Tavolara, l’île qui touche le ciel

Lundi 25 novembre 2019. J148. Oschiri, Sardaigne. Franchement, cette nouvelle journée s’annonçait bien pourrie. Il a plu toute la nuit. Et nous avons la batterie auxiliaire complètement à plat depuis hier soir. Pas de lumière, pas de chauffage, pas d’eau… Ça ne reviendra pas tant qu’il n’y aura pas un brin de soleil. Et aujourd’hui, il n’y aura pas un brin de soleil sur toute la Sardaigne.

D’habitude, ça ne nous contrarie pas d’avoir à se débrouiller et se contenter de peu, mais vraiment, maintenant nous en avons marre. Il faut réparer cette batterie. Google me dit qu’il y a des “électromécaniciens” à Olbia, la grande ville d’à côté. J’affûte mon anglais et appelle. Ils peuvent intervenir sur les camping-car, nous pouvons passer ce matin. Parfait ! Tant pis pour les plages de sable blanc et les eaux turquoises de la Sardaigne, aujourd’hui ce sera pluie et mécanique au programme !

Altare rupestre de Santo Stefano

Avant de démarrer, Pierre veut faire un tour pour aller voir le site d’art rupestre où nous nous sommes garés hier soir. Il pleut de grosses gouttes et je n’ai pas envie d’encore tremper nos manteaux et pantalons, l’étendoir de la douche est déjà plein des jeans mouillés au Delta de l’Ebre… Je reste à l’intérieur avec Solène et Capucine. Lison veut suivre son père : bottes en caoutchouc, pantalon et manteau de ski, elle est prête. Ils partent.

Il s’agit d’un site qui a été occupé entre l’âge de bronze et le XIè siècle, comme lieu de culte et nécropole.

Avant la construction de l’église St-Stéphane, ce sont les rochers de la zone attenante qui ont été creusés pour faire des tombeaux, et sculptés.

Nous sentons pénétrer un lieu chargé d’histoire mais malgré cela la valorisation et la protection de ce patrimoine paraissent bien limités : un portail fermé, y’a juste à enjamber la cloture, et un panneau global sur l’histoire des dolmens de la région et un autre sur le site de St Stéphane en italien seulement.

Nous sommes bien seuls et empruntons au hasard les sentiers en espérant tomber sur des rochers surprise à chaque virage.

Electro-mécanicien, échec

Le garagiste est dans une petite rue d’Olbia. Heureusement, nous trouvons à nous stationner en face. Je laisse Pierre s’entretenir avec les italiens, il connaît mieux le problème. Le premier mécanicien vient avec son voltmètre et son parapluie. Il demande à Pierre de se reculer car il est garé dans une flaque. Son patron nous rejoint et ne comprend pas la manœuvre. Il se met à lui parler fort, avec de grands gestes, l’autre rétorque de plus belle, des italiens quoi. Tout ça pour ne pas se mouiller les pieds, quel sketch ! Les deux hommes testent tout et cherchent partout. La panne est constatée mais impossible de trouver la cause. La batterie moteur ne charge pas l’auxiliaire. Du coup l’auxiliaire est souvent en décharge profonde et a perdu ses capacités de stockage. Si l’on change l’auxiliaire, on ne résoudra pas le problème. Il faut inspecter le fil qui relie l’une à l’autre, mais pour cela, il faut lever le camion et ça, ce garagiste ne peut pas le faire. Abandon. Mais le problème est maintenant bien circonscrit, c’est déjà ça. Et en plus la pluie s’est arrêtée et il y a presque quelques rayons de soleil ! Marre de la mécanique, allons à la plage ! Pendant que les hommes cherchaient, nous, nous avons fait l’école et nous sommes libres. J’avais repéré une plage de rêve, mais en y regardant de plus près, elle semble bien difficile d’accès. Il est déjà midi, nous ne nous sentons pas de nous aventurer à sa recherche. Un coup d’œil sur Park4night, la plage de Porto Taverna a d’excellents commentaires. Allons-y.

Porto Taverna et royaume de Tavolara

Nous arrivons sur un joli parking de plage, entre la mer et un étang, nous sommes seuls. À l’horizon, l’incroyable île de Tavolara qui pointe au dessus des flots à la manière d’un volcan japonais. Autour de nous, les reliefs sont vallonnés, doux et ronds. Tavolara, elle, atteint brutalement les 565 mètres d’altitude. Falaises abruptes. Accident géologique. Au sommet, elle accroche les nuages qui lui font un couvre-chef de coton bleu. La lecture de l’article Wikipedia de Tavolara nous apprend son histoire toute particulière. L’île a été, depuis le milieu du XIXe siècle, le siège d’une micronation autoproclamée baptisée Royaume de Tavolara, l’un des plus petits royaume de la planète. L’histoire de la famille Bartoleoni vaut le coup d’œil.

Histoire de l’île de Tavolara

Wikipédia nous dit sur le royaume de Tavolara :

Jusqu’au milieu des années 1830, Tavolara était inhabitée. Le premier à venir s’y installer était un berger corse du nom de Giuseppe Celestino Bertoleoni Poli. En 1836, l’île fut visitée par le roi Charles-Albert de Sardaigne qui fut immédiatement frappé par l’éducation et la vivacité d’esprit de Giuseppe Bertoleoni. Le souverain sarde offrit alors Tovalara au berger et le fit roi. Ce dernier installa alors ses deux familles (il était bigame) sur l’île. Le fils de Giuseppe, Paolo, succéda à son père en 1845. Lors d’une visite à Turin, il obtient finalement du roi Victor-Emmanuel II la reconnaissance du royaume de Tavolara.

À la mort de Paolo en 1886, son fils Carlo lui succède. Le royaume de Tavolara commença alors à intéresser les grands de ce monde, puisque la reine Victoria n’hésita pas à envoyer en 1900 un photographe de sa cour, afin qu’un cliché des Bertoleoni soit réalisé, dans le but d’enrichir sa galerie de portraits des familles régnantes d’alors.

Paolo II succéda à son père en 1927 ou 1928, mais dut céder la régence à sa tante Mariangela pendant quelques années durant lesquelles Paolo était à l’étranger. À la mort de Mariangela en 1934, l’Italie se déclara héritière du royaume de Tavolara.

Paolo II qui avait nommé son cousin le prince Carlo Ernesto Geremia comme lieutenant général du royaume, revendiqua jusqu’à sa mort en 1962, la souveraineté perdue de son royaume, qui vit la même année l’installation de la station radio de l’OTAN sur son territoire.

Carlo II, son fils, continua à revendiquer le trône ;  C’est aujourd’hui son frère cadet, Antonio (dit « Tonino »), propriétaire du restaurant Da Tonino (sa sœur la princesse Maddalena possède également le restaurant voisin La Corona) qui assure, en quelque sorte, la pérennité de l’esprit monarchique de la famille Bertoleoni. En 2002, après le retour d’exil de Vittorio Emanuele, fils du dernier roi d’Italie Humbert II, Tonino fit appel à lui afin que la souveraineté du royaume de Tavolara soit de nouveau reconnue, mais en vain.

Exploration de la plage

Notre plage aussi est toute belle. Sable blanc et eau turquoise. Les vagues sont douces et fines. Elles inspirent Solène qui aujourd’hui, à envie de ne plus avoir peur des vagues. Je lui enlève chaussures et pantalon et elle coure, littéralement, le long des vagues. Elle n’a plus peur. Elle rie aux éclats et ne s’arrête plus de courir.

Après la mer, l’étang pour terminer notre balade. Une passerelle de bois le traverse et nous permet de nous rapprocher des oiseaux. Cormorans, flamants roses et autres échassiers. L’ensemble étang, mer île, est vraiment superbe.

Nous dormirons ici, en surveillant l’île d’un côté et les oiseaux de l’autre. La journée a été ensoleillée alors nous pouvons prendre une douche chaude, avant de terminer la soirée à la bougie.

Depuis quelques jours, le soir au coucher, Lison donne des cours de Rubik’s cube à quelques personnages qui habitent son imagination. C’est Jésus qui lui a fait l’honneur d’être son premier élève. Avec la Déesse Sulys-Minerve. Et elle a du succès avec ses cours. Ces derniers jours, elle a eu un appel de Zeus qui veut apprendre le Rubik’s cube. Puis Gustave Eiffel, Fernando de Magellan, Thomas Pesquet et Gifrette, la girafe de son livre de flûte. Le Gota quoi ! Quand elle ferme le rideau de son lit, le cours commence. Nous, on tend l’oreille pour écouter. Chaque manipulation de Rubik’s cube est décrite et expliquée. Jésus, qui a été son premier élève, doit faire son évaluation ce soir. Il a bien étudié, il a réussi. Il doit avoir une très bonne professeure.

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