Trois jours d’Athènes et d’amis

Samedi 22 février 2020. J236. Les uns s’en vont, d’autres passent, reviennent ou arrivent. Deux jours ponctués de rencontres. Beaucoup de voyageurs passent l’hiver en Grèce. Avec ce climat, c’est une évidence. Et grâce un peu aux réseaux, beaucoup au hasard, nous avons l’occasion de les croiser. Pour notre plus grand plaisir.

Ce samedi matin, c’est le jour du départ pour Émilie et sa marmaille. Un dernier petit déjeuner tous ensemble serrés dans l’Emile-Pat, l’ambiance est joyeuse. Nous nous embrassons, ils partent rendre le van puis prendre l’avion. L’ambiance devient morose. Comme un lourd matin gris.

En plus de n’avoir plus nos amis avec nous, aujourd’hui sera une journée école et lessive. Et shopping un peu, les filles ont tous leurs pantalons troués aux genoux. Consciencieusement, je leur donne une liste à cocher pour qu’elles s’organisent comme bon leur semble. École, douche, cheveux, ongles… avant de pouvoir faire nos achats de fringues. Erreur. À la vue de cette liste, Capucine entre dans une colère noire. Elle comptait sur la séance magasinage pour retrouver la joie perdue. Et moi je lui impose tout un tas de choses qu’elle déteste. Après une semaine d’école légère, ses angoisses liées à sa peur de ne pas pouvoir réintégrer sa classe remontent à la surface et elle explose en larmes, en cris et en mots qui blessent. Rester calme. L’accompagner. L’aider à se calmer. Oui, au début nous arrivons à rester calme. Mais ça ne l’aide pas du tout. Nous n’arrivons absolument pas à la calmer. Et puis nous aussi nous sommes pleins d’émotions qui s’affrontent dans nos cœurs, le départ des amis, la corvée lessive, la peur des rues étroites d’Athènes et du sèche linge qui sèche pas, les autres enfants qu’il faut préserver… Voilà, rester calme nous n’y arrivons pas. Après avoir vidé la tristesse de nos cœurs, Capucine arrivera à se décider à prendre sa douche. Douche salvatrice. Elle retrouve son calme. Et nous pouvons partir pour la laverie.

Pendant cette matinée explosive, Pierre a tout de même pu sortir Lison et Solène dehors pour quelques tours de draisienne et de trottinette. Hier soir tard, la famille Choupounoux nous avait rejoint sur notre stationnement. Nous étions en contact depuis plusieurs jours pour arriver à nous rencontrer. Pierre discute avec eux pendant que leur petite fille, Fleur, 2 ans et demi, se lie d’amitié avec Solène. Ils reviennent de Turquie et descendent dans le Péloponèse. Ils auraient bien invité Solène à jouer chez eux. Comme toutes les familles qui voyagent, ils ont plaisir à passer du temps avec d’autres familles. Mais malheureusement ce matin tombe mal. Je n’ai pas l’esprit disponible. Il nous faut vraiment faire cette lessive, pour retrouver du linge propre, mais aussi pour changer d’air dans l’Emile-Pat.

Le lavo-marathon

J’ai cherché absolument toutes les laveries d’Athènes pour en trouver une qui offre un stationnement facile sur un parking. Mais non, elles sont toutes coincées dans les rues étroites des quartiers populaires au bord desquelles les véhicules se garent n’importe comment. Nous choisissons donc la plus proche, et prions pour trouver une place, longue, accessible et non recouverte d’orangers aux branches basses. Ça fait beaucoup d’exigence. Heureusement, je crois que nous sommes bénis des dieux.

Après deux tours serrés dans les rues encombrées du quartier, nous trouvons. La place est longue, mais les orangers sont bas. L’Emile-Pat les pousse un peu et se gare. Ouf. La laverie n’est pas loin. Quelques dizaines de mètres. Une machine se libère rapidement, puis une deuxième. C’est parti. Les sèches linges sèchent-ils bien ? Ils sèchent !

Pierre gère l’intendance. Les filles m’aident. C’est l’avantage de l’aventure. Contrairement à la vie sédentaire, faire notre lessive arrête le voyage un instant et les enfants ont conscience qu’en participant à la corvée, nous repartirons plus vite pour de nouvelles aventures, faire du shopping en l’occurrence. Ça motive. Nous plions notre linge toutes ensemble sur les grandes tables de la laverie. Plié, trié, rangé. Il est 16h. La corvée est terminée. La journée aussi… Pierre, Lison et Solène partent tout de même faire quelques courses alimentaires, ce qui sera un bon défouloir : on court, on saute, on hume l’air du quartier.

Malgré la journée déclarée “pourrie”, un petit bonheur nous attend. Les @5abord sont sur un spot à l’extérieur d’Athènes.

Nous les retrouvons avec joie et partageons le dîner ensemble dans leur grand camping car, en deux services bien sûr.

Dimanche 23 février 2020. J237. Lever énergétique. Nous voulons être à 11h au parlement d’Athènes pour voir la relève de la garde qui se fait à cet horaire avec tout un folklore qu’il n’y a pas à d’autres moments de la journée. Le tram nous y amène directement, mais nous avons une heure de trajet. Alors il ne faut pas chômer. À 9h30, quand nous sortons du camion, Charlotte est là. Elle s’est levée la première pour jouer avec nous. Mince, nous partons. Après la semaine entière qu’ils ont passés à Athènes, les @5abord n’ont certainement pas envie d’y retourner aujourd’hui et ont prévu de buller au bord de la mer. Je propose à Laurence de prendre Charlotte avec nous pour la journée, c’est d’accord. Elle attrape une banane en guise de petit déjeuner et part avec nous.

La relève de la garde

11h45. Le tram s’arrête et le conducteur change de poste de pilotage. Étrange. Nous demandons autour de nous. Il y a des travaux sur la ligne, nous devons continuer en métro. Mince. L’imprévu nous fait perdre du temps et nous arrivons à 11h10 au Parlement, la garde est relevée. Circulez, il n’y a plus rien à voir. Bon. Café-pause. On attend la prochaine relève à midi. Nous nous installons dans le premier café venu. Les enfants dessinent. Nous dégustons un café en or massif, 2€80 le café. 11h59. C’est pas vrai, on va encore la louper ! Nous détalons du café et traversons la rue en courant. Une étrange cérémonie a pris lieu. Toujours pas de relève de la garde, mais une remise de couronne de lauriers. Plusieurs groupes d’hommes aux costumes traditionnels de toute sorte occupent la place et quelques officiels viennent déposer des couronnes sur la tombe du soldat inconnu. Une fois les six ou huit couronnes déposées, tout le monde s’en va et se mêle à la foule des badauds en un bizarre bazar. Incompréhensible. Et voilà les gardes présidentiels qui entament leur étrange danse d’automates, pieds en l’air, pompon en avant. Impénétrable.

Nous passons du temps à les regarder et à les dessiner. Ils sont amusants, impassibles, devant nos enfants concentrés à les observer sous toutes les coutures.

La vie dans l’van

Pour midi, nous avons rendez-vous avec une nouvelle famille en tour d’Europe, les @VertVanLife Une famille en van, avec deux jeunes enfants, comme nous, aveyronnaise comme nous, de Rodez comme nous, et dont les enfants parlent occitan comme nos filles. Incroyable. À vrai dire, on nous avait déjà parlé d’eux avant notre départ. Il y a plusieurs semaines, ils nous ont contacté, nous avons suivi mutuellement nos itinéraires et voilà que nous nous retrouvons à Athènes le même jour. Génial. Rdv place Monastiraki pour déjeuner ensemble. Génial, génial.

Les premiers contacts sont faciles. Nous nous suivions sur Instagram, c’est comme si nous nous connaissions déjà. Un restaurant ? Celui-ci propose de simples gyros. Avez-vous une place pour 4 adultes et 6 enfants ? Oui, si nous acceptons de mettre les enfants sur une table et les adultes sur une autre, un peu plus loin. Laisser les enfants, qui ne se connaissent pas encore, seuls sur une terrasse,… On tente ? On tente. Nous les gardons à l’œil de loin (au moins trois mètres plus loin). Sandwichs commandés, ils se débrouillent seuls, les grands aident les petits. Et les adultes n’ont jamais été aussi tranquilles pour manger et papoter. Parfait.

Conversations de voyageurs. Conversations de worldschooleurs. Conversations d’aveyronnais aussi. Nous passons un très bon moment ensemble et nous nous donnons rendez-vous pour ce soir, au spot. Demain, nous visiterons le centre de protection des tortues. Aujourd’hui, ils visitent l’Acropole que nous avons déjà vu.

J’envoie un message aux parents de Charlotte pour lui dire que tout va bien en lui racontant notre matinée. “Charlotte ne va plus vouloir revenir avec nous me répondent-ils en rigolant. Vous ne partez pas, n’est-ce pas, on vous la ramène ce soir.” Au cas où l’idée leur aurait traversé l’esprit. On sait comme c’est dur de vivre H24 avec ses enfants dans un camping-car maintenant, on aurait dû se méfier.

En ce beau dimanche après-midi, nous poursuivons nos flâneries dans les rues d’Athènes. Le marché aux cuirs. La brocante. Et puis le rocher d’Aeropagus d’où l’on se tente à dessiner le Propylé de l’Acropole et ses jeux de perspectives compliqués. Retour aux camions juste au coucher du soleil. Les parents de Charlotte sont bien là pour retrouver leur fille. Nous n’étions pas vraiment inquiets. Chacun fait l’école de son côté et nous ne nous couchons pas tard. En début de nuit, les @VertVanLife nous envoient un message “On surveille vos arrières😉”.

Lundi 24 février 2020. J238. Après les petits déjeuners dans nos petits intérieurs, tout le monde sort jouer dehors. C’est que nous sommes nombreux ce matin. Trois camions, huit enfants, six adultes et un chien, Baba, le chiot des @VertVanLife. Nous partageons le café de 10h et nos itinéraires. Les @5abord vont vers Istanbul, les @VertVanLife vers la Macédoine du Nord et nous vers la Bulgarie mais nous avons tous l’ambition d’être en Finlande avant l’été. Nous allons rester quelques jours avec les uns et certainement recroiser les autres. Pour l’heure, c’est l’heure de l’école et de la préparation des repas. Nous sonnons la fin de la recré pour tout le monde, c’est plus facile ainsi, l’effet de groupe marche bien pour faire travailler les enfants.

Centre de protection des tortues Archelon

À 13h la troupe part visiter le centre de protection des tortues. Comme à Policoro en Italie, le centre Archelon recueille et soigne les tortues blessées. Les vétérinaires sont aux soins, tandis que de jeunes bénévoles en année sabbatique ou volontariat, et de différentes nationalités, reçoivent le public pour faire un tour de présentation du centre, pédagogie et sensibilisation pour la protection des tortues en particulier et le respect de la nature en général.

Nous avons ainsi pu observer deux gigantesques tortues en soin dans leur minuscule bassin. Certaines ont des poids sur leur carapace pour les aider à s’immerger dans l’eau car elle n’ont pas facilement l’usage de leurs nageoires pour y parvenir. Notre guide nous explique que certaines tortues ont la carapace abîmée car elles auraient été vraisemblablement frappées… Par des humains ? des pêcheurs qui les considéreraient comme concurrentes ? Ils n’ont pas la réponse exacte mais les personnes du centre sont assez eberluées de l’état de certains animaux.

A la fin de la visite, nous passons en revue les bocaux dans lesquels sont stockés les fils et énormes hameçons qui ont été sortis soit par opération ou par voie naturelle du système digestif des tortues. C’est impressionnant, et cela révolte toujours autant les enfants.

Quelques courses en ville. Glyfáda est cette sorte de ville nouvelle construite d’habitations, de restaurants et de commerces. Avec Laurence nous y trouvons toutes les marques que l’on aime et profitons des dernières soldes. Je fais un stock de culottes de filles, fini les lavages à la main tous les soirs. Et un pantalon chacune. C’est dingue comme elles ont troué les genoux d’absolument tous leurs pantalons. J’ai d’abord recousu. Elles ont refait des trous à travers les pièces ajoutées. Là, je n’avais plus le choix.

Voilà l’escale d’Athènes terminée, nous reprenons la route ce soir pour hou la la, 30 minutes. C’est juste histoire de bouger. Nous trouvons un stationnement sur la pointe d’une péninsule mais la nuit est tombée, nous découvrirons le paysage demain. Les @5abord nous suivent de près. J’ai préparé le repas en les attendant et fait manger tous les enfants ensemble. Le premier service est servi, les enfants en pyjama, ils peuvent jouer tranquillement pendant que les parents mangent dans l’autre camion. C’est bien d’être à plusieurs.

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Une réponse à “Trois jours d’Athènes et d’amis”

  1. Avatar de Creusoise
    Creusoise

    Merci pour toutes ces nouvelles. … La carapate du soir me manquait …
    Super la photo des trois familles en TDM (ou plutôt TDE )

    CApucine ne stresse pas pour ton niveau ! Tu réintégreras ta classe sans soucis et tu auras mille choses à apprendre à tes camarades !

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