trop tard pour notre petit déjeuner de travailleurs. Et puis mon pain chaud à moi est très bien aussi. À 11h, nous devons libérer notre emplacement. Pierre part se stationner sur le parking juste devant l’entrée. Comme il pleut, je passe ma matinée à la cuisine collective. J’avais à l’origine prévu de passer la journée à la rivière, mais le mauvais temps nous en dissuade toutes. Nous profiterons de cet après-midi pour refaire un stock de nourriture. À 15h, la corvée courses est terminée, on fait quoi maintenant ? Pierre nous dépose près d’un jeu d’enfant, lui continue à travailler tranquillement, moi… Je sèche. À part ce parc enfermé entre quatre grilles, je ne sais pas quoi faire. J’avoue que cette journée est mal organisée. On n’est pas encore des pro du concept “télétravailler en voyageant”. Les filles ne se plaignent pas. Capucine écrit son livre pendant des heures. Les petites jouent sans cesse. Moi, j’attends 17h30 un peu lasse.

En montagne

À l’heure dite, Pierre vient nous libérer. You hou ! Direction Velika Planina, enfin ! Au fur et à mesure que notre route monte dans la montagne, nous scrutons les barres réseau de nos téléphones. Au col, il y a une bonne 4G, ouf. Voyons plus haut. Au parking de départ de randonnée, la 4G est à “3 barres”. “Ça devrait aller” estime Pierre. You hou ! Un spot comme on les aime, et compatible avec l’exigence du télétravail, on a réussi ! L’emplacement est normalement payant, 20€ les 24h, et le panneau explique en slovène qu’il faut envoyer un SMS pour payer, mais tu dois avoir un forfait slovène… Trop compliqué pour nous, on verra bien si quelqu’un vient nous demander quelque chose. En attendant, Basile retrouve ses instincts de chat sauvage et les filles ouvrent une boutique de baguettes magiques. Nous sommes au milieu des sapins. Nous avons retrouvé notre vraie nature.

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