Bruxelles, ses bulles et ses institutions

Vendredi 12 juillet 2019. J12. Nous avons passé une nuit en musique sur notre esplanade. Au matin, la police et la fourrière s’activent pour libérer le centre de la place du cinquantenaire. Un événement se prépare mais personne n’est capable de nous expliquer quoi. On verra ce soir.

Nous déjeunons en regardant passer les travailleurs en costume-cravate-vélo et petit casque sur la tête. Ils sont amusants avec leurs attachés-case dans leur petit panier. Et ils sont très nombreux. Le parc du cinquantenaire dans lequel nous sommes garés amène au quartier des institutions et c’est une véritable autoroute à vélo. Plus loin, un compteur de vélos qui passe dénombre près de 2000 vélos passés par la rue de la loi ce matin, 700 000 depuis le début de l’année.

Comme tous les matins depuis notre départ, Solène nous demande : “Ça y est, la Carapate elle a commencé ?” Solène nous parle souvent du temps qui passe, pour elle “hier” signifie “quelque part dans le passé”. Quelque part dans le passé, donc, pendant les deux semaines avant le départ, nous lui expliquions que la Carapate allait commencer, que nous allions changer de maison, que nous allions arrêter de travailler pour être tout le temps avec nos enfants. Elle semblait sereine et heureuse à cette idée. Et depuis que nous sommes partis, elle nous demande confirmation régulièrement que la Carapate a bien démarré. Hier soir, quand elle me demandait si on allait rentrer à la maison, je lui répondais que oui, en précisant qu’on était en train de rentrer au camping-car. Et la petite de me rétorquer : “Oui, je dis maison parce que maintenant, Émile-Pat c’est notre maison !”

Solène va bien.

Donc Bruxelles aujourd’hui ! Nous avions tous hâte de découvrir cette ville, un peu capitale de l’Europe, et surtout un peu loufoque avec son manneken-pis, ses fresques géantes de BD et Magritte, son célèbre peintre surréaliste.

Manneken-pis et Jeanneke-pis, voir plus…

Tout le monde connaît le manneken-pis, le “môme qui pisse”. “La Petite Jeanne” quant à elle est beaucoup moins célèbre. Située au fond de l’impasse de la fidélité (ça ne s’invente pas…), elle est toute mignonne.

Lison était très curieuse de ces mômes qui pissent, elle nous en parle depuis plusieurs jours. Elle trouve génial que des adultes aient installé une fontaine en forme d’enfants qui font pipi, alors que ses propres parents tentent de lui apprendre la pudeur,… Et puis elle est malheureusement encore un peu dans l’âge où on rigole bêtement à prononcer les mots pipi, caca,… Arrivés devant Manneken-pis, quelle déception ! D’abord il est tout petit, et en plus il est habillé. Elle voulait le voir tout nu… Heureusement, plus loin une boutique de gaufres pour touristes arbore un grand et beau maneken-pis en chocolat devant un incroyable étalage de gaufres garnies. Lison sèche ses larmes et se leche les babines.

Quartier européen

Depuis le parc du cinquantenaire, nous avions rejoint le centre ville en traversant l’affreux quartier des institutions. Affreux car il se résume en une succession de plus ou moins vieux bâtiments de bureaux autour d’un boulevard bruyant et d’étroits trottoirs. Mais commencer la journée à Bruxelles en passant devant le bâtiment de la Commission européenne, en ce tout début de voyage, c’est quand même une chouette entrée en matière. Les Bruxellois n’aiment pas ce quartier. Ils n’aiment pas entendre dans les médias “Bruxelles a fait ça, Bruxelles a dit ça…” alors qu’il s’agit de l’institution Union Européenne, pas de leur ville. Le quartier, on le comprend mieux lorsque l’on sait comment il s’est construit. Ou plutôt, comment il ne s’est pas vraiment construit. En 1954, lors de la création de la CECA, la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier qui préfigurera à la création plus tard de l’UE, la question du siège de son installation a été posée. Question délicate. Pour ne froisser personne à l’époque, il avait été décidé que l’institution siègerait de manière tournante dans les capitales européennes. Bruxelles étant en début d’alphabet, elle s’est d’abord installée là. Et une fois installée, le sujet de sa localisation n’a plus été prioritaire. La question délicate n’a plus été posée. Au fil des années, les institutions se sont développées ici, pas à pas, sans plan ni projet global. Rasant quelques immeubles bourgeois à l’abandon pour créer des plateaux de bureaux sans charme. L’institution européenne, qui n’a finalement que soixante ans, ne possède pas des installations qui expriment, par la pierre, son projet. Comme si beaucoup de choses était encore à construire.

La Commission européenne est l’une des principales institutions de l’Union européenne, avec le Conseil de l’union européenne (qui rassemble les ministres des états membres), le Parlement européen (les euro-députés) et le Conseil européen (Les chefs d’état et de gouvernements). La commission est composée d’un commissaire européen par état membre, soit 28 commissaires. Elle propose les lois communautaires et veille à leur mise en œuvre. Allez expliquer à quoi sert l’institution à deux minettes de 7 et 9 ans… Hé bien on simplifie, on utilise des mots qu’elles connaissent et on leur explique. Bon, il faudra tout de même y revenir avec quelques schémas sur une fiche-découverte, mais on ne pouvait pas passer à Bruxelles sans leur parler de l’Union européenne. Plus loin, nous croisons le bâtiment de l’ONU. Lison : “Et ça, c’est quoi ?” Parents perplexes. Encore une réponse difficile à trouver pour qu’elle comprenne. Alors on s’arrête, on s’applique et on explique. Trésor de pédagogie.

Centre belge de la bande-dessinée

Mais notre objectif de la journée était le Centre Belge de la BD. Installé dans un ancien et très beau marché art nouveau dessiné par Victor Horta, un célèbre architecte belge, il revient sur l’histoire de la BD et montre les différentes étapes de création en exposant quelques très belles planches. Chouette visite, mais ce que l’on a le plus aimé a été la bibliothèque ! Un petit espace rempli de BD et de coussins par terre. Chacun avec son bouquin, on y a passé plus d’une heure !

De retour à l’Emile-Pat, mauvaise surprise. Un merveilleux rassemblement visiblement dénommé POG, s’est installé sur notre esplanade : un rassemblement de tuning… Génial ! Gros moteurs qui pètent, grosses baffles et techno à fond, population… Tout à fait de notre goût, on adore. Mais ce soir nous avons un RDV, alors on s’échappe de là.

Jouer à la pétanque avec un copain belgo-polonais-espagnol

Ce soir, nous avons rendez-vous avec Justyna et Manuel, des amis de Niki et Roland qui habitent à Bruxelles. Lui, est espagnol et elle est polonaise et se sont rencontrés à Rodez alors qu’ils étaient étudiants Erasmus ! Vive l’Europe ! Ils ont deux enfants, Bruno 7 ans et Lara 20 mois, ho joie pour nos filles contentes de jouer avec des enfants francophones ! Manuel nous propose de pique-niquer dans le parc du cinquantenaire, non loin du terrain de boules. Alors pendant que les parents papotent, les enfants regardent les joueurs de boules, les commentent,… Puis finissent par s’en faire prêter ! Ils sont amusants de loin à faire leurs règles.

Avec Justyna et Manuel, nous parlons de nos visites du jour. Nous n’avons pas trouvé la ville très belle à première approche. Le quartier des institutions d’abord, la grande place nous ne l’avons pas beaucoup vue parce que toutes les installations du tour de France étaient en train de se faire démonter, le quartier du Centre de la BD n’avait aucun charme et notre retour au cinquantenaire en bus nous a fait passer par des quartiers populaires. Manuel nous invite à ne pas rester sur cette première impression, nous n’avons simplement pas vu les quartiers sympas de la ville. Eux vivent en ville mais dans un quartier plus familial et agréable. Nous serons plus attentifs demain.

Manuel et Justyna nous parlent de leur histoire, de leur volonté de vivre en Espagne ou en France. Mais maintenant qu’ils sont installés ici avec leurs enfants, ils se sentent moins facilement mobiles. L’école de leur fils est très cosmopolite, les enfants viennent d’une très grande diversité de pays. Nous passons un très bon moment avec eux.

De retour à notre fête des voitures à paillettes, nous constatons évidemment que tous ces gens n’ont pas prévu d’aller se coucher tôt. Manuel nous recommande un autre stationnement dans un parc plus loin. À 22h, nous couchons les filles et déplaçons notre maison sur roues.

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