Douces couleurs de Trieste

Lundi 22 août 2022. Balatonszárszó, Hongrie. Journée pluvieuse, journée de route. Nous quittons la plaine de Hongrie pour  les montagnes de Slovénie, toujours aussi pluvieuses. Mais tellement belles. Notre objectif du jour était de visiter Ptuj. Un peu pour le plaisir de son nom, prononcez “Ptouille”, aussi car c’est la ville la plus ancienne de Slovénie et qu’elle possède plusieurs vestiges de l’époque romaine. En plus, c’est ce fameux empereur Trajan qui lui a donné son nom, “Poetovia” en latin.

Escale à Ptuj, Slovénie

À notre arrivée, une accalmie nous permet de rejoindre le centre ville, juste le temps d’atteindre le monument d’Orphée, il se remet à pleuvoir. Abrités, nous pouvons quand même le regarder et lire son histoire.

C’est une stèle commémorative datant de l’époque romaine, en l’honneur du maire de la ville, Marcus Valerius Verus, quel drôle de nom lui aussi. Les bas-reliefs représentent Orphée jouant de la lyre aux animaux sauvages pour charmer Hadès, le Dieu des enfers, et obtenir de lui la libération de sa femme Euridice. Le monument n’a pas bougé, il domine la place depuis 1800 ans.

Puisqu’il pleut, nous sommes donc contraints à nous réfugier dans un joli petit café. Un dessert pris, la pluie n’a pas cessé. Nous rentrons au camping-car en courant comme des fous.

Journée pluvieuse, journée de route. Nous poursuivons la traversée des montagnes percées de tunnels. Nous nous arrêtons auprès d’un méandre de rivière. La pluie a enfin cessé.

L’endroit pourrait facilement être classé dans la catégorie des spots de rêve. Basile est tout fou, il court partout, à travers le champ d’herbes hautes, dans les arbres,… Sa clochette tintine à tout va. Les filles jouent à la rivière évidemment et moi je pars, je vais marcher juste pour me dépenser et pour profiter des beaux paysages slovènes. Douces couleurs de fin du jour.

De la consoude ! Génial ! Nous avons nos légumes pour ce soir. Nous adorons manger cette plante sauvage. Trempée dans de la pâte à crêpe et poêlée, elle a un petit goût de poisson pané. En plus, j’avais justement un petit reste de pâte à crêpes dans le frigidaire !

Mardi 23 août 2022. Planina, Slovénie. Bing bam boum. Lison et Solène se lèvent. Elles retournent jouer à la rivière en chuchotant. Elles pensent être discrètes. Elles doivent poursuivre leurs installations, elles ont fabriqué dans l’arbre un self-service pour nids d’oiseaux. Brindilles, mousse, boue, touffes de cheveux et poils de chat, vous pouvez trouver tout ce qu’il vous faut pour construire votre nid.

Trieste, Italie

Ce matin nous n’avons qu’une heure de route pour atteindre Trieste. Nous arrivons vite dans la ville italienne. Le changement d’ambiance est total par rapport à la Slovénie si propre et si sage. Rues escarpées, scooters qui filent dans tous les sens, voitures garées partout. Pierre arrive à se frayer un chemin jusqu’à notre parking juste aux pieds du château, juste au dessus des escaliers qui plongent dans la ville, dans le quartier Borgo Teresiano, celui construit par l’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche.

Déambulation en couleurs

Rues piétonnes, hauts immeubles et larges terrasses. Ce qui me touche en premier, ce sont ces façades, richement ornementées. On reconnaît bien le style des villes vénitiennes, tout en élégance et en m’as-tu-vu. Elles sont roses, jaunes, ocre ou rouge. C’est tellement beau. L’histoire de Trieste est complexe et prestigieuse. La ville fut longtemps le principal débouché méditerranéen du Saint-Empire romain-germanique puis le seul débouché maritime de l’Empire austro-hongrois avant son rattachement à l’Italie. Sa position au carrefour des trois mondes latin/italien, germanique/autrichien et slave/slovène et croate, lui a forgé une culture et des traditions très particulières par rapport au reste de l’Italie. Toute la ville porte la trace d’avoir été un des poumons portuaires de l’Europe. Les larges avenues sont rectilignes, les immeubles cossus,… Un mélange d’influences avec une superposition des styles baroque, empire, néoclassique, art nouveau.

Autour du grand canal, nous trouvons donc une imposante église catholique à deux pas d’une cathédrale orthodoxe serbe. Et un magnifique petit marché comme on aime. “Uva per favore.” nous craquons sur de jolis raisins roses et oranges, comme les façades, à grignoter juste comme ça.

Rattachement de Trieste à l’Italie

Le quai. La mer Adriatique. La place de l’unité nationale. Le territoire de Triestre est officiellement italien que depuis 1954. Plusieurs panneaux de ville expliquent ce moment de son histoire. À l’issue de la première guerre mondiale qui aboutit à la dislocation de l’Autriche-Hongrie, Trieste est également revendiquée par l’Italie et le royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes (future Yougoslavie). Le traité de Londres de 1915 la donne à l’Italie. Son port périclite, la ville est sinistrée, elle sert de base à la naissance du Parti national fasciste. Pendant la seconde guerre mondiale, la ville est occupée par l’Allemagne nazie qui y crée un camp d’extermination, la Risiera di San Sabba. Le 1er mai 1945, les partisans communistes de Tito (armée yougoslave) entrent à Trieste aux cris de “Trst je naš”, « Trieste est à nous ». Ils y restent 40 jours et, sous l’œil désapprobateur des Alliés, supervisent le « massacres des foibe », une épuration sanglante de la société triestine. Les fascistes sont systématiquement exécutés, ainsi que leurs familles et de nombreux autres Italiens refusant que Trieste ne passe à la Yougoslavie. En 1947, le traité de Paris crée un « Territoire libre de Trieste » sous contrôle de l’ONU et par un accord de 1954, le territoire est partagé entre l’Italie et la Yougoslavie. Cette dernière ne le reconnaîtra définitivement qu’en 1977. L’entrée dans l’UE, puis dans Schengen, de la Slovénie et de la Croatie a ouvert les frontières et rendu définitivement caduc ces traités. Lente marche vers la paix et la liberté.

Eglise San Giusto

Nous, nous marchons vers notre déjeuner. Nous trouvons une très bonne pizzeria et fait rare et notable, les filles finissent complètement leurs assiettes. Une très bonne glace aussi, nous reprenons nos déambulations en direction du camping-car, remontons la colline par les ruelles de la vielle ville et tombons sur la cathédrale catholique de San Giusto, qui est une basilique paléochrétienne dont à subsisté  la nef centrale longée de deux rangées de colonnes byzantine, ainsi qu’une magnifique mosaïque du XIIe siècle.

À Trieste nous avons retrouvé le soleil et la chaleur de l’été. La route de l’après-midi sera assez désagréable mais heureusement nous ne roulons que deux heures.

Un spot avant Vérone, près d’un lac qui n’est malheureusement pas baignable. Nous ne sommes pas les seuls à spoter sur ce  parking enherbé et ombragé, cinq ou six vans et camping-car s’installent après nous, ça ressemble à un véritable camping.

Lison et Solène cueillent des roseaux pour s’en faire des habits, Lison prépare le couronnement de la reine Gama, reine de la nature. Elles dansent des danses tribales. Elles sont tellement drôles.

Mosaïques en église

L’église San Giusto nous remémore les incontournables églises byzantines de Ravenne.

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